L’impact sur le site de Bierset de la reprise de TNT par FedEx

Monsieur le Ministre,

Après des années de crise, des chiffres peu rassurants et l’échec de la fusion avec l’américain UPS, TNT Express, quatrième acteur mondial du secteur logistique, se voit aujourd’hui convoité par FedEx. Dans un communiqué conjoint du 7 avril 2015, les deux acteurs présentent la conclusion de cette opération comme ayant un "haut niveau de certitude".
Implanté à Bierset, TNT Express représente l’un des plus importants pôles
d’activité économique de la région liégeoise, et avec sa filiale TNT Airways
emploie près de 2000 personnes sur le site liégeois.

L’une des annonces importantes du communiqué conjoint du 7 avril est la délocalisation du siège central européen de l’entreprise de Bruxelles vers Amsterdam, aux Pays-Bas, qui entrainerait une perte d’environ 400 emplois. Dans ce cadre, il est raisonnable de se questionner également quant à l’avenir du hub liégeois. A ce sujet, le porte-parole de TNT Express a tenu à calmer les inquiétudes et a assuré ce mercredi 8 avril que le site de Liège devrait « continuer à jouer un rôle important », tout en temporisant : « il est encore trop tôt pour l’affirmer mais ce rachat ne devrait pas avoir d’incidence en matière d’emplois […] »
Face à ces propos quelque peu évasifs et au vu du nombre important d’emplois liés à la présence de TNT, permettez-moi, Monsieur le Ministre, de vous poser les questions suivantes :
- Confirmez-vous les certitudes annoncées quant à la pérennité du site liégeois ? Prévoyez-vous des contacts avec les dirigeants de ces deux entreprises ?
- Quel serait l’impact pour la filiale aérienne TNT Airways, employant à elle seule environ 400 personnes ? En effet, rappelons que la législation européenne n'autorise pas qu'une entreprise américaine soit propriétaire d'une compagnie aérienne européenne. TNT Airways devrait donc être revendue, mais les syndicats n'ont pas encore reçu d'information à ce sujet, bien que la presse rapporte un intérêt de la part de la société maritime belge CMB. Avez-vous plus d’informations à ce sujet ? Peut-on envisager la vente de TNT Airways comme une condition préalable à la fusion TNT express/FedEx, comme cela était le cas pour la fusion TNT express/UPS ?
- Enfin, outre ce potentiel rachat par FedEx, rappelons que TNT express est en plein processus de robotisation partielle de son centre de tri et qu’en février, TNT express transmettait à ses employés l’information suivante : « il n'y aura pas de licenciements de travailleurs sous contrat à durée indéterminée. Par contre, la direction précise ne pas être en mesure de pouvoir confirmer ni communiquer de chiffres sur les conséquences sociales à venir ». Avez-vous plus d’informations à ce sujet ?

D’avance, je vous remercie pour vos réponses.

Réponse du Ministre JC MARCOURT

Effectivement, le 7 avril dernier, il y a eu un communiqué commun FedEx-TNT pour annoncer le projet de rachat de TNT par FedEx. L'histoire de TNT qui est un gros opérateur européen, mais un petit à l'échelle mondiale, a souffert plus que d'autres de la crise économique que nous avons vécue, puisque les régions en croissance n'étant pas l'Europe, ils ont plus payé que d'autres. Ce n'est pas le hub de Liège qui a le plus souffert, ce sont d'autres activités de TNT, mais tout TNT en a souffert.
 

On peut se dire que le projet d'entreprise qui était de fusionner avec UPS ayant échoué, il a fallu reconstruire – ce qui n'était pas évident – un projet. Manifestement, le projet FedEx est survenu dans une logique de consolidation du secteur au niveau mondial.
 

La Commission européenne avait refusé le précédent projet, notamment parce qu'UPS a un très gros secteur au niveau européen. Cela fait la différence aujourd'hui avec FedEx qui a des activités en Europe. Il a deux hubs, le principal à Paris et le secondaire à Cologne, alors qu'UPS avait son principal hub à Cologne de
manière encore bien plus importante.
 

Les deux compagnies ont rassuré l'entreprise. TNT a d'ailleurs indiqué le projet d'investissement ne devrait
pas être remis en cause. C'est un projet d'investissement pour améliorer la compétitivité du site de Liège-Bierset, qui est à hauteur de 70 millions d'euros, devrait se concrétiser. Nous allons évidemment l'examiner et suivre cela.
 

Deux, la Commission européenne, comme vous le savez, a des processus longs et il n'est pas prévu que
l'accord de la Commission européenne intervienne avant le 1er trimestre 2016, en tout cas que l'accord ne
pourrait pas être mis en oeuvre par les deux sociétés avant ce 1er trimestre 2016, ce qui nous donne un
certain délai entre aujourd'hui et ce moment.
 

Il est prévu à leur demande que je rencontre les responsables de FedEx et j'ai eu immédiatement après la
décision un contact téléphonique avec les responsables de TNT. Cette réunion en raison des 15 jours que nous venons de vivre n'a pas été possible pas de mon fait, mais en raison des agendas des uns et des autres.
Parallèlement, j'ai reçu la confirmation du fait que le hub de Liège n'était pas remis en cause.
 

Il nous appartient de voir maintenant comment et dans quelles circonstances il peut s'intégrer par rapport
aux activités existantes de FedEx et en quelles mesures la complémentarité des différents sites pourra
s'effectuer. Il est clair aussi que dans l'accord intervenu, les deux sociétés ont décidé que les quartiers généraux seraient réunis et que ce serait le quartier général d'Amsterdam qui serait maintenu au dépend du quartier général européen de FedEx à Bruxelles.
 

Là aussi, même si la Région est moins impactée même si des travailleurs de la région travaillent dans cette entreprise ; au dernier Conseil d'entreprise, il a été indiqué qu'il n'y aurait pas d'indication concrète avant la
décision de la Commission européenne. Ce qui va évidemment mettre les travailleurs du quartier général
FedEx à Bruxelles dans une situation d'incertitude, ce qui est toujours très désagréable et pénible à vivre.
 

En ce qui concerne la compagnie aérienne, il est possible pour une compagnie américaine d'acheter une
compagnie européenne, mais elle devient américaine, donc elle ne bénéficie plus des avantages liés à une
compagnie européenne et le taux de participation doit donc être réduit en dessous de 50 %. il semble, de
nouveau, j'attends la rencontre avec les responsables de FedEx pour le savoir qu'ils ne souhaitent pas être
actionnaire minoritaire de TNT Airways et donc il faut trouver un acquéreur. L'acquéreur qui s'est manifesté est le même que celui qui s'était manifesté lors du projet de fusion avec UPS et donc nous aurons là à en parler avec eux en tout cas j'entends bien prendre toutes les mesures utiles et possibles pour non seulement défendre le hub de Liège, mais aussi lui permettre d'avoir un potentiel de développement important au travers de ce rapprochement avec FedEX dans la mesure où la Commission européenne validerait celui-ci, mais je pourrai vous en dire plus après la rencontre que j'aurai avec les responsables de FedEX.
 

Réplique de la Députée M-M SCHYNS

Je remercie le Ministre pour sa réponse complète. Il y a visiblement déjà eu des contacts. Il va encore y en avoir. Je reviendrai bien sûr après la réunion, mais je pense que vous avez raison de dire que finalement le temps nécessaire à la décision de la Commission européenne permettra aussi sur le terrain et pour les employés d'envisager les différentes solutions. Il est clair que si les emplois liégeois ne sont pas directement menacés, vous avez été rassurant comme l'ont été aussi les entreprises, la situation pour ceux qui travaillent au siège de Bruxelles n'est pas géniale. Il faut sans doute en tenir compte aussi. Mais dans l'absolu, à partir du moment où les investissements de 70 millions ne sont pas remis en cause et sont prévus dans la foulée, je pense que cette reprise est peut-être une meilleure solution que ce qui était prévu la dernière fois.
 

Je vous remercie en tout cas de nous tenir au courant de ce dossier.