Les enjeux des Etats Généraux de l’alternance

La formation en alternance est une compétence partagée entre Communautés et Régions. J’ai interrogé jeudi la ministre de l’Education. Vous me permettrez d’éclaircir certains points avec vous.

La DPR annonce la tenue d’« Etats-généraux de la FA ». Il s’agit notamment d’identifier les freins qui l’entravent, les leviers à actionne, de déterminer les périmètres respectifs de l’alternance et de l’enseignement.
Comment concevez-vous ces Etats-généraux ? Qui y sera convié ? Un calendrier est-il envisagé ?  Devons-nous en attendre les conclusions pour débattre de mesures concrètes ? Je songe notamment à des mesures propres à responsabiliser les employeurs, à augmenter le nombre des places de stage ?

Je suis en outre très attentive à la question du « point d’entrée » dans l’alternance. La majorité prône cette possibilité pour l’élève ayant atteint l’âge de 15 ans au cours du premier quadrimestre et qui aura suivi la deuxième année du secondaire. On ne précise pas s’il doit avoir réussi ladite année ni s’il a la possibilité d’obtenir le certificat du tronc commun au cours de son parcours scolaire. Pouvez-vous me dire comment vous avez prévu d’organiser ce parcours ?

Actuellement, la FA les jeunes est assurée par les CEFA et les centres IFAPME… Les acteurs de l’enseignement, dans l’avis n° 3 du Pacte, avaient demandé que les « Gouvernements tranchent la question des périmètres respectifs des secteurs de l’enseignement et de la formation, en particulier en ce qui concerne l’alternance, et la question des synergies ». Il s’agit de savoir qui fait quoi et d’éviter des concurrences stériles.
Des contacts avaient été pris entre cabinets, mais n’ont pas abouti à une décision. Quand allez-vous prendre langue avec votre collègue ?
Parmi les acteurs évoqués dans la DPR, on ne mentionne pas l’OFFA, outil essentiel de la coopération francophone… Pourquoi ?

Je vous remercie.

Réponse du Ministre BORSUS

Madame la Députée, comme vous l'avez très justement souligné, l'accord de gouvernement prévoit de traiter de différentes questions, que vous évoquez au travers d'un point spécifique dédicacé à cette importante question de la formation en alternance.

C'est en concertation avec tous les acteurs de la formation en alternance que les états généraux de l'alternance seront organisés. Nous n'avons pas encore – vous ne vous en voudrez certainement pas à cet égard – défini les périmètres, les modalités, la liste, et cetera, mais on va s'atteler dans les prochaines semaines à déjà tracer, esquisser et préciser l'ensemble de la dynamique des acteurs impliqués et de la méthodologie à mettre en œuvre.

Vous le soulignez également, c'est à travers une concertation étroite avec ma collègue dans un premier temps et entre la Région wallonne et la Fédération Wallonie-Bruxelles et nos interlocuteurs concernés et aussi la Cocof que nous pourrons mener ce dossier à bien. Il est totalement dans mes intentions de mener l'ensemble des réflexions en parfaite intelligence avec l'ensemble de mes collègues à tous les niveaux – à la Région, à la Fédération et aussi dans le prolongement à la Cocof – pour mener à bien ce dossier délicat.

Les périmètres respectifs, c'est une des questions importantes entre la formation en alternance organisée par l'IFAPME, son homologue bruxellois, l’enseignement en alternance ainsi que d'autres questions comme l'organisation du parcours d'apprentissage, et cetera. Il y a beaucoup de portes d'entrée dans ce dossier.

La Déclaration de politique régionale a posé des balises, mais pas toutes les balises de ce dossier. Nous avons prévu, dans notre accord de gouvernement, de favoriser la reconnaissance automatique, par exemple, des certifications entre les opérateurs à partir d'objectifs d'apprentissage équivalents, de rechercher les passerelles entre opérateurs de proximité pour assurer le continuum de l'apprentissage en faveur des apprenants. Nous avons prévu aussi de nous approprier un certain nombre de réflexions antérieurement menées, mais aussi d'expériences pilotes, vous l'avez évoqué.

C'est en menant tout ce travail d'état des lieux, tout d'abord, de fixation des méthodologies, des concertations, que nous ambitionnons de travailler.

Par ailleurs, nous avons aussi un regard sur les attentes, un regard très attentif du monde de l'entreprise, puisqu'il y a des demandes très fortes en termes notamment de rencontre des besoins de qualification, de ressources humaines, dans une série de filières aujourd'hui en pénurie, mais aussi dans des métiers ou dans des filières émergentes pour le futur.

D'autre part, nous ambitionnons également d'avoir un travail qui anticiperait des besoins de formation en ce qui concerne les secteurs à haute croissance, à haute densité, à haute valeur sociétale et dont les perspectives sont elles-mêmes émergentes pour le futur.

Il y a du pain sur la planche, surtout du travail à côté du pain sur la planche. Dans ce contexte, vous avez justement relevé que la Déclaration de politique communautaire prévoit de favoriser la piste de l'accès des jeunes à l'alternance qui atteignent l'âge de 15 ans au cours du premier quadrimestre de l'année scolaire. Cela veut dire que l'on anticipe la possibilité d'entrer plus tôt dans l'alternance.

Je rappelle que nous devrons articuler tout cela avec l'ensemble des autres législations, avec par ailleurs d'autres modifications prévues dans notre Déclaration de politique régionale ou dans la DPC. Jusqu'à présent, nous n'avons pas encore mis en œuvre cela, mais j'ai l'intention de rencontrer mes collègues et mon interlocutrice principale, la Fédération WallonieBruxelles, pour préparer tout cela.

Il faudra que vous nous donniez encore un peu de temps, de manière à ce que l'on puisse vous proposer une réponse plus structurée à l'ensemble des questions par ailleurs légitimes que vous vous posez.

Je termine en indiquant que vous avez relevé le rôle de l'OFFA. On ne l'a pas cité, peut-être a-t-on oublié d'autres noms dans la DPR, mais on l'a bien à l'esprit. Vous avez dit, en quelques mots, ce qu'il y a lieu de dire sur l'OFFA, c'est-à-dire que la structure existe, mais peut nettement mieux faire en termes de structure, de coordination et de pilotage. Cela fera partie aussi, me semble-t-il, de l'agenda de travail.

Je vous remercie de votre attention pour ce dossier passionnant et prioritaire. Pour ne rien vous cacher, si l'on n'a pas encore commencé plus avant au-delà de ce que je viens d'indiquer, c'est parce que l'on doit avoir l'état des lieux complet. Puis, je devais aussi me consacrer à la situation interne de l'IFAPME qui nécessite quelques efforts complémentaires.

Dans les tout prochains jours et avec beaucoup de volontarisme, on va mener les premières étapes complémentaires du travail attendu de votre serviteur, mais aussi de ses collègues.

Réplique de la Députée M.-M. SCHYNS

Je reviendrai avec des questions plus spécifiques sur ce dossier que je vais suivre de très près, parce que c'est un des enjeux importants. Je le suivrai dans les deux parlements.

Ma première suggestion est directement constructive. Vous avez parlé de la méthodologie pour organiser les états généraux – qui vous allez inviter, comment cela allait se passer, et cetera –, mais ne pourrait-on pas, quand vous avez un premier projet de la méthodologie, réunir les deux commissions, conjointes, d'un côté la Commission de l'éducation et de l'autre celle-ci ? Je crois que le dossier est tellement intrinsèquement articulé entre les deux entités que, si l'on fait des états généraux sur l'alternance, que l'on mette directement tout le monde autour de la table ensemble.

C'est donc ma première suggestion et elle se veut vraiment constructive. C'est vrai que de là, pourra alors découler une clarification sur le périmètre. Je n'en veux à personne de ne pas pouvoir, aujourd'hui, ou même dans trois mois, définir le périmètre. On a sans doute besoin de travailler ensemble pour y arriver.

La proposition est donc celle-là : essayons d'avoir une méthodologie qui serait la même pour tout le monde.