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Les jeunes à la frontière entre les secteurs de l’aide à la jeunesse, du handicap et de la santé mentale

30 avril 2013│ Interpellation de A. TANZILLI à la Ministre TILLIEUX - Réponse disponible

Madame la Ministre,
Le 29 mars dernier, notre groupe a participé à la journée de réflexion « Un jardin pour tous » à Charleroi. A ce titre, je souhaite vous interroger sur le sort et la prise en charge des jeunes qui se situent à la frontière des secteurs de l’aide à la jeunesse, du handicap et de la santé mentale, sans y trouver une réponse stable et cohérente à leurs besoins.

On peut estimer que 3 à 5% du public de l’aide à la jeunesse sont des jeunes sans solution appropriées. Il faut ajouter à cela les « mal casés », c’est-à-dire les jeunes handicapés, sans dossier AJ.

De nombreux jeunes en souffrance sont rejetés d’un secteur à l’autre sans trouver de réponse adéquate à leurs besoins. Ces jeunes sont d’ailleurs souvent qualifiés par les acteurs de terrain comme les jeunes dits « incasables », triste qualificatif mais révélateur...
Cette errance entre différents services aggrave leur situation, perturbe leur psychisme et hypothèque en ce sens leur avenir. En marge de ce constat, apparaît de plus en plus l’hypothèse, si nous en jugeons les expressions de nombreux acteurs de l’AJ, selon laquelle la proportion de jeunes en profond mal être psychologique, voire ayant tendance à l’autodestruction, par rapport à ceux qualifiés de délinquants, est en constante augmentation.

Les blocages relevés au sujet de cette problématique sont les suivants : les différences de cultures professionnelles entre les secteurs, l’appel à l’aide trop tardif d’un service, la procédure d’admission en santé mentale qui exige que le jeune soit demandeur.

Ceci doit nous amener à réfléchir aux modifications à opérer quant aux types de prises en charge. Nous aimerions vous entendre sur cette évolution, qui est selon nous d’une importance considérable, tant quant à l’analyse sociologique que quant à la nécessaire redéfinition des prises en charge à renforcer.

Un protocole de collaboration entre l’AWIPH et la Direction Générale de l’Aide à la Jeunesse (DGAJ) a déjà vu le jour afin de formaliser et d’améliorer les collaborations entre ces deux secteurs. Il constitue sans aucun doute une belle avancée dans la prise en charge de certains jeunes, mais cela reste néanmoins insuffisant, au regard de la complexité des cas en présence.
La DGAJ a, dans son allocution du 29 mars dernier, souligné la nécessité de s’élargir au secteur de la santé mentale, en développant un plan d’actions qui conjugue les réflexions des trois secteurs concernés, et en adoptant un protocole de collaboration tripartite. Nous pensons également que des prises en charge pertinentes et efficientes passent notamment par un protocole tripartite. Madame la Ministre, un protocole de collaboration entre les trois secteurs est-il selon vous envisageable ? Quelle est votre analyse sur le sujet ? Un tel protocole est-il effectivement en préparation ?

Vu les différents niveaux de pouvoirs concernés, votre collègue à la Fédération Wallonie- Bruxelles, la Ministre Huytebroeck, en charge de la Jeunesse et de l’Aide à la Jeunesse, avait précédemment annoncé vouloir reprendre les discussions avec le Fédéral sur ce sujet. Elle avait ainsi affirmé sa volonté de voir mis sur pied un groupe de réflexion qui associerait les cabinets concernés. Dès lors, pouvez-vous me dire si un groupe de réflexion a effectivement été créé, dans l’optique d’améliorer la prise en charge de ces jeunes ? Quels sont les acteurs politiques concertés dans ces discussions, et qu’en ressort-il ?

Par ailleurs, né du protocole de collaboration entre l’AWIPH et la DGAJ, le groupe de travail « un jardin pour tous », composé de représentants du secteur de l’AJ, de l’AWIPH mais aussi de la santé mentale, présente l’intérêt indéniable de s’ouvrir au secteur de la santé mentale. De l’analyse comparative de la littérature concernant les jeunes en situation complexe menée par ce groupe de travail, huit recommandations ressortent : renforcer le travail en réseau et la formalisation de protocoles ; privilégier le travail en milieu de vie ou en ambulatoire ; encourager le travail avec la famille ; faire de la prévention pour ne pas construire la complexité ; outiller davantage les services de première ligne ; disposer d’une aide de crise et/ou d’urgence ; assurer la continuité et la cohérence ; soutenir la formation (y compris l’intervision et la supervision). Parmi ces différentes recommandations, lesquelles estimez-vous être les actions prioritaires à mettre en œuvre Madame la Ministre ?

On apprend aussi que des initiatives locales existent, et que des collaborations, voire des conventions entre les trois secteurs, voient le jour, mais malheureusement sans aucune valeur juridique… Elles dépendent donc de la bonne volonté des acteurs de terrain et de leur institution. C’est à ce titre qu’un protocole de collaboration entre les trois secteurs permettrait à ces initiatives locales de trouver un cadre structurant, formel, soutenant, etc. Il est très important que les professionnels se sentent soutenus dans leurs démarches.
Mais outre cette idée d’un protocole tripartite qui devrait s’inspirer des initiatives déjà mises en œuvre, pouvez-vous nous dire Madame la Ministre, comment notre Région soutient-elle actuellement, ou comment compte-t-elle soutenir dans un futur proche, ces initiatives locales, sans pour autant toucher à la créativité dont font preuve les acteurs de terrain face à des jeunes qui requièrent une prise en charge complexe et multisectorielle ?

Par ailleurs, des pistes de solutions ont émergé des ateliers et séminaires organisés durant cette journée de réflexion : On peut ainsi citer l’idée d’objectiver le nombre de situations pour lesquelles les professionnels ne trouvent pas de solution adéquate. En somme, il s’agirait d’un travail de recensement de ces situations. Madame la Ministre, ce travail de recensement est-il actuellement envisagé au niveau de l’AWIPH ?

Aussi, l’idée d’avoir, à un échelon plus local, un groupe de professionnels issus des trois secteurs différents a été émise. L’objectif de ce groupe serait d’examiner les « dossiers » complexes, et de proposer une prise en charge multisectorielle en fonction des services disponibles dans les environs. Si certaines initiatives locales existantes s’approchent de cette logique de « travail », il conviendrait de pouvoir les soutenir. En effet, les professionnels s’accordent sur le fait qu’une prise en charge adéquate de ces jeunes requiert une solution organisée et construite par plusieurs services. La solution ne viendrait pas d’un seul service mais d’une combinaison de plusieurs services. Quel est votre point de vue sur cette piste de solution quant à une prise en charge nécessairement multisectorielle ? Constituerait-elle selon vous la solution à privilégier ? La nécessité de soutenir et d’encadrer les collaborations entre les trois secteurs concernés est donc ici aussi confirmée.

Ensuite, une autre réflexion issue de cette journée est la nécessité de doter ces trois secteurs de références et représentations communes afin d’accroître l’efficience des collaborations… Le groupe de travail « un jardin pour tous » va devoir s’atteler à notamment trouver une définition commune de la notion de crise et d’urgence, ainsi que du travail en réseau. La question de la contrainte sera également abordée. Ce travail a-t-il pu avancer ?

Le cdH souhaite aujourd’hui, vous l’aurez compris, rappeler et insister sur l’urgence, et sur la nécessité de jeter des ponts entre les secteurs de l’aide à la jeunesse, du handicap et de la santé mentale. Il convient aussi de soutenir les professionnels, en formalisant les collaborations tout en maintenant leurs marges de manœuvre et leur créativité afin de trouver des prises en charge qui répondent aux besoins de ces jeunes en errance.

Je vous remercie

 

Réponse de la Ministre E. TILLIEUX

 

Monsieur le Député, vous avez déjà, dans votre interpellation, retracé l'évolution des réflexions et des travaux concernant la population de jeunes qui se trouve à la limite du champ de ces trois secteurs.
 

Ces jeunes en situation de souffrance méritent effectivement que des prestations communes et coordonnées leur soient proposées.
 

Les trois secteurs concernés sont déjà à l'oeuvre ensemble, ce qui a permis de mettre sur pied cette journée du 29 mars sur ce sujet qui mobilise mon attention et mon intérêt.
 

Vous insistez sur l'urgence et la nécessité de jeter des ponts entre les secteurs de l'aide à la jeunesse, du
handicap et de la santé mentale. Je peux dire que nous sommes déjà plus loin que de simplement jeter des
ponts.
 

La Santé mentale a été intégrée au groupe de travail « Un jardin pour tous » dès sa création, en octobre 2011.
En 2011, également, l'AWIPH et les Services de Santé Mentale, avec la DGO 5, ont mené une enquête en
collaboration avec l'Institut Wallon de la Santé Mentale, devenu CRéSaM, sur la prise en compte des besoins des personnes handicapées par les Services de Santé Mentale. Les Services de Santé Mentale sont, en effet, en première ligne pour pouvoir réaliser les examens et les bilans concernant les personnes handicapées et, en particulier, les jeunes.
 

La DGO5 et l'AWIPH ont organisé, ensemble, des journées de rencontre des deux secteurs, en 2012, dans
chaque Province wallonne, avec des ateliers qui se sont réalisés en pleine synergie.
 

L'AWIPH collabore, depuis 2009, avec le SPF Santé publique, Direction Santé mentale, pour soutenir les
cellules mobiles d'intervention dont trois, au moins, s'occupent de mineurs d'âge et intègrent dans leurs
actions l'aide à la jeunesse, qui est un de leurs partenaires privilégiés.
 

Ainsi, le Service d'aide à l'intégration « L'Entretemps » est actuellement financé par les trois secteurs, car il est totalement dédié à ces jeunes et travaille, essentiellement, comme les cellules mobiles d'intervention, dans les milieux de vie.
 

Le groupe de travail « Un jardin pour tous » s'est réuni pendant plus d'une année et les résultats de ces
travaux ont été présentés le 29 mars.
 

Un rapport sur l'avancement des réflexions a été remis en septembre 2012 au comité stratégique, chargé
de veiller au bon développement du protocole d'accord, protocole d'accord qui existe donc et qui a été signé le 29 octobre 2010 entre la Direction générale de l'aide à la jeunesse et l'AWIPH. Le rapport énonce des
propositions pour la poursuite de la collaboration et, parmi ces propositions, nous retrouvons :
– une définition commune de la notion de crise et d'urgence ;
– une définition commune du travail en réseau ;
– la question de la contrainte ;
– la responsabilité partagée et la prise de risque ;
– et enfin, les initiatives locales.
 

Ces 5 éléments constituaient les thèmes des ateliers du 29 mars dernier. Ils seront au coeur des futures
réflexions et des travaux du groupe « Un jardin pour tous ».
 

Pour les deux premiers, je dirais que c'est la fréquentation des uns et des autres, des échanges et d'expérience qui vont permettre d'atteindre l'objectif.
 

La contrainte, troisième sujet, est un sujet difficile.
En effet, elle n'a pas la même signification pour un psychiatre, un travailleur social ou un juriste.
Cependant, elle est bien présente. C'est un principe de réalité partout. Plutôt que de la voir comme un obstacle insurmontable, il faut parfois la considérer comme un instrument « ultime » à mettre en oeuvre dans la recherche de solutions.
 

La responsabilité partagée, c'est à la fois une question libératrice, parce que l'on n'est plus seul, mais c'est aussi une question angoissante. En effet, elle implique d'abandonner une part de son pouvoir. Quant à la prise de risque, elle doit être mesurée, car, si elle est nécessaire à l'apprentissage de la vie que les jeunes
doivent expérimenter, il ne faut pas oublier que ces jeunes, souvent blessés ou abîmés, doivent aussi être
protégés et soutenus.
 

Vous abordez aussi les initiatives locales. Nous savions qu'elles existaient, mais elles n'étaient pas toujours très visibles. La journée du 29 mars avait, parmi ses objectifs, de repérer les initiatives, de les inventorier et de participer à mieux les connaître. C'est une mission accomplie. Il y en a sur tout le territoire et, si elles ne sont pas toujours formalisées, elles sont actives, riches et variées.
 

Pour n'en citer que deux :
– En Hainaut occidental, des intervisions entre de très nombreux services divers se tiennent depuis plusieurs années, à l'initiative, notamment, de la plateforme de santé mentale picarde – l'AWIPH soutenant financièrement ces activités ;
– la deuxième, c'est en Brabant wallon, l'aide à la jeunesse, la santé mentale et l'AWIPH se réunissent depuis longtemps et viennent de mettre sur pied une plateforme d'étude de cas, initiative de travail très concret pour aboutir à des solutions communes et concertées.
 

Le groupe faîtier « Un jardin pour tous » se veut être pour elles un relais, un soutien et, finalement, une
ressource.
 

Vous soulevez la question de l'intervention multisectorielle, la solution construite pour plusieurs services.
 

Bien entendu, ce que l'on préconise doit être soutenu et rendu possible.
 

Actuellement déjà, si les textes, les réglementations et les subsides des différents secteurs sont parfois
incompatibles ou exclusifs, il est cependant déjà possible, pour les services agréés par l'AWIPH, d'obtenir l'allègement, voire la suppression, de certaines contraintes, en sollicitant auprès de l'AWIPH un projet original individuel, par exemple.
 

Je terminerai en vous informant qu'un groupe de travail issu de la Conférence interministérielle Santé organise également une réflexion sur une réforme des mineurs, à l'instar du numéro 107 pour adultes et de
différents acteurs, en ce compris, ceux issus du champ du handicap et de l'Aide à la jeunesse seront amenés à participer à ce groupe de travail qui a été mis sur pied récemment.
 


Réplique du Député A. TANZILLI

 

Madame la Ministre, je vous remercie pour votre réponse détaillée et complète.
J'insiste sur la question du momentum, à la fois en raison du transfert de compétences, mais aussi parce que cette collaboration entre les trois secteurs qui a vu le jour dès 2009 commence à réellement porter ses fruits. Vous l'avez dit, la journée du 29 mars a été l'occasion de mettre en évidence un certain nombre de bonnes pratiques et d'expériences innovantes.
 

Je pense donc que c'est le moment où vous pouvez intervenir en collaboration avec vos autres collègues
ministres pour donner une nouvelle impulsion, à la fois via ce protocole tripartite, parce que vous avez raison de dire que la santé mentale est associée dans le groupe de travail, mais on a bien senti, entre autres, à la journée du 29 mars, que c'était quand même un monde qui était encore fort différent des deux autres et qu'il allait être plus difficile de les mettre d'accord sur un référentiel commun, sur des manières de travailler différentes. De plus, c'est encore une compétence, en grande partie, fédérale. Il y a donc vraiment des méthodes de travail qui sont différentes.
 

Profitons de ce transfert de compétences pour, à votre initiative et à l'initiative de votre collègue en charge de la jeunesse, aller plus loin dans l'encadrement des pratiques innovantes, dont le protocole entre ces trois secteurs et sur des avancées qui peuvent paraître plus techniques ou administratives, comme celle du
recensement, mais qui donnera une meilleure vision du secteur.
 

On sait très bien que ce genre de travail ne peut être réalisé que si des moyens spécifiques sont mis à disposition. Ce ne sont pas les acteurs de terrain qui, en plus de leur travail de tous les jours, vont pouvoir
entamer – ils n'en ont peut-être même pas les outils méthodologiques – ce genre de travail de recensement.
 

Nous continuerons à être attentifs sur ce sujet, tout en étant particulièrement heureux de l'avancée de ce
dossier et de l'attention que vous lui accordez.
 

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