La présence du loup
06 mars 2017 | Question orale de Fr. DESQUESNES au Ministre COLLIN - Réponse disponible
Monsieur le Ministre,
En novembre dernier, nous apprenions en primeur, suite à une question que vous adressait, que le retour du loup était confirmé en Wallonie. Depuis lors, il semble que le DNF confirme la multiplication de signes de ce retour. Par ailleurs, depuis cette annonce, de nombreux citoyens ont indiqué avoir vu des loups. Le plus souvent comme encore dernièrement à proximité de Durbuy, ces informations ont été démenties par les experts.
Comme nous l’indiquions à l’époque, ce retour du prédateur dans nos régions impose la mise en œuvre de certaines mesures afin d’assurer une coexistence harmonieuse avec les activités humaines.
Monsieur le Ministre :
- Depuis novembre dernier, combien de cas ont-ils été confirmés ?
- En décembre dernier, vous indiquiez que l’administration allait vous faire parvenir un rapport détaillé comprenant notamment une liste de mesures. En disposez-vous ?
- Dans l’affirmative, pouvez-vous nous détailler ces mesures ?
- Pouvez faire le point sur la réflexion relative à l’indemnisation des dommages dus au loup ?
- Confronté au même phénomène, des pays, dans lesquels le loup avait également disparu depuis longtemps, se sont dotés de plans d’actions. En France, après un premier plan d’action 2008-2012, un second plan 2013-2017 est en vigueur et en Suisse, un Plan loup est en vigueur depuis 2004. Ces plans comportent une série de mesures visant à permettre la coexistence entre le loup et l’homme. Ces mesures sont adaptées en fonction de l’état de la recolonisation d’une région par le loup permettant de proposer des solutions praticables en fonction de la phase de recolonisation (mâle seul, petites meutes, meutes permanentes). Ne conviendrait-il pas à l’instar de ces pays de nous doter d’un tel outil ?
D’avance je vous remercie pour vos réponses,
Réponse du Ministre R. COLLIN
Monsieur le Député, les Loups de Durbuy n'étaient que des chiens.
À ce jour, aucun élément ne nous permet d'établir de manière certaine la présence du loup en Wallonie sur base d'une analyse ADN. Sur la vingtaine d'indices de présence recensés depuis octobre 2016, quatre cas ont néanmoins été jugés crédibles. Ils concernent le Plateau des Tailles et le Massif de Saint-Hubert, soit une prédation sur ovins, une sur chevreuil et deux observations visuelles.
Les principales mesures mises en place au stade actuel concernent l'objectivation de la présence du loup en Wallonie. Il s'agit de constituer une structure de référence permettant de documenter les indices de présence de l'espèce en multipliant les sources d'information. Sont concernés en plus d'agents de l'administration, des volontaires issus des milieux naturalistes, chasseurs et éleveurs qui recevront tous une formation par des spécialistes de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. Cette structure est en cours de mise en place.
En ce qui concerne l'indemnisation, j'estime qu'il y a lieu de prévoir que certains dommages de cette espèce, dès lors qu'ils sont établis de manière indiscutable, puissent être indemnisés. Les limites et modalités doivent en être précisées.
Pour le surplus, le Plan d'action français prévoit le financement de mesures de prévention qui s'adressent surtout aux troupeaux itinérants vers lesquels se concentrent les dommages. Ces financements concernent principalement le paiement des frais de gardiennage des troupeaux et d'entretien de chiens de garde. La situation de l'élevage bovin en Région wallonne, convenons-en, n'est pas comparable avec la situation de la France. Aussi de telles mesures ne paraissent pas nécessairement appropriées.
Par contre, à l'instar de ce qui est prévu dans le plan d'action français et luxembourgeois, mes services entendent instaurer un dialogue avec le secteur de l'élevage ovin et avec le monde de la chasse à propos de l'accompagnement du possible retour du loup en Wallonie.
Réplique du Député F. DESQUESNES
Merci, Monsieur le Ministre, pour vos réponses qui confirment donc que quatre indices crédibles ont été rassemblés par vos services. Cela signifie quelque chose. J'entends bien que des collaborations sont entreprises et je vous en
remercie.
En ce qui concerne les plans d'action, je note que le Luxembourg s'en est doté, c'est quand même très proche de chez nous. Je pense vraiment que nous devons non seulement le faire vis-à-vis du monde des chasseurs et des professionnels de gestion des élevages ovins, mais aussi tôt ou tard vis-à-vis des promeneurs, des touristes, des visiteurs de la Wallonie. C'est un élément extrêmement important que de pouvoir à la fois valoriser ce retour de biodiversité chez nous tout en évitant que l'on ne tombe, dans un certain nombre de cas, dans des confusions ou des risques d'impression négative qu'il faudrait absolument éviter.