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Débat sur la gestion régionale de la politique de l’emploi

19 janvier 2011 | Intervention de M. Maxime PREVOT, Président du Groupe cdH

-Séance plénière du Parlement wallon –

Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Chers Collègues,

Face au débat d’aujourd’hui, je dois vous avouer que je suis quelque peu perplexe. En effet,…

…Soit il porte essentiellement sur les craintes concernant la catégorisation des chômeurs par le Forem. Et alors –malgré un certain emballement médiatique récent– ce débat en plénière arrive un peu tard et, surtout, il ne peut que répéter en bonne partie ce qui a déjà été dit sur ce sujet en commission de l’Emploi au cours de l’automne, ou lors du débat budgétaire en décembre, ou encore, ces derniers jours, avec les explications assez limpides de la direction du Forem et du Ministre de l’Emploi.

…Soit ce débat se veut être une vaste discussion sur la politique de l’emploi en Wallonie et tout particulièrement sur les décrets « Forem » que le Gouvernement est en train de compléter. Et alors il vient un peu tôt ! En effet, le premier de ces décrets liés à la politique de l’emploi et de la formation doit encore passer en troisième lecture avant d’être envoyé dans les prochaines semaines au Parlement. Que peut-on alors formellement affirmer à propos de ces textes et dispositions alors que nous ne disposons logiquement pas encore de documents publics officiels et finalisés ? Et on sait bien que l’usage veut qu’on n’interroge pas le Gouvernement sur ses intentions…

À mes yeux, c’est donc dans un mois ou deux que ce vaste et essentiel débat sur la politique wallonne de l’emploi prendra tout son sens, permettra une réelle substance et s’appuiera, de manière rigoureuse, sur des textes officiellement adoptés par le Gouvernement.

Néanmoins, malgré cette remarque qui me semblait nécessaire en préambule, il va de soi que mon Groupe a, bien entendu, « quelque chose à dire » sur les politiques que mène et que devra ou devrait mener la Région wallonne en matière d’emploi. Dès lors, je ne manquerai pas l’occasion qui m’est donnée aujourd’hui d’évoquer nos positions et nos demandes et, surtout, d’interroger le Ministre sur sa manière d’appréhender la problématique de l’emploi en Région wallonne et sur les réformes qu’il entend mettre en œuvre afin de mieux lutter contre le chômage et favoriser la remise à l’emploi de toutes celles et de tous ceux qui en souffrent. Il est incontestable que la réussite du redéploiement de notre Région en dépend.

J’en viens ainsi immédiatement à ce qui est le plus polémique et qui a le plus fait la « une » des médias ces derniers jours : la classification des chômeurs wallons en quatre grandes catégories :
1) « les proches de l’emploi » ;
2) ceux qui « manquent d’un peu de formation ou de techniques de base de recherche de l’emploi » ;
3) ceux qui « manquent de compétences » et nécessitent une prise en charge plus longue en formation ;
4) les demandeurs très éloignés de l’emploi qui présentent « des difficultés importantes de type médical, mental, psychique et/ou psychiatrique », soit, comme certains l’abrègent, les « MMPP ».

On le sait, quelques uns ont voulu y voir une stigmatisation des demandeurs d’emploi ; une tactique pour « jouer » avec les statistiques du chômage et éventuellement les embellir ; ou encore une volonté de se décharger (y compris budgétairement) des catégories les plus difficiles sur les CPAS, l’Awiph, les EFT-OISP, etc.

Toutefois, tant à l’automne en réponse à des questions orales qu’en décembre lors des discussions budgétaires que ces derniers jours face à la presse, le Ministre, puis la direction du Forem, ont été formels et catégoriques : sur chacun de ces trois points, les critiques sont totalement infondées et aucune décision du Gouvernement ou du Forem ne va dans ce sens.

Au contraire, l’objectif est plutôt de permettre au Forem de bénéficier de grands standards de parcours de remise à l’emploi lui permettant d’accompagner de la manière la plus personnalisée possible chacun des cas spécifiques dont il doit s’occuper. Pour ces quatre types de publics correspondraient ainsi quatre parcours d’insertion.

En effet, il me semble incontestable qu’un demandeur d’emploi n’est pas l’autre et que, pour être vraiment efficace, il convient d’offrir le service qui convient à chacun, selon ses caractéristiques propres, selon ses forces, ses faiblesses, ses difficultés. Et c’est bien ce que fait le Ministre en souhaitant généraliser l’accompagnement individualisé des demandeurs d’emploi afin que ceux-ci n’aient désormais qu’une seule personne de référence pour toutes leurs démarches, avec suivi régulier et personnalisé lors de quelques moments-clés. C’est d’ailleurs là tellement une évidence partagée par la plupart des experts et des intervenants dans ce dossier qu’on pourrait même se demander pourquoi on n’y a pas pensé plus tôt !

Quoi qu’il en soit, grâce à ce suivi personnalisé et adapté selon les besoins dans le cadre des quatre grands parcours que je viens de citer, le Forem pourra donc mieux servir ses usagers et mieux mobiliser ses ressources sur les publics les plus difficiles –et certainement pas l’inverse (c’est-à-dire moins se préoccuper des chômeurs les plus éloignés du marché du travail comme on a pu l’entendre dire parfois). M. le Ministre, me confirmez-vous qu’il est bien prévu de renforcer ainsi les efforts sur les catégories les plus dures (les « 3ième » et « 4ième ») et absolument pas de chercher la facilité en ne se concentrant que sur les personnes les plus aptes à retrouver du boulot ?

Cela pose d’ailleurs la question de la mobilité entre les quatre standards : j’imagine que les personnes concernées ne seront pas cantonnées à une seule catégorie mais plutôt qu’ils en changeront aisément en fonction de l’évolution de leur cas spécifique. Est-ce bien ce qui est prévu ?

On le voit, on est de toute façon bien loin d’une volonté de se « débarrasser » des MMPP « sur le dos » des CPAS ou d’autres institutions et organismes ! Il n’est donc pas question d’exclure, par exemple, ces chômeurs du système des allocations de chômage et de les transférer vers le revenu minimum d'insertion.

Plus encore, il s’agit ici d’apporter également une réponse aux difficultés parfois causées par le plan d’accompagnement des chômeurs mis en œuvre par le Fédéral. Ce n’est pas un problème nouveau : lorsqu’au bout de plusieurs évaluations négatives, un chômeur est sanctionné par l’ONEM, il doit alors être pris en charge par les CPAS. Au contraire, la mise en œuvre par la Région du suivi personnalisé selon quatre standards ou spécifications doit permettre d’éviter que certaines personnes –en particulier les publics les plus éloignés, de type « MMPP »– ne soient injustement victimes du plan fédéral, alors qu’il est assez évident qu’ils répondent très difficilement aux critères de disponibilité de l'emploi. En évitant ainsi des sanctions et des exclusions injustifiées, ce sont autant de personnes qui restent prises en charge par le chômage et par le Forem …Bref, exactement l’inverse des craintes de certains, notamment des CPAS !

Il est donc logique que le Forem soutienne les publics les plus éloignés encore davantage et travaille alors parfois en partenariat avec d’autres organismes plus compétents pour toute une série de problèmes : aide aux toxicomanes, surendettement, analphabétisme, Awiph, recherche d’un logement, problèmes familiaux, etc. Le Forem n’est évidemment pas habilité à répondre à chacune de ces situations. Sans pour autant exclure qui que ce soit du Forem, il convient alors d’orienter certains des « MMPP » vers ces divers services qui pourront ainsi leur apporter une aide spécifique complémentaire parfois ô combien nécessaire, avant de pouvoir avancer plus avant dans des processus de formation et d’embauche.

Si j’ai bien compris, cette intervention d’opérateurs extérieurs est toutefois temporaire dans ce processus et elle fera bientôt l’objet de partenariats formels. Le décret actuellement en cours d’élaboration prévoirait d’ailleurs qu’une nouvelle direction générale, chargée des relations avec les opérateurs extérieurs, sera mise en place.

Est-ce bien le cas, M. le Ministre ? Comment voyez-vous cette coopération entre le Forem et ces divers opérateurs extérieurs ? Selon quels critères ? Avec quels moyens financiers partagés ? Car si je trouve pour ma part assez logique que le Forem ne puisse pas tout faire et qu’il se fasse soutenir par les organismes spécialisés les plus pertinents pour aider des publics particuliers, je pense aussi que cela doit alors se faire en concertation et avec le financement adéquat pour chacun des opérateurs, dans le cadre global du soutien personnalisé que vous souhaitez développer de la sorte. Est-ce bien là aussi votre analyse ?

Cela m’amène assez logiquement aux questions plus larges sur l’ensemble de la politique régionale en matière d’emploi et sur les réformes déjà mises en œuvre, annoncées, ou encore en voie d’être finalisées par le Gouvernement avant d’être transmises au Parlement pour que nous en débattions alors en profondeur.

Je l’ai dit en préalable à mon intervention, en l’état actuel des choses –et au-delà de la DPR ou des diverses évocations en commission ou avec les médias–, nous ne disposons pas encore de textes officiels sur lesquels nous appuyer pour vous questionner ou vous critiquer, M. le Ministre ! Dans ce contexte, j’aurais toutefois aimé vous entendre, dans ce Parlement, nous expliquer de manière détaillée quels sont vos divers projets, et échéances, pour le Forem et pour la politique globale de l’emploi et de la formation en Wallonie.

Cela a déjà été dit, plusieurs décrets sont en préparation et devraient arriver en commission dans le courant de ce premier semestre : il est question de la réforme des structures du Forem ; de la généralisation du suivi personnalisé (que j’ai déjà abordée dans mon intervention) ; du nouveau contrat de gestion du Forem ; mais aussi de la réforme du système des APE ; ou encore de la mise en place de l’OFFA (l’Office Francophone de la Formation en Alternance). Pouvez-vous nous expliciter un peu plus tout cela ? En dérogeant à la pratique (et faute de mieux à l’heure actuelle), je pense même que je vais vous interroger sur vos « intentions » sur tous ces sujets ! …en attendant –vous vous en doutez bien !– de pouvoir étudier et analyser plus rigoureusement les textes décrétaux qui arriveront bientôt sur nos bancs.

Encore récemment, l’OCDE nous a d’ailleurs fait une piqûre de rappel en évoquant le problème spécifique de l’emploi des jeunes en Belgique qui aurait connu un accroissement du chômage des 15-26 ans de 4,7% en deux ans, semble-t-il. Disposez-vous, M. le Ministre de la ventilation de ces chiffres pour la Région wallonne ? Confirmez-vous ces chiffres de l’OCDE ? Comment les expliquez-vous ? Sont-ils conformes avec ceux du Forem sur le sujet ? Dans ce contexte, quelles pistes de solution spécifiques à cette catégorie bien précise envisagez-vous mettre en œuvre ?

Je voudrai conclure en soulignant à quel point, pour le cdH, le problème lancinant du chômage en Wallonie a toujours été une préoccupation prioritaire.

Depuis le déclin de ses industries traditionnelles, la Région wallonne a toujours du faire face à un chômage structurel très difficilement compressible. Certes, les politiques de redressement économique (tel le Plan Marshall et son successeur le Marshall 2.Vert) sont indispensables au redéploiement économique wallon et à la création d’activités et d’emplois sur notre territoire. Mais sans une politique active et efficace spécifiquement consacrée à l’emploi et à la formation, le succès ne pourra jamais être complet, que ce soit d’un point strictement économique ou, plus important encore, d’un point de vue humain et social. Le développement économique passe par la création d’emplois ; et la création d’emplois passe par la relance économique. L’un ne va pas sans l’autre, c’est l’évidence.

Je disais donc que l’emploi a toujours été une priorité pour le cdH. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si nous avons souhaité ardemment obtenir cette compétence ministérielle en Région wallonne …mais aussi à Bruxelles et au Fédéral ! Pour certains observateurs, c’était là une stratégie quelque peu « casse-gueule » d’un point de vue électoraliste… Mais ce n’est évidemment pas selon une telle optique qu’il faut percevoir la volonté du cdH d’agir dans ce domaine avec volontarisme et cela à tous les niveaux de pouvoir. Il y avait indéniablement un besoin de réformes et des responsabilités à assumer : j’ose espérer que ce travail sera couronné de succès… Non pas tant pour mon parti politique mais bien pour l’ensemble des Wallonnes et les Wallons.

Certes, la Belgique est un des pays européens qui s’est le mieux comporté durant la crise sur le front de l’emploi : les mesures décidées au niveau fédéral (comme le chômage économique pour les employés, et les autres dispositifs anti-crise tant appréciés par les partenaires sociaux –patronaux comme syndicaux) n’y sont d’ailleurs pas étrangers ! Certes, le taux de chômage diminue incontestablement en Wallonie : -2,9% entre novembre 2009 et novembre 2010. Et je ne peux que m’en réjouir. Néanmoins, un taux de chômage à 14,1% ne nous permet évidemment pas de verser dans l’exubérance, loin s’en faut ! La tâche ne fait que commencer et elle sera, n’en doutons pas, de longue haleine.

Je vous remercie d’avance, Monsieur le Ministre, pour vos réponses et vos précisions. Et, surtout, je vous donne rendez-vous dans quelques semaines en commission quand nous pourrons nous pencher pleinement et objectivement sur les textes que vous ne manquerez pas de nous soumettre.
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