Le programme de repeuplement de l’anguille
23 mars 2017 | Question écrite d’I. STOMMEN au Ministre R. COLLIN - Réponse disponible
Monsieur le Ministre,
La presse revenait il y a peu sur le programme de repeuplement de l’anguille au sein du bassin de la Meuse.
L'équipe du laboratoire de démographie des poissons et d'hydroécologie de l'université de Liège pilotait l'action.
Des civelles ont ainsi été introduites dans la Berwinne, la Gueule, la Hoëgne, le Wayai et le Winanplanche. Les scientifiques espèrent voir les anguilles poursuivre leur route dans la Vesdre, l'Ourthe et la Meuse avant de retourner vers l'océan pour se reproduire.
Pourriez-vous apporter davantage de détails sur ce programme précis ? Pourriez-vous également exposer les autres actions en faveur du repeuplement de l’anguille en Région wallonne?
Disposez-vous d'études sur les éléments explicatifs de l'affaiblissement de l'espèce en Région wallonne tels que les obstacles physiques ou encore la présence de nouveaux prédateurs comme le Silure?
Déjà, je vous remercie.
Réponse du Ministre R. COLLIN le 18/04/2017
L’anguille européenne est une espèce catadrome, qui grandit dans nos fleuves et rivières européens, mais qui se reproduit dans les profondeurs de la mer des Sargasses à près de 6.000 kilomètres des estuaires de la Meuse et de l’Escaut.
Autrefois, cette espèce était très abondante dans nos cours d’eau wallons et remontait chaque année la Meuse et ses affluents par dizaines de milliers pour coloniser nos eaux. Aujourd’hui, cette espèce est considérée comme en danger critique d’extinction et est d’ailleurs inscrite à l’Annexe II de la CITES (Convention de Washington de 1973).
Les causes de la disparition de l’anguille européenne sont multiples, mais la surpêche et le braconnage des civelles sur les côtes européennes est vraisemblablement un des facteurs principaux. Un autre facteur avéré est la mortalité directe et indirecte chez les adultes en migration vers la mer par les turbines hydroélectriques et la pêche commerciale ou récréative (Pays-Bas, …). Il est à noter qu’en Wallonie, la pêche de l’anguille est interdite depuis 2006.
En Europe, le Règlement européen (UE) n° 1100/2007 impose aux États membres de prendre des mesures de connaissance, de protection et de restauration de l’anguille européenne. Le Plan de Gestion de l’Anguille de la Belgique a été approuvé en janvier 2010 par la Commission européenne. Pour la Wallonie, ce programme prévoit essentiellement la restauration de la libre circulation de ce grand migrateur à la remontée par la construction ou l’optimisation des échelles à poissons et la réduction des mortalités lors de la dévalaison des adultes vers la mer liées à l’exploitation des centrales hydroélectriques. Toutefois, depuis quelques années, la colonisation de nos eaux wallonnes par les jeunes anguilles est devenue tellement faible que le repeuplement avec des civelles est devenu une mesure indispensable.
Le Service de la Pêche du Département de la Nature et des Forêts (DNF) a donc effectué des repeuplements en 2011, 2012 et 2014 principalement dans l’Ourthe, l’Amblève, la Sambre, la Lesse, la Semois et certains de leurs affluents. Pour 2017, outre l’empoissonnement de 16 kilos de civelles réalisés par l’ULg, un repeuplement de 122 kilos est prévu par le Service de la Pêche principalement dans l’Ourthe. En outre, à partir de 2018, certains hydroélectriciens contribueront financièrement à ces achats et alevinages d’anguilles à travers les compensations environnementales prévues dans leur permis d’environnement, une première en Wallonie.
Les espoirs fondés sur ces repeuplements en jeunes anguilles sont nombreux. En effet, les résultats de survie obtenus par l’Université de Liège dans quelques petits cours d’eau wallons sont très positifs, parfois supérieurs à 20 %, ce qui est très favorable au retour de l’espèce en Wallonie.
