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L’état d’avancement des discussions en vue de trouver un partenaire privé pour la Sonaca

07 février 2012│ Interpellation de V. SALVI au Ministre MARCOURT - Réponse disponible

Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Chers Collègues,

Il y a près d’un an, vous annonciez votre volonté d’ouvrir le capital de la Sonaca à hauteur de 25% à 40% en faveur d’un partenaire privé. Dans ce cadre, vous aviez indiqué que vous aviez amorcé des négociations avec le fonds d’investissement français ACE Management afin qu’il devienne ce partenaire privé recherché pour la Sonaca, dans le cadre d’une augmentation de capital. Votre objectif était alors d’aboutir avant l’été 2011.

Fort logiquement, je vous avais donc réinterrogé en octobre dernier pour savoir ce qu’il advenait de ce projet qui me semblait tout à fait nécessaire afin de garantir l’avenir et le bon développement d’une entreprise de pointe telle que la Sonaca. Malheureusement, vous aviez dû me répondre que les négociations avec ACE avaient dues être suspendues d’un commun accord. En effet, en constatant que le bilan et les comptes de résultats de la Sonaca avaient été durement affectés par la crise, ACE avait fait part de sa difficulté à adhérer au business plan 2010-2015 de l’entreprise. Et par conséquent, les conditions qu’il posait désormais pour un partenariat stratégique étaient devenues trop exigeantes pour la Région wallonne.

Néanmoins, vous aviez bien parlé de « suspension » des négociations et non d’arrêt de celles-ci, notamment en attendant que le business plan se crédibilise dans les faits. En outre, vous m’aviez indiqué que « des discussions étaient toujours en cours avec d’autres investisseurs qui ont montré leur intérêt pour un partenariat ». Et que vous restiez favorable (en octobre) à la conclusion d’un accord « dans les prochains mois ».

M. le Ministre, vous ne serez pas surpris par mes questions… Où en sommes-nous aujourd’hui ? Comment ce dossier a-t-il évolué depuis ma question d’octobre dernier ? Pouvez-vous me dire quels sont ces autres investisseurs intéressés ? Un (ou plusieurs) d’entre eux est-il « sorti du lot » (si vous me permettez l’expression !) ? Des négociations plus concrètes ont-elles pu redémarrer ? ACE Management est-il toujours intéressé ? L’évolution de la situation de la Sonaca et la mise en route effective de son business plan ont-elles pu amener ACE à revoir sa première analyse et à relancer des négociations sous un jour plus favorable ?

Par ailleurs, toujours en octobre dernier, vous aviez précisé que vous envisagiez « une adaptation de la structure bilantaire pour rendre celle-ci plus conforme avec la réelle situation de l’entreprise, et améliorer ainsi l’image de la Sonaca auprès des investisseurs ». Là encore, qu’en est-il aujourd’hui ? Qu’est-il prévu à ce propos ? Avez-vous avancé dans ces adaptations ? Celles-ci sont-elles vraiment en mesure de changer l’image que peuvent avoir certains investisseurs de la Sonaca ?

Enfin, pouvez-vous m’en dire plus sur les échéances prochaines dans ce dossier ? Quels sont vos objectifs à court et moyen termes ? Des difficultés nouvelles sont-elles apparues ? Êtes-vous déjà en mesure de m’indiquer quand vous pensez et/ou souhaitez aboutir ?

Certes, je partage tout à fait votre point de vue que, s’il est vraiment nécessaire de trouver un partenaire privé à la Sonaca, il ne faut pas pour autant « brader » cette entreprise –et ses travailleurs– ni davantage accepter un accord qui pénaliserait financièrement la Région wallonne.

Néanmoins, je reste convaincue (tout comme vous, je crois) qu’il faut avancer dans ce dossier. La Sonaca évoluant dans un secteur hautement compétitif, la recherche de partenaires privés fiables m’a toujours semblé devoir être une priorité pour la stabiliser, assurer son avenir sur le long terme et garantir les investissements nécessaires à son bon développement. La Région ne peut pas jouer éternellement le rôle d’unique actionnaire et se voir obligée d’intervenir régulièrement, de devoir recapitaliser à partir des fonds publics. Avec les difficultés budgétaires actuelles que connaissent les pouvoirs publics en Europe, la Région wallonne a d’ailleurs encore moins qu’avant les moyens de le faire. Il nous faut donc trouver un partenaire privé solide qui puisse garantir le développement d’une telle entreprise ; le maintien de l’activité industrielle et de R&D à Gosselies ; le maintien sur place du centre de décision du groupe ; et le maintien du volume d’emplois : une série de pré-requis qui me tiennent particulièrement à cœur, vous vous en doutez bien.

Je reconnais bien volontiers que c’est là une véritable « perle rare » que je vous demande de trouver ! Mais l’objectif ici est bien d’aider la Sonaca à mieux se développer, dans le meilleur intérêt de l’entreprise et de ses travailleurs de la région de Charleroi.

Je vous remercie d’avance, Monsieur le Ministre, pour votre réponse et vos précisions.


Réponse du Ministre JC MARCOURT

 

La question que vous développez ce matin est très importante et, dans les éléments de votre interpellation, on trouve toute la complexité du dossier.
 

Dire qu'il faut trouver un partenaire qui crédibilise en maintenant le centre de décisions, le centre de
recherche, l'emploi, l'avenir à long terme, tout cela à Gosselies, n'est pas chose facile.
 

Aujourd'hui, les grands constructeurs se sont transformés en assembleurs puisque l'évolution du monde
aéronautique suit, avec 50 ans de retard, celui du monde automobile. Aujourd'hui, il y a une pression très forte sur les prix, à l'égard de tous les sous-traitants. De plus, ils indiquent assez cyniquement qu'ils peuvent aller produire dans des pays émergents et que cela coûtera moins cher. C'est aux dépens de chez nous.
 

Je suis, aujourd'hui, et je pense que vous partagez mon point de vue, soucieux d'asseoir le développement
économique de la SONACA à long terme, mais en faisant en sorte que Gosselies reste le coeur, le poumon, et la force de frappe du groupe et non que tout cela se délite en allant aux quatre coins du monde aux dépens de Gosselies.
 

Il faut reconnaître que les circonstances économiques dans lesquelles nous évoluons ne sont pas
particulièrement favorables pour prendre de grandes responsabilités dans le milieu industriel. Par ailleurs, depuis trois ans, nous avons fait — et quand je dis nous, c'est le soutien du gouvernement de manière constante — le management des travailleurs et des améliorations de résultats tout à fait important.
 

Nous allons aujourd'hui clôturer l'année 2011. Nous n'avons pas encore les chiffres définitifs mais nous
allons être relativement proches de l'équilibre, en avance significative par rapport au plan 2011-2015.
 

En ce qui concerne les partenariats, nous avons effectivement considéré que, en l'état, les propositions du
groupe ACE ne nous permettaient pas de conclure. Cependant, nous avons, aujourd'hui encore, d'autres contacts avec d'autres partenaires.
 

Vous comprendrez aisément qu'il est difficile, dans ce genre de négociations où les clauses de confidentialité s'additionnent aux sanctions financières en cas de non-respect, de vous en dire davantage aujourd'hui.
 

Néanmoins, hasard de calendrier, j'ai encore rencontré le management de la SONACA hier pour envisager avec eux un certain nombre de pistes pour, d'une part, mieux ancrer encore le groupe dans la société industrielle aéronautique de demain, parce que je pense qu'il y aura encore de fortes évolutions dans les années qui viennent, mais avec la vraie volonté de maintenir en Wallonie, et spécialement à Gosselies, un fleuron aéronautique dans un monde de l'aviation qui est extrêmement sous pression.
 

Aujourd'hui, nous continuons à travailler mais nous n'avons pas encore — et c'est la raison pour laquelle je
n'en dirai pas plus — de projet concret et arrêté qui me permette de vous en dire plus.
 

Vous reviendrez sur le sujet et cela sera un plaisir de vous répondre à nouveau. Je ne doute pas que vos
nouvelles fonctions vous rendront encore plus attentive à l'avenir de la SONACA.
 


Réplique de la Députée V. SALVI

 

Je ne suis pas sûre que ce soit vraiment un cadeau ! On verra sur le long terme.
 

Je viendrai vous expliquer cela en commission.
 

Je remercie M. le Ministre pour ses réponses. Je retiens, en tout cas, que le dossier est loin d'être clos. C'est
éminemment rassurant. J'entends également que les chiffres 2011 sont proches de l'équilibre. C'est un élément important pour la suite des négociations. Le Business Plan tient la route, c'est un des éléments essentiels dans la recherche de partenaires. Le fait que des partenaires soient toujours intéressés est aussi un élément important parce qu'il y a toujours un doute de savoir si, oui ou non, des personnes ont encore envie de reprendre ce type de société. Vous me l'annoncez et vous me le confirmez ce matin. J'en prends bien note.
Le fait de vouloir continuer à ancrer le groupe à Gosselies, de le développer et de continuer à avoir des
rapports extrêmement forts avec le manager, dans une volonté de travailler encore mieux demain, sont des
éléments qui me paraissent, aujourd'hui, importants. Ils sont nécessaires pour rassurer les travailleurs et leur famille puisque, vous l'avez rappelé vous-même, la situation économique est difficile. La région de Charleroi a malheureusement dû subir une série de fermetures d'entreprises et il est important d'entendre ce genre de propos afin de continuer à motiver les troupes et d'aller de l'avant.
C'est avec un plaisir partagé que je reviendrai vous interroger d'ici quelques mois.

 

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