La protection de l’ancien café-cinéma « Le Royal » à Ecaussinnes
12 février 2020 | Question écrite de F. DESQUESNES à la Ministre DE BUE - Réponse disponible
Madame la Ministre,
En mars 2017, le Collège communal d'Ecaussinnes annonçait qu’il allait solliciter l’inscription de l’ancien café-cinéma ‘Le Royal’ sur la liste de sauvegarde du Patrimoine wallon. Une démarche nécessaire selon le Collège communal d'Ecaussinnes pour préserver la valeur patrimoniale et artistique du lieu, dont une partie des décors ont été signés par Henri Lejeune.
Cette démarche a été vaine puisque l’avis de la Commission Royale des Monuments et Sites a été rendu défavorable.
Dans son avis, la Commission Royale des Monuments, Sites et Fouilles, relève en effet que « les décorations du cinéma ont été peintes par Henry Lejeune mais qu’elles ne reflètent pas l’œuvre de l’artiste ». Selon la Commission, elles constituent plutôt « un lien affectif entre une frange de la population et ce lieu culturel et convivial du quartier d’Ecaussinnes Carrières », et estime en conclusion que le bien « a un intérêt très local, et qu’il ne semble pas subir une réelle menace de destruction à court ou moyen terme ».
La façade du café est inscrite dans l’inventaire du patrimoine culturel immobilier wallon, ce qui lui octroie une protection relative en cas de travaux. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour l’intérieur du bâtiment.
1. Le Collège communal souhaitait réintroduire une demande d’inscription sur la liste de sauvegarde. Un dossier est-il en cours ?
2. Est-ce que la commune d’Ecaussinnes pourrait activer d’autres mesures de protection comme la création d’un inventaire communal du patrimoine comme cela est permis depuis l’adoption du nouveau Code du Patrimoine ? Quelles aides pourraient être activées grâce à cette démarche ?
Je remercie d’avance, Madame la Ministre, pour ses réponses.
Réponse de la Ministre V. DE BUE le 06/03/2020
Une première demande d’inscription sur la liste de sauvegarde du café-cinéma « Le Royal » a été analysée en 2017. Deux historiens de l’Agence wallonne du Patrimoine ont conclu que l’établissement ne satisfaisait pas aux critères et intérêts de la Région wallonne justifiant le classement.
Pour rappel, Le « Royal » était un café-cinéma inauguré en 1919 qui a connu son heure de gloire à l’époque des débuts du cinéma. L’établissement s’est implanté dans un bâtiment plus ancien dont la façade d’influence Art-nouveau a fortement été dénaturée pour faire place aux vitrines du café. Dès lors, en raison du manque d’intégrité et d’authenticité de la façade, l’intérêt architectural ne pouvait être retenu dans le cadre de l’évaluation patrimoniale proposant un classement. De même, la dimension sociale des lieux a entièrement disparu à la suite de divers réaménagements de la salle de cinéma. Effectivement, il ne reste quasiment plus d’éléments d’origine tels que les sièges, les machineries et les décors dans l’espace de projection des films. Enfin, les fresques ornant les murs du café ne présentent pas l’ensemble des qualités requises sur le plan artistique pour être considérées comme un ouvrage d’art. Cette œuvre de l’artiste Henri Lejeune jouit d’un intérêt local ne justifiant pas une protection au niveau régional.
Cet avis a été partagé par la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles.
Le collège communal a sollicité, à nouveau, un avis de l’AWaP au mois de novembre 2019 pour faire suite à un projet de réouverture du cinéma. Divers contacts téléphoniques ont été établis entre l’AWaP et l’échevin du patrimoine, Monsieur Dominique Feignard. Ces entretiens ont confirmé l’avis précité et la commune n’a pas réintroduit de demande de protection pour le bâtiment.
Le bâtiment est repris à l’Inventaire régional du Patrimoine en raison de l’esprit Art-nouveau de la façade. Ce degré de protection constitue un outil de préservation qui ne permet cependant pas de subventionner les travaux de restauration. L’inscription du Royal dans un Inventaire communal du Patrimoine est envisageable sachant que ce type d’inventaire doit d’abord être réalisé sur l’ensemble de la commune. Les biens repris à cet inventaire pourraient alors bénéficier d’une subvention maximale de 5 000 euros.
