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Les campagnes d’information de la Région wallonne vues sous l’angle de l’égalité entre les femmes et les hommes

19 avril 2010 │Interpellation de Mme Anne-Catherine GOFFINET à M. le Ministre-Président Rudy DEMOTTE

Monsieur le Ministre-Président,

Comme vous le savez sans doute, notre Parlement wallon dispose en son sein d’un Comité d’avis pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes.

Celui-ci a commencé à se réunir en ce début d’année, et il a très rapidement voulu recevoir la Présidente du CWEHF, Madame CORNET, afin d’entendre les demandes de cet organe en ce qui concerne les améliorations à encore apporter, en Wallonie, en ce domaine.

La Présidente du CWEHF nous a ainsi fait part, le 23 mars dernier, de constats à la fois intéressants et interpellants, sur des sujets très divers mais qui touchent tous à l’égalité entre les hommes et les femmes.

Je vous invite d’ailleurs à consulter le compte-rendu des débats qui se sont tenus le 23 mars derniers au sein de notre Comité d’avis. Ils sont enrichissants à plus d’un titre !

En tant que Présidente de ce Comité d’avis, je souhaitais, comme je l’ai d’ailleurs également fait pour d’autres de vos collègues du Gouvernement wallon, vous interpeller aujourd’hui à propos de points particuliers qui, je le crois, relèvent de vos compétences.

Vous ne me contredirez pas Monsieur le Ministre-Président si je vous dis qu’en cette matière, il s’agit avant tout de travailler dans ce qu'on appelle la logique du « gender mainstreaming ».
Le Conseil de l'Europe définit le "gender mainstreaming" comme "la (ré)organisation, l'amélioration, le développement et l'évaluation des processus de prise de décision, aux fins d'incorporer la perspective de l'égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines et à tous les niveaux, par les acteurs généralement impliqués dans la mise en place des politiques.

Le Gender mainstreaming est ainsi l'intégration de la dimension de genre dans la politique générale. Cela signifie que cette politique générale doit tenir compte des différences socialement construites entre hommes et femmes. Ce n'est donc pas uniquement dans la politique de l'égalité des chances que la notion de genre doit être prise en compte, mais dans tous les domaines politiques !

Les décisions politiques ont toujours un impact sur les citoyens, hommes et femmes confondus. Or il s'avère qu'une norme masculine semble inconsciemment et implicitement régir la politique, alors qu'une politique menée peut avoir des effets différents sur les hommes et sur les femmes.

Ainsi, chaque décision politique comporte un aspect genre, ne fut-ce que par le fait que cette politique produit des effets différents sur les hommes et les femmes.

L’objectif doit être, en conséquence, de pouvoir introduire systématiquement, dans toutes les politiques, la variable « genre ».

Une des pistes fondamentales est donc de continuer à travailler sur les stéréotypes, parce que ceux-ci influencent énormément la façon dont on va se positionner par rapport à certains thèmes…

Monsieur le Ministre-Président, je souhaite ici appuyer la nécessité d’un système de veille, voire de code de bonne conduite au niveau de la Région wallonne.

Toute campagne ou événement, subsidié ou financé par la Région wallonne, devrait être regardé sous l'angle du genre, en se posant toujours la question de savoir si on n'est pas en train de renforcer encore les stéréotypes sexués, lesquels sont déjà tenaces !
Il y a, de ce côté-là, je le pense, encore énormément de progrès et de travail à faire...

Pour la Présidente du CWEHF, il ne fait aucun doute que lorsque l’on regarde les campagnes actuelles de la Région wallonne – ou du Fédéral - avec ce regard-là, les conclusions ne sont pas du tout positives en termes d’images véhiculées.

Pour que l'utilisation de l'image stéréotypée de l'un ou l'autre sexe soit bannie - c'est vrai pour les femmes, mais ça l'est également pour les hommes - il convient de s'assurer aussi, lorsque l'on fait des événements, que l'on ait une représentation équilibrée des hommes et des femmes.

L’idée serait donc d’avoir un système de veille dans tout ce qui touche de prêt ou de loin aux « campagnes » (campagnes publicitaires ou d’informations, événement subsidiés, etc.) de la Région wallonne.

Deux questions donc Monsieur le Ministre-Président :

- Ne conviendrait-il pas d’impliquer d’avantage les experts de cette thématique dans la mise en œuvre des campagnes financées par la Région wallonne et son Gouvernement ?

- Comment mettre en place, en Région wallonne, une veille efficace en la matière ? Le CWEHF, ou tout autre organe compétent, ne pourrait-il pas systématiquement être consulté, lors de la création et du lancement d’une campagne soutenue par la Région wallonne ?


Je vous remercie pour vos réponses.

Réponse de M. Demotte, Ministre-Président du Gouvernement wallon


Madame la Députée, il est vrai que cette interpellation pose un problème qui me tient très à cœur et pour lequel j'ai depuis de nombreuses années, manifesté un intérêt en me posant toujours la question de l'outil qui sert le mieux l'objectif. Je pense que c'est une question majeure, mais posons d'abord le cadre.

Je partage totalement votre objectif qui est celui de remettre au centre la définition moderne de l'égalité, la question du genre.

Il est vrai que c'est un des domaines sur lesquels aujourd'hui on a vraisemblablement le plus de progrès à faire pour une raison simple, c'est qu'à partir du moment où on se rend plus compte d'un certain nombre de comportements, d'attitudes, on a effectivement tendance à renforcer des clichés, des préjugés.

Les pays nordiques, les pays scandinaves ont été à l'origine de ce que vous avez utilisé tout à l'heure comme expression, le « gender mainstreaming ». J'ai moi-même, à l'époque en charge de la Santé posé le débat en termes d'indicateur de santé en fonction du genre. On s'est aperçu qu'un certain nombre de pathologies étaient par exemple, des pathologies sexuées. Je ne parle pas ici des maladies elles-mêmes, mais parfois, de la manière de les contenir, de les soigner ou la manière de les prendre en charge à partir de réseaux de solidarité. L'exemple le plus frappant étant celui notamment de l'attitude des réseaux sociaux ou encore des réseaux intra familiaux par rapport à la prise en charge de la personne âgée avec des pathologies multiples.

C'est souvent la femme qui prend en charge ces personnes âgées et qui, le jour, où elle-même est exposée aux dépendances liées à l'avancement de l'âge, n'a pas toujours une autre femme pour s'occuper d'elle.

C'est dans le temps mis également en recul dans un certain nombre d'activités professionnelles perdant par là même le bénéfice de cotisations sociales qui lui auraient donné droit à des revenus de remplacement lorsqu'ils sont le plus nécessaires c'est-à-dire quand elles sont dépendantes.

Ce thème m'est un thème extrêmement cher et je prends toujours plaisir à le redécouvrir aujourd'hui sous d'autres aspects. Cette commission parlementaire tout comme d'ailleurs, le Conseil wallon pour l’égalité homme-femme (CWEHF) mis en place par l’un de mes prédécesseurs ouvre un espace d'actions et de réflexions intéressantes. Nous nous sommes imposés un certain nombre de thèmes de réflexion sur la présence équilibrée des genres dans les organes consultatifs régionaux. Je menais ce débat ici au Parlement. On a eu des débats aussi sur la parité sur les listes électorales, mais aussi dans le domaine de l'économie. Ces débats vont se poursuivre d'ailleurs dans le Parlement et en dehors du Parlement sur le rôle actif des femmes dans les Conseils d'administration dans les organes dirigeants, dans le domaine universitaire pour parler d'une compétence communautaire avec la place des femmes dans les organes de recherche.

Il existe donc déjà de l'expertise qui s'est, au fur et à mesure du temps, affinée pour prendre en compte ce phénomène. Je suis attentif à l'égalité véritable c'est-à-dire l'égalité qui s'impose à côté de celle que l'on proclame. L'égalité factuelle n'étant d'ailleurs pas toujours en coïncidence avec les proclamations. Vous avez vu récemment que j'ai eu l'occasion de commettre un petit ouvrage sur cette question de l'égalité des sexes avec pour tire « La Wallonie au féminin » où je décline quelques exemples parce qu'il est trop vaste et sans doute serait-il trop ambitieux de vouloir aborder de manière exhaustive tous les problèmes qui se posent.

J’en viens maintenant à votre question spécifique aux campagnes d’information que mène la Wallonie. Pour préciser tout d’abord que cette dimension de la communication s’inscrit dans le cadre d’une règlementation. Pour ajouter ensuite que nous avons un certain nombre d'organes de vigilance et de contrôle qui agissent. Peut-être vous dire quelques mots d'abord sur l'organe qui a été mis en place et que je connais moi-même depuis quelques années et qui offre l'avantage de déjà avoir une belle expérience derrière lui. Je parle ici du Jury d’éthique publicitaire. Il existe depuis 1974 et ce Jury d'éthique publicitaire composé d'un certain nombre de spécialistes du monde de la communication et de l'annonce agit sur tous les secteurs d'annonce de la publicité et de la communication à partir d'un système par lequel on constate un certain nombre d'infractions de règles d'éthique. Cette éthique s'inscrivant exactement dans le gender meanstreaming. Immédiatement, il y a levée de boucliers et la Belgique dispose à travers ce secteur d'un organe d’autodiscipline très avancé et que d'autres pays nous envient.

La question est : est-ce que l’autodiscipline, comme on parlerait d'auto-règlementation, est suffisante dans le domaine ? Je voudrais d'abord, avant de répondre à la question sur le plan des principes, regarder les faits et dire qu'à ma connaissance, pour ce qui concerne en tout cas les pouvoirs publics de Wallonie, aucune plainte n'a jamais été portée même si je vais vous donner un exemple contraire dans quelques secondes.

Pour les pouvoirs publics que nous représentons en Wallonie, il n'y a pas eu de problèmes de communication qui donne ce message qu'il soit d'ailleurs subliminal ou affirmé de cliché lié aux genres. Par contre, il est vrai qu'il y a quelques années, il y a eu un exemple qui nous a frappé tous parce que c'était tellement fort comme cliché que tout le monde l'a retenu. Il était tellement caricatural. C'était celui de Sabine et Gaston. C'était dans le cadre des ALE. À l'époque, on avait dit Sabine fait la cuisine, Gaston tond le gazon. En termes de cliché, c'était vraiment très marqué et ça avait fait réagir. À tel point que la campagne avait immédiatement fait l'objet de grosses critiques dans la presse et dû faire marche arrière. Finalement, ce côté un peu tiré à gros traits avait servi les défenseurs de la cause de l'égalité parce que cette campagne avait été à ce point caricaturale, qu'elle avait été enlevée. C'est vrai qu’on n’est pas toujours devant des problèmes criants. On peut avoir des problèmes qui ne sont pas aussi évidents. Si des messages devaient s'avérer problématiques, il existe un mécanisme pour analyser les plaintes et on peut, avec plus de finesse, arriver à prouver l'existence d'un cliché.

Être plus prudents est une chose essentielle, mais on peut appliquer un principe de précaution à toute chose en ce compris nos propres campagnes de communication. On le fait déjà dans un esprit que vous connaissez qui est celui de nous épargner des campagnes de communication qui donnent des accents trop partisans. On ne parle pas ici de la défense de l'intérêt général et de la mise en exergue de la Wallonie en tant que telle, je parlerai ici de coloration politique au sens politicien du terme. Sur ce point, on a une démarche de confrontation dans les mécanismes parlementaires qui sont mis en place. Ce qui nous permet déjà d'avoir une belle enceinte de discussion.

Je crois qu'un dimensionnement de genres peut également être l'un des éléments d'évaluation de ces campagnes et peut dans le cadre de notre enceinte parlementaire faire l'objet de discussions. Je crois que la plus grande stigmatisation de ces comportements inacceptables, c'est encore la mise au banc public. A partir du moment où nous avons ces outils en interne, je pense effectivement qu'il faut s'en charger.

Faut-il instaurer un Comité chargé de vérifier préalablement la conformité de nos objectifs en matière d'égalité hommes-femmes ou en conformité avec un principe tout aussi essentiel de non-discrimination dans d'autres domaines ? Je vais vous donner des exemples précis : la race, l'obédience religieuse, le choix de vie. Je serai plutôt partisan d'une démarche qui consiste à voir les choses à travers le filtre de ce qui existe déjà comme organes et d'éventuellement, les mettre à l'épreuve si c'était le cas. Mais je ne vois pas encore aujourd'hui d'illustration de dysfonctionnement. Nous nous trouvons sans doute dans un cas ici où l'appréciation est permise et pour autant au nom d'une intention louable nous ne pouvons pas faire fi de considérations essentielles.

Voilà pourquoi, dans le raisonnement que je tiens jusqu'à présent, je pense qu'il faut laisser les personnes en charge de la communication et les autorités qui recourent à leurs services prendre leurs responsabilités et de l'affirmer. Il faut faire de cette égalité des genres un principe qui guide leur action a priori. D'autant plus que si une personne estimait à un moment donné que la campagne porte préjudice au respect ou aux intérêts d'un des genres, pas seulement d'un des genres, d'une race ou encore d'un comportement sexuel et bien là, les voix de recours lui sont ouvertes.

En introduction, vous évoquiez aussi la Commission d'avis que vous présidez. Je trouve qu'il y a là l'expression d'une voix souveraine dans cette Assemblée pour critiquer l'action ou l'initiative d'une administration ou du Gouvernement si un problème se posait. Cet outil dont vous avez déjà la maîtrise devrait permettre aux parlementaires d'obtenir des informations, pour critiquer lorsque c'est nécessaire. Je dirais qu'il y a là un cadre de relations complexes qui nous permet déjà d'obtenir les résultats qu'ensemble, nous voulons obtenir.

C'était le point de départ sur les objectifs. Nous sommes partis des objectifs, on a discuté des instruments. On en revient donc en fin de ma réponse à ces objectifs. La question que nous devons nous poser c'est comment nous saisir de nos instruments pour les conditionner pour qu'ils répondent le mieux possible à ce défi de lecture de notre communication. Ce qui est difficile dans la communication, c'est de détecter effectivement dans les campagnes ce qui ne serait pas évident, qui n'apparaîtrait pas à la première lecture comme ayant une démarche de type contraire à la logique d'égalité des genres que nous voulons initier.

Dans cette complexité, chacun peut jouer son rôle et pour ma part, je veillerai à ce que le Gouvernement, notamment si nous avons à nous prononcer à un certain moment sur les campagnes de communication des organes qui constituent la Wallonie aujourd'hui, soit attentif à cette question. Mais c'est un travail que l'on ne fait pas seul.

Je suis très intéressé par ce dialogue que nous débutons aujourd'hui et que j'aimerais poursuivre à l'avenir à partir de notre expérience pratique et de vos positions dans l'exercice des fonctions que vos avez dans les Commissions parlementaires ou en dehors. Rappelant - ce sera mon mot final, Monsieur le Président, Madame la Députée, Mesdames et Messieurs - que dans les procédures actuelles, il y a déjà une grille de lecture des campagnes de communication et je proposerai que dans la grille de lecture des campagnes de communication, on ait pour chacune de nos formations politiques, également ce souci de la lecture de l'égalité des genres.


Réplique de Mme Goffinet (cdH)


Je vous remercie vraiment pour votre réponse. Je savais que ce thème vous était cher et je connaissais l'intitulé de votre ouvrage, mais je n'ai pas eu l'occasion encore de le lire et de le découvrir. Je me le réserve pour les plus longues vacances parlementaires. Je comprends bien que vous vous êtes vraiment conscient de l'importance de cette notion et j'aimerais vraiment qu'en tant que Ministre-Président, vous puissiez la répandre et la faire connaître à l'ensemble des membres du Gouvernement wallon.

On parle des campagnes publicitaires, mais on édite aussi énormément de brochures. Or tous les organes qui tournent autour du Gouvernement n'ont pas toujours le regard vers cette question dans les brochures éditées. Je pense qu'il est important de marquer la politique et sensibiliser les gens à ce qu'une décision peut avoir un impact totalement différent sur un homme et sur une femme et les conscientiser du phénomène et prendre cette problématique à bras le corps. Je vous en remercie.
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