La culture du chanvre

Monsieur le Ministre,

Depuis quelques années, la culture industrielle du chanvre se redéveloppe en Wallonie, notamment sous l’impulsion de l’ASBL de promotion « Chanvre wallon » dont l’action a reçu le soutien de vos prédécesseurs. Cette plante combine de nombreux avantages : sa culture est économe en azote, elle constitue une diversification végétale intéressante dans les zones d’élevages et toutes les parties de la plante sont valorisables.

Si la culture de chanvre demeure modeste à l’échelle wallonne, les expériences étrangères, notamment en France où 10.000 hectares sont cultivés, démontrent que d’intéressants débouchés existent pour cette culture sur les marchés des agro-matériaux, où elle constitue une alternative sérieuse à la laine de roche et aux produits d’isolation dérivés du pétrole.

Un des obstacles au développement de cette culture a longtemps été l’absence en Wallonie d’unités de défibrage, qui permettent d’exploiter sur place la valeur ajoutée de la fibre et de démarrer d’une filière économiquement rentable.

Monsieur le Ministre :
- Combien d’hectares de chanvre sont-ils cultivés en Wallonie ?
- La Wallonie poursuit-elle son soutien à ce type de culture ?
- Peut-elle constituer une piste de diversification pour nos cultivateurs ?
- Pouvez-vous faire le point sur les projets de développement de filières qui avaient été initiés sous la précédente législature ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Réponse du Ministre R. COLLIN 

Madame la Députée, c'est décidément une séance de questions-réponses qui donne des informations de première main.

La première mise en culture du chanvre date de 2009 avec 30 hectares pour une dizaine d'agriculteurs ; en 2015, la septième année, il y a 400 hectares de chanvre cultivés par une septantaine d'agriculteurs.

C'est effectivement une diversification intéressante pour notre agriculture wallonne. C'est une culture propre, sans produit phytosanitaire, renouvelable, stockant le CO2, et c'est une excellente tête de rotation.

Cette diversification est possible dans toutes les régions agricoles wallonnes. C'est une activité créatrice d'emplois qualifiés et non qualifiés. La culture a un large potentiel de valorisation, dont une majorité dans des secteurs clés du développement économique et technologique : les bioplastiques, l'écoconstruction, l'écorénovation et l'alimentation.

En termes de soutien aux filières, j'ai chargé mon administration de maintenir une subvention, initiée par mon prédécesseur, à l'ASBL Chanvre wallon qui travaille en étroite collaboration avec le CER Groupe à Marche-en-Famenne. C'est d'ailleurs le CER Groupe, à l'époque où j'en étais le président, qui a été à la base de la création de l'ASBL Chanvre wallon. J'ai aussi réitéré mon soutien à l'ASBL Valbiom dont les travaux contribuent au développement de filières telles que le Taillis à courte rotation, le miscanthus, les filières bio basées tout comme la culture de chanvre.

L'obstacle au développement de cette culture est l'absence d'unité de transformation à proximité des producteurs. C'est ainsi que le CER Groupe a initié un projet d'usine qui, outre la récupération des graines à très haute valeur alimentaire, va produire des fibres de chanvre qui pourront être valorisées dans de nombreuses utilisations qui vont du secteur automobile au textile et à la construction. Ce projet d'usine devrait être concrétisé dès le courant de 2016. On est donc dans le court terme.
Ce sera dans la belle commune de Marche-en-Famenne.
 

Réplique de la Députée I. MOINNET

Je remercie M. le Ministre pour toutes ces informations, notamment la création de cette usine déjà en 2016 à Marche-en-Famenne. Comme lui, je me réjouis qu'il soit favorable au développement de cette culture. Effectivement, la culture du chanvre me semble être une belle alternative plus écologique, plus propre, à d'autres produits qui sont évidemment plus nocifs et qui sont dérivés du pétrole. C'est là un beau créneau qu'il faut creuser, surtout en termes d'isolation.
Il ne faut donc pas négliger son développement, comme vous l'avez dit, et les retombées économiques que les
cultivateurs pourraient en retirer.