La demande de réduction du clocher de l’Eglise Saint-Sulpice de Jumet par BSCA

Monsieur le Ministre,

Si selon l’expression, les voies du Seigneurs sont impénétrables, il semble qu’elles rentrent quelques fois en conflits avec les voies aériennes. A Charleroi, cette rencontre inopinée tient à l’orientation de la piste de décollage et à l’impact des vents dominants. Vu ces derniers, 75% des vols au départ de l’aéroport se font en direction de Jumet et l’église Saint-Sulpice se trouve en plein dans l’axe principal de décollage. Vu la hauteur du clocher, le point de départ des avions doit être décalé de près de 100 mètres, ce qui induit une réduction de la piste à 2.405 mètres au lieu des 2.500 normalement disponibles. L’Eglise constitue un obstacle pour certains types d’appareils qui doivent réduire le nombre de passagers embarqués ou la quantité de carburant afin de pouvoir survoler l’édifice religieux dans le respect des marges de sécurité.

Après avoir rencontré le Doyen de la paroisse et le président de la fabrique d’église afin d’expliquer le problème, l’aéroport de Charleroi vient d’adresser un courrier à l’Evêché de Tournai pour lui proposer de réduire de 18 mètres le sommet du clocher de l’église Saint-Sulpice de Jumet. Le Bruxelles South Charleroi Airport s’engage, par ailleurs, à dédommager la fabrique d’église et précise qu’en cas de refus, il en resterait là, sa volonté étant de trouver une solution acceptable pour tous.

Sous réserve d’un accord du Diocèse de Tournai, il apparait cependant qu’un autre écueil pourrait bloquer cette demande : le classement de l’église au patrimoine culturel depuis 1949. L’actuel édifice date du XVIIIe siècle et a été entièrement restauré en 1967. Son intérêt tient en particulier à son mobilier intérieur et à sa cloche datant de 1590.

Monsieur le Ministre, mon interpellation portera sur le volet patrimonial de ce dossier. Si d’aventure le diocèse de Tournai devait donner une suite favorable à la demande de BSCA, pouvez-vous m’indiquer les étapes à suivre auprès de l’administration du patrimoine ? Vos services ont-ils déjà eu à traiter des demandes de ce type ? Dans l’affirmative, avec quelles suites ? La demande ne concernant que le clocher de l’édifice, celui-ci risque-t-il en cas de modification de ce dernier de perdre son inscription au classement du patrimoine culturel ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Réponse du Ministre M. PREVOT

Madame la Députée, merci d'ores et déjà pour votre question.
L'église Saint-Sulpice est en effet classée en totalité comme monument depuis 1949 et à ce titre elle est
protégée. Tous les travaux à entreprendre seront donc soumis à l'obtention préalable d'un certificat de
patrimoine suivi d'un permis d'urbanisme. Il conviendra donc que le propriétaire des lieux, ou un demandeur
dûment mandaté introduise une demande de certificat de patrimoine auprès de mon administration, direction de la restauration du département du Patrimoine. Une demande de cette nature serait une première et il semble bien que l'administration n'ait jamais eu à traiter un dossier de ce type. C'est dès lors un peu prématuré et certainement très mal aisé de préjuger de l'avis du Comité d'accompagnement du certificat de patrimoine qui évaluera la recevabilité et la faisabilité de la demande si cette dernière devait être introduite. Mais soyons clairs, des premiers coups de sonde que j'ai pu demander du côté du SPW, l'accueil serait plutôt polaire.
 

Réplique de la Députée V. SALVI

Je remercie M. le Ministre. Pour avoir traité d'autres types de dossier du genre, pas une église, mais une question de déconstruction, de déclassement ou autre, on sent que ce sont des dossiers sensibles. Quand on voit la qualité de ce patrimoine, notamment de cette église, la question est sur toutes les lèvres. S'il y a un accord entre les deux opérateurs, il faudrait passer par la case patrimoine. On sait combien nos amis du patrimoine wallon tiennent à ce patrimoine, d'autant plus quand il est classé. Vous nous confirmez que l'église est classée dans son entièreté. C'est assez rare puisque, en général, on classe certains composants d'un édifice et pas l'édifice dans son entièreté.
 

Je vous remercie pour la qualité de votre réponse et la franchise quant à la « froideur » de l'administration à ce stade.