Les dangers des cartons recyclés

Monsieur le Ministre,

Le carton est considéré comme un matériel pour emballer les aliments propre, économique, écologique et recyclable. Nous avons tous les jours à faire à ces emballages (pâtes, farine, riz, surgelés etc.) dans nos ménages. Un récent reportage télévisé faisait la lumière sur la problématique du tri et du recyclage du papier-carton et les dangers de celui-ci.

Ainsi, ce sont des tonnes de papier-carton qui doivent être chaque jour recyclés. Mais la problématique se situerait au départ au sein des centres de tri où il n’existe pas toujours une séparation claire entre le papier et le carton, et donc se retrouvent régulièrement dans les cartons des papiers journaux, par exemple. Par ailleurs, les consommateurs mettent parfois tout et n’importe quoi dans leur poubelle papier, ce qui ne facilite pas le tri en centre !

Ces cartons « recyclés » redeviennent ensuite pâte à papier mais contiennent toujours les encres et étiquettes qui se trouvaient au départ dessus, ou qui ont été mélangés à cause des papiers journaux restant après tri. Il y a encore beaucoup d’impuretés donc dans ces cartons recyclés. Des milliers de tonnes de carton sont ensuite exportées, et d’autres importées, ce qui n’est pas écologiquement intéressant non plus !
Enfin, des études montrent qu’une forte majorité des cartons utilisés pour emballés les produits alimentaires présentent des traces d’huile minérale, des dérivés du pétrole, qui sont retrouvées dans les encres utilisées à l’extérieur du carton et qui viennent contaminer les aliments et ce, y compris pour des produits pour enfants et des produits bio. Cela pourrait se révéler être extrêmement dangereux pour la santé !

Monsieur le Ministre, avez-vous pris connaissance de ces études et de cette problématique et quelle en est votre analyse ? Des mesures vont-elles être mises en place, dans le Plan wallon des déchets par exemple, pour favoriser chez les citoyens un meilleur tri ? Comment répondre à cet interpellant constat des dangers des cartons recyclés sur l’écologie et la santé humaine ?

Je vous remercie, Monsieur le Ministre

Réponse du Ministre C. DI ANTONIO 

Madame la Députée, le recyclage du papier et du carton est et reste une excellente chose pour l'environnement. Un matériau qui est à la fois renouvelable et qui se recycle de façon aussi performante a toute sa place au cœur de l'économie circulaire.

Chez les ménages, on collecte en Wallonie 192 466 tonnes auxquelles il faut rajouter le tonnage collecté auprès des entreprises, soit près de 139 179 tonnes, sans compter encore les chutes de production des entreprises graphiques. C'est donc un flux de toute première importance dans la politique de recyclage régionale.

Les denrées alimentaires emballées dans les emballages en carton, souvent recyclés, sont effectivement susceptibles de contenir, en faibles quantités, des hydrocarbures d'huiles minérales aromatiques, des hydrocarbures saturés et d'autres substances chimiques.

En réalité, la contamination par de l'huile minérale des produits emballés peut provenir de diverses sources et avoir lieu à différents moments de la chaîne d'approvisionnement alimentaire soit lors de la récolte, de la production, de la transformation, de la manutention, du transport ou encore du stockage.

Une combinaison de ces différentes sources est également possible. L'utilisation de matières recyclées n'est donc qu'une source potentielle parmi d'autres.

Des solutions existent pour empêcher la migration de telles substances vers les aliments pendant la phase de stockage ou de transport des produits. Le meilleur moyen d'éviter toute forme de contamination est de placer des « barrières fonctionnelles », principalement un sachet en plastique à l'intérieur de l'emballage ou une couche en PET et polyamides. Bon nombre d'industriels utilisent déjà ces barrières efficaces.

Il est en outre recommandé, dans tous les cas, d'utiliser des encres à faible migration et des adhésifs appropriés pour les emballages alimentaires en carton.
Des mesures doivent également être prises en amont, notamment par rapport aux lubrifiants utilisés sur les
machines de récolte et de fabrication.

L'industrie du papier et du carton a publié au niveau européen des directives au sujet des huiles minérales dans les emballages. Les fédérations ont par ailleurs formulé des directives sectorielles pour les matériaux et objets en contact avec les aliments, notamment la sélection des matières premières, les mesures visant à contrer la migration et bonnes pratiques de fabrication.
Appliquées rigoureusement, ces mesures visent à mettre sur le marché des emballages alimentaires sûrs.

L'industrie prend donc les mesures nécessaires en fonction des applications afin d'empêcher toute migration. Elle a ainsi mis en œuvre des systèmes de contrôle perfectionnés pour garantir la qualité des produits, qui font régulièrement l'objet d'inspections de l'AFSCA.

Entre temps, et parce qu'il s'agit d'une matière fédérale, une enquête sur l'exposition aux huiles minérales via la nourriture a été lancée en 2015. Les premiers résultats sont attendus au printemps 2017 sur la mesure de la réalité de l'exposition d'huiles minérales via la nourriture.

L'industrie réclame depuis longtemps une législation européenne harmonisée qui puisse fixer de façon uniforme les règles et les normes pour tous les États membres, une demande que l'on ne peut que soutenir.
 

Réplique de la Députée M. VANDORPE

Monsieur le Ministre, je vous remercie pour ces réponses précises, notamment par rapport aux encres. Maintenant que reste cette partie sensibilisation aussi pour les ménages de faire correctement le tri. Je pense que ce reportage était interpellant aussi à ce titre là où l'on voit que quand cela arrive dans les centres, le tri est encore plus que conséquent à faire, parce que l'on y retrouve tout et n'importe quoi.

Ce genre de reportage a un effet un peu choc – comme d'autres en ce moment – et peut être qu'utiliser des extraits de ce reportage ou en tout cas des signes montrant les difficultés qu'il peut y avoir si le tri n'est pas fait correctement peut peut être marcher sur le citoyen. Je ne doute pas que dans vos campagnes de sensibilisation, ce genre d'élément sera pris en compte.