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La situation de l’emploi en Communauté germanophone

19 avril 2010│ Interpellation de M. Marc ELSEN à M. le Ministre André ANTOINE

M. le Ministre,

On a souvent considéré que la situation économique était beaucoup moins préoccupante en Communauté germanophone et que les problèmes de pertes d’emplois y étaient certainement moins graves que dans le reste de la Région wallonne… Il est ainsi incontestable que la Communauté germanophone ne fait évidemment pas face à des difficultés et à un chômage structurels comme on peut les connaître dans les bassins industriels de Liège ou de Charleroi. Mais personne ne se plaindra que certaines régions se portent –relativement– mieux.

Néanmoins, cela ne doit pas non plus nous amener à sous-estimer les problématiques propres à cette Communauté et encore moins à ignorer les effets de la crise actuelle sur la situation de l’emploi en Communauté germanophone. Ce serait en effet une grave erreur de prétexter que « tout va mieux là-bas et qu’il vaut mieux se préoccuper d’autres sous-régions » ou, pire encore, de se dire que la Région wallonne pourrait se sentir moins concernée par ce que vivent les Germanophones que par ce que vivent les autres Wallons.

Récemment, plusieurs fermetures d’entreprises ont frappé durement la Communauté germanophone. Les mauvaises nouvelles se sont ainsi multipliées, avec les fermetures de Carrefour à Eupen, d’Aspel et de Schlecker. Globalement, cela signifie la perte de plus deux cents emplois en très peu de temps au sein d’une Communauté d’environ 70000 habitants.

Certes, d’autres entreprises ont fermé ailleurs également. Mais il faut ici prendre en compte l’impact de ces importantes pertes d’emplois sur cette « petite » Communauté. Dans un tel contexte, il est clair que cette succession de chocs vient fortement déstructurer l’ensemble du marché de l’emploi et de l’activité économique de cette zone aux caractéristiques spécifiques.

En effet, les Germanophones font face à des problématiques socio-économiques et politiques très spécifiques, du fait de leur statut linguistique, du faible nombre d’habitants, de leur situation frontalière et de leur éloignement de « Namur » et des centres de décisions politiques wallons.

Dans ce contexte, on constate que certains germanophones qui ont perdu leur emploi préféreraient retrouver du travail au Luxembourg ou en Allemagne plutôt que de suivre une formation en français pour aller travailler à Liège ou Namur et devoir de la sorte s’éloigner d’autant plus de leur région d’origine et de leur Communauté. Certes, la mobilité interrégionale des travailleurs doit être soutenue et constitue une réponse importante au problème du chômage en Belgique. Toutefois, il est incontestable que bon nombre de Germanophones se sentent souvent « oubliés » –à tort ou à raison– par la Région wallonne.

Dès lors, je crois qu’il nous appartient de tout faire pour leur démontrer que c’est l’inverse qui est vrai, et que la Région wallonne ne les « oublie » absolument pas alors qu’ils font face, à leur tour, à la crise et à ses conséquences néfastes en termes de pertes d’emplois.

Est-ce aussi votre volonté, M. le Ministre ? Partagez-vous mon analyse de la situation de l’emploi en Communauté germanophone et des inquiétudes légitimes qui s’accentuent parmi ses habitants ? Est-il prévu de mettre en œuvre des actions spécifiques destinées aux travailleurs germanophones, et en particulier à celles et ceux qui sont concernés par les récentes annonces de fermetures ?

Par exemple, il me semble essentiel de mettre en place des cellules de reconversion efficaces et, surtout, qui tiennent réellement compte des spécificités linguistiques, culturelles et socio-économiques de la Communauté germanophone. Il me semble également important de favoriser la reconversion des activités, comme des travailleurs, au sein de leur région, avant d’envisager des alternatives nécessitant de quitter la Communauté germanophone. Qu’en pensez-vous ? Qu’est-il prévu comme formation et comme accompagnement à ce propos ?

Plus spécifiquement, j’ai cité trois cas précis d’entreprises ayant annoncé leur fermeture : Carrefour, Aspel et Schlecker. Pouvez-vous m’indiquer « où on en est » aujourd’hui dans ces trois dossiers ? Dans chacun de ces cas, qu’est-il possible de « sauver » ? Quelles sont de votre point de vue les perspectives d’avenir pour les plus de 200 travailleurs concernés –et leurs familles ?

Où en sommes-nous actuellement dans les procédures et les négociations, avec la direction et les syndicats ? Avez-vous eu des rencontres en Communauté germanophone sur ces dossiers ? Des contacts ont-ils été pris avec le gouvernement communautaire ? Y a-t-il concertation entre les deux entités quant à la stratégie à adopter ? Quelles mesures ciblées peut-on mettre en œuvre du côté du Forem, en termes de soutien, de formation, d’accompagnement, afin que les personnes concernées restent le moins longtemps sans emploi ?

Je vous remercie d’avance, Monsieur le Ministre, pour votre réponse et vos précisions.

Réponse de M. Antoine, Vice-Président et Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports


D'emblée, mais M. Elsen le sait, fin connaisseur qu'il est des mécanismes institutionnels, tantôt par sa proximité avec la Communauté germanophone, dois-je le rappeler que la Région wallonne n'a plus la compétence sur la politique de l'emploi en Communauté germanophone et cela vaut pour la gestion des licenciements collectifs que vous évoquez. Cependant, nous entretenons des relations étroites à travers les différents Gouvernements communs que nous tenons avec la Communauté germanophone et, d'autre part, j'ai eu, à titre personnel, des rencontres singulières avec mon Collègue, M. Olivier Page, chargé de cette politique au niveau germanophone, preuve s'il en est de notre volonté commune de collaborer au-delà des compétences des uns et des autres. D'autant que le flux de travailleurs entre la région de langue française et la Communauté germanophone justifie pleinement que le Gouvernement wallon et votre Serviteur restent attentifs à la situation de l'emploi chez nos amis germanophones.

Statistiquement, le taux d'emploi, pour être tout à fait précis, y est de 62,8 alors qu'en Région wallonne, il est de 57,2.

L'emploi salarié a connu un accroissement de 17 %. Cependant un peu inférieur à celui de la Région wallonne, puisque nous avons connu une progression de 18 %. Sur 1.000 actifs, la Communauté germanophone compte 199 indépendants, 118 pour la Belgique et 168 pour la Wallonie. C'est donc une terre manifestement d'initiatives, où les indépendants ont pleinement leur place. Je crois que l'outil de formation des classes moyennes qui existent dans votre Communauté est particulièrement dynamique et efficace.

Le taux de chômage s'élevait, en 2009, à 8,1 %, alors qu'il était malheureusement de 16,5 en Wallonie et de 11,4 en Belgique.

La situation socio-économique de cette Communauté est donc a priori, ou à première vue, plus favorable, même si, et je me permets d'attirer votre attention, elle sera plus exposée que la Wallonie aux changements démographiques. En effet, dès 2015, les personnes entrant sur le marché de l'emploi seront nettement moins nombreuses que celles qui le quitteront.

Pour ce qui concerne la mobilité interrégionale des travailleurs, 35 % de la population active travaille en dehors de la Communauté, ce qui est assez important : une personne sur trois dans la Communauté germanophone travaille à l'extérieur de cette Communauté et 25 % d'entre elles à l'étranger. C'est énorme. Essentiellement en Allemagne et au Luxembourg ; 10 % dans les autres régions de notre pays, dont 3.000 personnes travaillent de la Communauté germanophone en Région wallonne. Mais à l'inverse, nous avons 5.000 personnes domiciliées en Wallonie qui vont travailler en Communauté germanophone. Cela démontre tout le transit de travailleurs de part et d'autre. D'où l'intérêt de ces rencontres régulières avec mon Collègue.

Les licenciements collectifs pour lesquels vous me demandez des précisions sont bel et bien la preuve que la Communauté germanophone n'est pas à l'abri d'événements socio-économiques les plus récents d'autant que toutes les trois ont leur centre de décision en dehors de la Communauté.

C'est vrai que nous avons pris des initiatives du côté wallon qui ne se sont peut-être pas reproduites de la même manière du côté germanophone. Je pense par exemple à la création de cellule commune de reconversion de plusieurs entreprises, le fait que nous nous oyons rendus accessibles au CDI, aux intérimaires,voilà des mesures nouvelles et importantes en Wallonie, saluées par le monde syndical. Cependant, mon Collègue Olivier Pasch a eu la gentillesse de me transmettre les éléments suivants pour vous apporter l'ensemble des réponses à vos questions :

• Carrefour: 90 personnes sont touchées par le licenciement collectif, dont 71 % de femmes. A peu près 48% des personnes ont moins de 45 ans, 69 des 90 personnes de Carrefour habitent en Région de langue française - donc 77% qui relèvent du FOREM. Les négociations sociales sont toujours en cours, mais il semble que le Carrefour d'Eupen n'est pas repris sur la liste des sièges susceptibles d'être repris. En cas de création d'une cellule pour l'emploi, c'est Actiris qui sera responsable de sa mise en œuvre, vu que le siège social de Carrefour est établi à Bruxelles et conformément à l'accord de coopération interrégionale, c'est la Région dans laquelle il y a le plus grand nombre de licenciements qui en porte la responsabilité ;

• Aspel, 46 personnes sont touchées par la restructuration, dont 90% d'hommes. 70% ont moins de 45 ans et 26 personnes sont domiciliées en Région de langue française. Les négociations sociales sont toujours en cours, et au cas où une cellule pour l'emploi serait mise en place, la responsabilité en incomberait à l'ADG, étant donné que le siège social est établi en Communauté germanophone ;

• Schlecker, 93 personnes sont concernées dont 17 habitent en Région wallonne, 69 en Flandre, cinq à Bruxelles (pour deux entre communautés ou même transfrontalière, ce qui donne une configuratipersonnes il n'y a pas eu de communication). Schlecker dispose de quatre filiales en Communauté germanophone, mais celles-ci ne sont pas concernées par les licenciements collectifs. Les négociations étant, ici aussi, toujours en cours. Comme le siège social de Schlecker est établi à Saint-Vith, c'est l'ADG qui devra, en cas de création d'une cellule pour l'emploi, assurer la coordination de celle-ci, et ce malgré le fait qu'il n'y a pas de licenciements sur son territoire, c'est la règle de coopération.


Pour ce qui est des cellules de reconversion qui, en Wallonie, ont été assimilées aux cellules pour l'emploi défini par la législation fédérale, rappelons que ce dispositif n'est d'application que sur le territoire de la région de langue française. En d'autres termes, nous ne pouvons pas mettre en place des cellules de reconversion en Communauté germanophone, celle-ci ayant ses propres dispositions légales, ce qui n'empêche que nous pouvons travailler ensemble, au sens même de l'accord de coopération relatif à la mobilité interrégionale qui stipule, en son article 6, un plan d'action social d'urgence en faveur de la réhabilitation des travailleurs touchés par des licenciements collectifs. Donc, s'il y avait une demande germanophone, nous serions disponibles pour, moyennant intervention financière de leur part, leur apporter toute la contribution nécessaire.

Un autre accord de coopération nous lie, comme vous le savez, et fait par ailleurs régulièrement objet de rencontres de travail entre les deux gouvernements. Je peux donc vous rassurer ainsi que nos concitoyens germanophones : la coopération entre la Région wallonne et la Communauté germanophone est prise très au sérieux et fonctionne au plus haut niveau, au niveau gouvernemental, ministériel, comme « sur le terrain », entre le FOREM et l'ADG.


Réplique de M. Elsen (cdH)


Je remercie le Ministre pour l'ensemble de ses réponses bien étayées et avec l'apport de votre Collègue.

L'objectif ici était de mettre en évidence des problématiques qui même dans une région qui paraît socio-économiquement plus favorisée, moins défavorisée, on constate effectivement un certain nombre de transit d'empois entre communautés ou même transfrontalière, ce qui donne une configuration particulière. Donc, je pense que dans les petites marges qui sont relatives aux accords de coopération, nous devons pouvoir mettre en oeuvre ce qui peut l'être : appelons cela une forme de solidarité par rapport à une problématique d'emploi qui ne touche d'ailleurs pas que les germanophones, comme vous avez bien voulu le mettre en évidence.

Je vous remercie pour toutes vos réponses.
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