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L’avenir de la Sonaca, suite à la restructuration annoncée le 3 septembre 2009

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06 octobre 2009 │ Interpellation de Mme Véronique SALVI à M. le Ministre Jean-Claude MARCOURT

Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Chers Collègues,

Le dossier de la Sonaca, de ses difficultés et de ses restructurations, est un dossier qui semble hélas revenir de manière récurrente dans l’actualité tant politique, économique que médiatique. C’est d’ailleurs loin d’être la première fois que le cdH vous interroge à ce propos. Sous la précédente législature, Anne-Marie Corbisier a ainsi été particulièrement vigilante sur ces questions en tant que députée de Charleroi et je compte bien faire de même à mon tour !

Cette fois-ci, la rentrée a été marquée par l’annonce, le 3 septembre dernier, de la mise en œuvre d’un important plan de restructuration. Pour faire face à la crise et aux réductions, reports ou annulations de contrats qu’elle implique, la direction de l’entreprise souhaite ainsi se séparer de 440 « équivalents temps plein » à Gosselies (300 ouvriers, 120 employés et 20 cadres). En effet, la direction considère que les mesures mises en œuvre jusqu’à présent (35% de ses ouvriers sont en chômage économique) pour lutter contre la baisse d’activités (environ -30% !) et la dégradation de ses résultats financiers (perte de 136,2 millions € pour 2008) sont malheureusement insuffisantes. Elle vise dès lors à économiser 21 millions par an afin de retrouver l’équilibre budgétaire d’ici à 2011, améliorer considérablement la productivité, réduire ses coûts et garantir les investissements futurs nécessaires pour assurer ses engagements dans les divers contrats actuellement en cours ou qui doivent prochainement être mis en route (Embraer, Bombardier, Airbus).

La « procédure Renault » a donc été formellement engagée et les syndicats ont pu rencontrer tant leurs membres que la direction à ce sujet. La discussion est maintenant lancée sur les modalités sociales de ces suppressions d’emplois. Et à ce titre, il importe de s’assurer qu’on ne se prive pas ainsi des ressources qui seront pourtant nécessaires afin d’assurer la reprise lorsque les commandes redémarreront. En effet, calquer directement les licenciements et les réembauches aux cycles conjoncturels du secteur serait particulièrement inefficace. Quelle est votre opinion à ce sujet ? Pouvons-nous être certains que l’entreprise n’est pas en train de suivre un tel processus contre-productif ?

Heureusement, tant l’administrateur délégué, Bernard Delvaux, que les syndicats semblent avoir la même volonté de tout faire pour éviter les « licenciements secs » et pour préparer de manière optimale l’entreprise pour demain et lui permettre de profiter au mieux de la future reprise. Heureusement aussi, la confiance, la transparence et le dialogue semblent être de mise des deux côtés : ce qui est un net progrès par rapport à ce qu’on a pu connaître par le passé !

Il n’empêche, la négociation ne fait que commencer et elle ne sera pas facile. Il existe bien sûr plusieurs options : prépensions, départs volontaires, transferts temporaires, formation professionnelle, chômage économique de longue durée –y compris pour les employés comme il est maintenant possible de l’envisager– etc. La procédure Renault débute et il faut laisser les partenaires sociaux mener la négociation. Néanmoins, la Région wallonne est quasiment l’unique actionnaire de la Sonaca et il me semble évident que le Gouvernement ne peut pas rester indifférent et « ne pas s’en mêler ».

Actuellement, pour la Région, l’urgence doit donc bien être celle-ci : faire face à cette restructuration, limiter au maximum ses conséquences négatives, aider à trouver les solutions (…et le financement) les moins difficiles au niveau social pour les travailleurs concernés, imaginer et proposer tout ce qui peut être envisagé comme alternative aux licenciements secs, voir s’il existe des possibilités de soutien financier public qui aideraient la Sonaca à passer ce cap difficile (avances récupérables, aides à la recherche, financement de la restructuration, rôle du pôle de compétitivité Skywin –dont la Sonaca est un acteur incontournable–, etc.).

Au-delà, la Région doit également veiller à garantir l’avenir de cette entreprise de pointe, véritable poids lourd en Wallonie. Son expertise, ses travailleurs, sa R&D, l’essentiel de ses sites de production, tout cela doit pouvoir continuer à se développer en Wallonie et tout particulièrement sur le site de Gosselies. Je ne doute pas que vous partagez avec moi cette vision du dossier. Mais aujourd’hui, où en sommes-nous concrètement ? Avez-vous rencontré les différents acteurs ? Quelles sont les pistes envisageables ? Quel soutien la Région peut-elle apporter à l’entreprise, à sa restructuration, aux travailleurs concernés par celle-ci ? Quelles garanties peut-on avoir sur le maintien de l’emploi, de l’activité, de l’expertise ?

Par ailleurs, la place centrale occupée par la Sonaca ne doit surtout pas nous faire oublier les nombreux sous-traitants qui travaillent pour celle-ci et sont inscrits avec elle dans des projets de R&D structurants et à long terme. En effet, il y a là de nombreuses PME de pointe, mais qui ne disposent ni des réserves ni des ressources qui leur permettraient de « faire le gros dos » et d’attendre que la reprise se profile après la crise, comme peuvent le faire les firmes plus importantes. Ces sous-traitants, déjà fort affaiblis directement par la crise, risquent maintenant encore davantage suite à la restructuration de leur principal (sinon unique) client que pouvait être la Sonaca.

Ne devrions-nous pas nous inquiéter davantage des difficultés majeures que rencontrent ainsi une multitude de PME, avec les risques de faillite, de chômage, et de disparitions de petites entreprises prometteuses que cela implique ? Qu’en est-il exactement dans le cas de la Sonaca ? Avez-vous des données précises sur l’impact de cette restructuration sur le tissu de sous-traitants ? Que peut faire la Région pour venir en aide et soutenir ces PME et ceux qui y travaillent ? Plus globalement, la Région ne devrait-elle pas veiller à mettre en œuvre un mécanisme d’aide spécifiquement dédié à cette problématique des sous-traitants, qui sont souvent bien plus touchés par ces restructurations que ne l’est l’entreprise restructurée elle-même ?

Je l’ai dit, il y a clairement une situation d’urgence, liée à la restructuration annoncée, qui appelle des solutions concrètes et immédiates pour les travailleurs concernés. Mais il y a aussi des problèmes de fond qui doivent être réglés au plus vite par la Sonaca et sa direction si on veut que l’entreprise puisse se développer de manière solide et optimale. Car la crise n’explique pas tout, loin de là.

En effet, au-delà de cette crise qui frappe directement le secteur aéronautique et réduit ou reporte à plus tard le carnet de commandes et les cadences de la Sonaca, on sait également que celle-ci est confrontée aussi à une série d’autres problèmes… :
• des difficultés conjoncturelles (dépendant des cycles économiques « en dents de scie » de ce secteur mais aussi des fluctuations du cours du dollar par rapport à l’euro) ;
• des difficultés liées aux conséquences d’erreurs de gestion effectuées par l’ancien management, à la nécessité de changer certaines « mentalités » et comportements au sein de l’entreprise et aux relations tendues qu’on a connues auparavant à l’interne, notamment entre les syndicats et l’ancienne direction ;
• des difficultés structurelles incontournables, notamment :
- la faiblesse de la productivité,
- les défaillances récentes dans la qualité des produits et dans l’organisation du travail,
- une « masse critique » qui doit être renforcée pour faire face à la concurrence,
- le manque de diversification,
- la dépendance excessive envers quasiment un seul gros donneur d’ordres (Airbus, avec près de 40% du chiffre d’affaires de la Sonaca) ;
• et des difficultés inhérentes au statut particulier de la Sonaca qui est détenue à 88,6% par Wespavia, c’est-à-dire la Région wallonne… ce qui ne lui facilite pas non plus la vie dans l’environnement très compétitif dans lequel elle doit évoluer et encore moins dans le cadre d’une éventuelle recherche de partenaires privés pour la stabiliser, assurer son avenir sur le long terme et garantir les investissements nécessaires à son bon développement.

Il semble que les meilleures réponses possibles aient été apportées aux difficultés conjoncturelles, en particulier la question de la couverture de change. Il semble également que les erreurs de gestion du passé sont en train d’être corrigées (on a ainsi soldé totalement les paris hasardeux qui avaient été faits dans des véhicules financiers liés aux fluctuations des taux de change, une nouvelle politique de gestion des stocks a été mise en place, etc.). Il semble enfin que le changement de mentalités au sein de l’entreprise soit franchement amorcé de part et d’autre… ce qui n’est probablement pas étranger à la manière dont se déroule aujourd’hui la restructuration.

Par contre, les difficultés structurelles ont beau être bien identifiées, elles sont encore loin d’être résolues. Pour moi, l’actionnaire ultra-majoritaire qu’est la Région wallonne dans la Sonaca, doit dès lors veiller absolument à ce qu’on avance le plus vite sur ces diverses questions. C’est d’ailleurs, je pense, le souhait de l’administrateur délégué, et la Sonaca doit donc être soutenue dans cette voie :
- renforcement indispensable de la productivité de 40% sur 4 ans,
- meilleur contrôle de qualité,
- réduction des coûts de fonctionnement,
- développement de partenariats et d’alliances,
- diversification des produits offerts
- et diversification des clients pour ne pas dépendre à ce point d’Airbus.

Sans cela, « crise ou pas crise », la Sonaca ne pourra jamais être correctement redressée, les difficultés et restructurations continueront à se succéder, les mesures sociales d’urgence que nous devons mettre en place aujourd’hui seront sûrement amenées à se répéter et l’entreprise ne pourra pas réellement voler de ses propres ailes –ce qui, d’après moi, doit ultimement être notre objectif, tant pour la Région wallonne que pour la Sonaca elle-même.

En effet, je pense qu’il ne faut pas perdre de vue l’objectif, à terme, de trouver un partenaire extérieur sur lequel adosser la Sonaca. Si on souhaite réellement assurer un avenir viable à celle-ci en tant que véritable entreprise de pointe compétitive, je ne vois pas vraiment d’autres options. Cependant, pour y parvenir, il faudra évidemment que la Sonaca soit plus solide qu’elle ne l’est actuellement et il faudra alors s’assurer que la Sonaca, ses travailleurs et la Région y trouvent parfaitement leur compte ! Mon souhait n’est certainement pas de privatiser « pour le plaisir » cette entreprise mais davantage de la consolider par le regroupement de forces complémentaires et en s’appuyant sur un partenaire sérieux, capable d’assurer le développement de l’entreprise et d’apporter les investissements nécessaires à celle-ci.

Je reconnais sans difficulté que la Région n’a certainement pas négligé cette mission qui lui est « impartie » en tant qu’actionnaire de référence de la Sonaca. Ainsi, en décembre 2008, la Région wallonne a injecté près de 55 millions € pour financer la recapitalisation –bienvenue !– de 62,2 millions € de l’entreprise, ce qui a permis à celle-ci de repartir sur des bases relativement saines. Mais sur le long terme, la Région ne peut pas non plus jouer éternellement ce rôle et se voir obligée d’intervenir régulièrement, de restructurations en restructurations, de devoir recapitaliser à partir des fonds publics, et d’assurer ainsi le développement et les investissements d’une entreprise industrielle…

Il y a un an, vous-même, M. le Ministre, n’envisagiez ni restructurations, ni pertes d’emplois, ni interventions financières de la Région. Et tout cela a pourtant bel et bien eu lieu. Je ne vous critique certainement pas à ce propos : à l’époque, même en connaissant bien les difficultés structurelles de la Sonaca, vous ne pouviez certainement pas prédire les conséquences de la crise. Mais n’est-ce pas, justement, davantage le rôle qu’un partenaire privé devrait ultimement assumer, en lieu et place du Gouvernement …et des finances régionales ? Je le répète : je ne demande pas ici la vente de la Sonaca, loin de là ! Mais je pense réellement que la réflexion sur cette problématique devrait guider un peu plus nos pas et que nous devrions peut-être davantage travailler à la recherche, à moyen terme, d’un partenaire fiable, capable de garantir l’avenir de la Sonaca en y intégrant, entre autres, des exigences de compétitivité et d’obligation de résultats. Partagez-vous cette analyse ?

Je conclus. Vous l’avez constaté, il y a dans cette interpellation de nombreuses questions. Elles se rapportent aux aspects immédiats liés au sort des travailleurs de l’entreprise et des sous-traitants : c’est là l’urgence, de toute évidence. Il y aussi des questions qui concernent les solutions à apporter aux problèmes structurels de l’entreprise : elles ne sont pas moins importantes si on veut éviter de nouvelles difficultés et restructurations à moyen terme. Il y a enfin des réflexions concernant l’objectif poursuivi dans notre politique à l’égard de la Sonaca et sur la meilleure manière d’assurer au mieux son développement sur le long terme : car, pour bien savoir ce qu’on doit faire, il importe aussi de définir le plus précisément possible quel est l’objectif final et de garder un œil sur celui-ci.

Identifier et apporter les meilleures solutions à ces différents problèmes est essentiel. Et l’actualité nous permet aujourd’hui ce large débat sur l’avenir de la Sonaca.

Cette actualité malheureuse doit aussi nous permettre de veiller à ce que, à l’avenir, on parle davantage de la Sonaca, non pas à nouveau pour des raisons négatives, mais bien pour ce qu’elle est réellement : une entreprise technologique de pointe, un acteur incontournable de son secteur, un pilier indispensable au pôle de compétitivité Skywin et à son réseau de PME, un élément important du redéploiement économique wallon. Les difficultés qu’elle connaît ne doivent en effet pas nous faire oublier ses nombreux atouts : des travailleurs compétents et hautement qualifiés, une capacité de R&D et un savoir-faire évidents, une reconnaissance internationale de son expertise, un carnet de commandes bien rempli (avec de nouveaux contrats signés encore au début de l’été), une volonté de s’engager pour remettre l’entreprise sur les rails et pour garantir son avenir et son développement.

Avec tant d’éléments positifs et de telles possibilités de croissance dans un secteur porteur et à haute valeur ajoutée, nous ne pouvons pas ne pas tout faire pour parvenir à résoudre les problèmes auxquels la Sonaca doit, malgré tout, encore faire face aujourd’hui. Passer à côté de tels impératifs signifierait un véritable gaspillage des atouts incontestables de l’entreprise et de ses travailleurs.

Je vous remercie d’avance, Monsieur le Ministre, pour votre réponse et vos précisions.


VÉRONIQUE SALVI
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