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Le logiciel OPEN-SOURCE en wallonie

26 mars 2015 | Question orale de M-D Simonet au Ministre J-C Marcourt - Réponse disponible

Monsieur le Ministre,


Le logiciel open-source suscite encore aujourd’hui la méfiance. Il véhicule une image complexe et difficile d'accès au profane. On doit pourtant reconnaître la valeur ajoutée indéniable de ce type de logiciel et les exemples ne manquent pas pour démontrer que le logiciel open-source est générateur de développement économique.

Nos voisins français, par exemple, misent véritablement sur l’open source pour booster l’écosystème des startups. En 2012, l’industrie du logiciel libre représentait en France un chiffre d’affaire de 2,5 milliards d’euros, soit 6% de l’industrie des logiciels et services informatiques, pour 30.000 emplois et 300 sociétés. À elle seule, la région de Paris a injecté 162 millions d'euros dans des projets en logiciels libres depuis 2007.

En Belgique, le "Manifeste des startups belges", qui a été remis ce 12 mars 2015 à Alexander De Croo, indique explicitement que les initiatives relatives à l'open-source sont économiquement bénéfiques, car la réutilisation de "briques logicielles "permet de réduire grandement le coût d'un développement informatique.

En Wallonie, nous comptons d'ores et déjà quelques succès. Par exemple, la société Odoo (ex-OpenERP) est un éditeur de logiciel open-source qui emploie 250 personnes, qui possède un réseau commercial dans 120 pays et dont le dynamisme économique a été salué par plusieurs prix. De même, le système d'apprentissage en ligne Claroline, initialement développé à l'UCL, fait l'objet d'une valorisation économique via une offre de services.

Par ailleurs, le Centre Hospitalier Universitaire de Liège a créé un logiciel innovant pour l'imagerie médicale en milieu hospitalier qui se nomme Orthanc. L'auteur du logiciel, Sébastien Jodogne, l’a conçu notamment pour faire circuler des images entre le CHU de Liège et le Bois de l'Abbaye, ce qui contribue au développement économique du bassin de soins liégeois. Ce logiciel est par ailleurs utilisé à une échelle mondiale, des États-Unis jusqu'en Malaisie, et a été téléchargé plus de 9000 fois.

Si le logiciel libre est générateur de développement économique pour des entrepreneurs et des développeurs, il est aussi une formidable opportunité de réduire la fracture numérique pour l’ensemble des citoyens. Aujourd’hui, l'informatique est devenue un outil indispensable dans les ménages, ne fût-ce que pour permettre aux enfants de suivre une scolarité normale. Or, les licences logicielles sont coûteuses. Mais il existe des logiciels libres dont l’usage est totalement gratuit pour les citoyens et qui suppléent efficacement les grands standards payants utilisés en entreprise. Citons par exemple LibreOffice pour Microsoft Office, Firefox pour Internet Explorer, ou encore Gimp pour Adobe Photoshop. Une meilleure information du grand public vis-à-vis du logiciel libre permettrait des économies substantielles pour des ménages, dont certains ont grand besoin. Cela leur permettrait également à certains de revenir dans la légalité s’ils avaient, ce qui est malheureusement trop fréquent, choisi d’utiliser des logiciels sans en payer la licence.

Monsieur le Ministre, voici mes questions :
- Quelles sont les principales dispositions en vigueur aujourd’hui pour soutenir le secteur de l’open-source dans le cadre du Plan Marshall 4.0 ?
- Ne pourrait-on insérer un volet spécifique au logiciel open-source dans le nouveau décret recherche ?
- Dans le cadre d’une volonté de réduire la fracture numérique pour l’ensemble des citoyens, n’y aurait-il pas lieu de réfléchir à une communication pour informer sur les logiciels libres destinés à l’usage quotidien ?

Merci d’avance, Monsieur le Ministre, des réponses que vous apporterez à ces questions.

 

Réponse du Ministre JC MARCOURT

 

Madame la Députée, j'étais venu avec un article de cette belle récompense obtenue par un des nos ingénieurs informaticiens. On ne met pas assez en valeur tous ceux qui ont du talent. M. Jodogne a obtenu le prix le plus élevé que l'on puisse obtenir pour un logiciel libre par la Fédération internationale des logiciels libres, au sein du MIT, un des instituts technologiques les plus réputés au monde.
 

Pour revenir a notre sujet, le sujet de l'open source a largement évolué ces dernières années. Historiquement, le débat logiciel open source contre logiciel propriétaire a largement été pollué par une vision trop réductrice « gratuit contre payant ».
 

De manière générale, tout développement informatique a un coût, qu'il soit en amont, au moment du développement et de la commercialisation, ou en aval, au moment du déploiement, de la formation et du
maintien.
 

L'open source n'est donc pas automatiquement gratuit ou moins cher, comme l'ont montré de nombreux
exemples de déploiement pour le principe, obligeant ensuite a faire marche arrière pour des problèmes de
compatibilité, de compétences informatiques ou encore de produits dont le maintien n'est plus assuré.
 

Au-dela de ce débat, il est important d'observer que le paysage des Technologies de l'information et de la
communication a très largement évolué ces dernières années, essentiellement sous l'influence des citoyens. En effet, ce sont eux, aujourd'hui, qui décident largement du succès ou non d'un logiciel ou d'une application.
 

Dans votre question, vous évoquez ainsi l'exemple du navigateur web Firefox, symbole du logiciel open
source. Son succès croissant laissait a penser qu'il allait s'imposer définitivement. En effet, il y a quatre ans de cela, l'enquete menée auprès d'étudiants d'université faisait apparaître que Firefox dépassait Internet Explorer de Microsoft. Or, cette année, seuls 2 ou 3 % de ces étudiants utilisent encore Firefox, la majorité d'entre eux utilisant le navigateur Chrome de Google, gratuit certes, mais dont la connexion avec l'ensemble des services de Google – Gmail, YouTube, applications Google Docs – pose la question des données individuelles et de la vie privée.
 

L'autre grand facteur d'évolution est le cloud computing. De moins en moins de logiciels sont achetés.
Ils sont désormais utilisés a la demande et comme des services par les utilisateurs privés ou professionnels. La encore, le rival de la suite bureautique Office de Microsoft est désormais Google, avec ses services en
ligne Drive et Docs.
 

Néanmoins, dans les faits, c'est de toute façon l'open source qui a gagné, non pas en imposant des solutions contre les logiciels de Microsoft, Oracle ou SAP, mais en imposant un modèle informatique global basé sur les standards et l'interopérabilité, modèle que les acteurs dits traditionnels ont dû adopter. Ainsi, Azure, la plateforme de développement en mode cloud de Microsoft, permet aujourd'hui d'utiliser ses propres outils de développement, mais aussi la plupart des outils standards issus de l'open source.
 

La véritable question n'est donc plus « avec quel outil développer ? », mais « comment développer ? » pour s'assurer une compatibilité et une interopérabilité avec d'autres applications.
 

Les outils et standards émergent par leur qualité et leur capacité a répondre aux préoccupations des
développeurs. Wordpress est aujourd'hui le système de gestion de sites web le plus populaire, notamment parce qu'il est soutenu par de nombreuses communautés de développeurs auto-organisées. Il est l'un des symboles de la réussite de l'open source. Ce sont des développeurs de Twitter qui ont imposé Bootstrap comme un outil majeur pour le développement d'interfaces utilisateurs niches sur le web. C'est en Belgique que sont nés Drupal, une des plateformes web les plus populaires, ou, comme vous le mentionniez, Odoo, ex-Open ERP.
 

Le mouvement lié a l'open data, dont l'Agence du numérique est l'ambassadeur en Wallonie, répond a la
meme logique. Des formats universels ont émergé qui permettent de faire interagir entre elles des données et des applications issues d'environnements informatiques très divers. Les freins a leur usage ne sont pas
financiers, mais sociologiques.

Ce mouvement « Open » est global et il réussit d'autant mieux qu'on le laisse se développer dans une démarche bottom-up plutôt qu'imposée par une forme d'idéologie ou de technologie.
 

Ce dont les entreprises, mais aussi les citoyens, ont besoin pour mettre en oeuvre des stratégies digitales
innovantes, c'est de ce que j'appellerais des « terrains de jeux », notamment soutenus par le secteur public, par exemple par des appels a projets impliquant une intensité digitale maximale. Ces terrains de jeux peuvent etre mis en place en Wallonie, mais ils doivent, dès le départ, etre envisagés avec une portée au moins européenne, voire mondiale, car c'est a ce niveau que la transformation digitale est a l'oeuvre. Prenons l'exemple d'applications comme AirBnB ou Spotify, leur innovation se situe au niveau d'un modèle économique disruptif, sans que personne ne se soucie véritablement des outils informatiques sous-jacents.
 

Si l'on aborde la question du soutien a l'industrie du développement du logiciel, le point critique reste la
compétitivité du coût du travail. Meme les entreprises développant « open source » font appel a des
développeurs des pays d'Europe centrale ou orientale ou d'Inde.
 

Les entreprises actives dans le software engineering connaissent bien le modèle open source et l'utilisent
systématiquement, notamment pour maintenir un haut niveau d'innovation et de réactivité et pour promouvoir leurs technologies qui seront alors intégrées, notamment en mode open source, comme des briques applicatives, dans d'autres suites logicielles. Un soutien spécifique en matière de recherche n'a donc pas nécessairement de sens en tant que tel. Le soutien doit plutôt se situer au niveau de l'innovation, de la recherche non technologique, les terrains de jeux et donc des compétences disponibles.
 

Au niveau des citoyens, comme l'illustrait l'exemple des étudiants que j'évoquais tout a l'heure, la sensibilisation a l'open source pour le principe n'a pas beaucoup de sens non plus. C'est au niveau des
compétences TIC globales qu'il faut agir, notamment dans les capacités de nos élèves a appréhender, au plus tôt, les logiques de la programmation informatique, des standards, de la manipulation des données. Une fois ce socle de compétence acquis, ils feront des choix technologiques pertinents.
 

C'est l'un des axes de réflexion du groupe de travail centré sur les talents et l'éducation, mis en place dans le cadre d'une réflexion globale sur le numérique, le Conseil du numérique dont nous avons parlé dans la
question précédente.
 

La question des économies potentielles pour les ménages est de moins moins pertinente. Utiliser les outils Google et de plus en plus ceux de Microsoft et de l'industrie logicielle est gratuit, meme si une rémunération cachée intervient avec les données mises a disposition des géants de l'informatique.
 

J'indiquerai que je partage entièrement votre avis sur le fait qu'il faut soutenir cette industrie de l'open source, tout comme il faut faire en sorte que demain, dans l'industrie 4.0, il faudra se dire que les mathématiciens seront des gens qui feront le monde. Dans le Pacte d'excellence, mais ce n'est pas ici que nous allons le dire, renforcer les compétences en mathématique sera crucial pour maintenir notre attractivité économique.

Réplique de la Députée M-D SIMONET

 

Monsieur le Ministre, j'apprécie le fait que vous ayez mentionné qu'il ne faut pas opposer le payant au gratuit. D'ailleurs, on voit que toute une série de grandes entreprises fournissent maintenant du gratuit. Peut-etre que l'open source a joué un rôle et les a stimulées. Tant mieux !
 

Mais vous savez bien comme moi, ce qui est gratuit, tout de suite, a un moment donné – et ce n'est pas
nécessairement un tord, mais il faut en connaître les limites, parce que du gratuit pour du gratuit, cela
n'existe pas – a très court terme, devient très vite cher.
 

J'entends que vous vous dites que ce n'est peut-etre pas dans la recherche, mais dans l'innovation qu'il faut
soutenir ceux qui sont un peu en dehors, puisqu'il n'y a pas une rentabilité immédiate, en tout cas, telle que l'on peut l'apercevoir... Vous savez, Monsieur le Ministre, j'ai aussi été ministre de la Recherche, on m'a aussi parlé des logiciels libres, en son temps, et je connais aussi la difficulté. Mais il y a une maturité qui est arrivée et le fait que l'informatique soit partout maintenant, heureusement ! D'ailleurs, on a bien entendu le ministreprésident, hier, dire combien ce serait un des éléments clé du redéploiement de toute société, et singulièrement la Wallonie, et on s'en félicite – j'ai bien retenu...
 

Mais, le logiciel libre, ce sont des communautés ; ils apportent a des éléments, ils permettent a ceux qui
commercialisent d'aller plus vite, parce qu'ils prennent la brique et ils la remettent.
 

Je pense donc que les aider, et ce n'est pas nécessairement coûteux, c'est un apport a la société, en
général, qui sert a tout le monde.
 

 


 

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