La commémoration de la Première Guerre mondiale en province du Luxembourg

Monsieur le Ministre,

A un peu plus d’un an du début des cérémonies commémorant le déclenchement de la Première Guerre mondiale, un nombre croissant d’associations font part de leur déception par rapport aux choix posés par les responsables du comité national de commémoration. Ce sentiment est particulièrement marqué en province du Luxembourg.
 

Ainsi les villages martyrs du Luxembourg ont-ils été totalement écartés de la liste des lieux officiels de commémoration. Pourtant la Bataille des frontières, qui s’est déroulée entre les 21 et 23 août 1914, constitue l’un des épisodes les plus sanglants du premier conflit mondial et, à l’instar des batailles de Liège, Mons ou Charleroi, marque un moment important de l’invasion de la Belgique.

Si l’on peut comprendre sans peine que des choix doivent être posés et que l’on ne peut allonger à l’infini la liste des commémorations, je déplore la mise à l’écart de ces villages particulièrement meurtris par ces combats et où, depuis 99 ans, le souvenir de ces événements demeure particulièrement vivant.
 

Pourtant sur le terrain, des initiatives voient le jour afin de commémorer dignement ces événements et méritent largement une plus grande médiatisation.

Monsieur le Ministre :

- Envisagez-vous d’interpeller le comité national afin de corriger cette mise à l’écart ou, à tout le moins, faire en sorte qu’il relaie ces initiatives ?
- Au niveau régional, outre la grande exposition de commémoration, est-il envisagé de soutenir les initiatives locales et de coordonner celles-ci afin de leur donner une visibilité ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Réponse du Ministre-Président R. DEMOTTE le 19/07/2013
 

Avant tout, je tiens à rejoindre l'honorable membre pour souligner l'importance des combats d'août 14 en Province de Luxembourg et pour insister sur la gravité des violences de guerre qui y furent perpétrées contre les civils. Ces événements, qu'on pourrait croire anciens à la veille d'un centenaire, sont présents dans la conscience collective.

En réponse à la première question, nous ne pouvons cependant que dire que la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles ne sont pas responsables des choix posés par le Fédéral et n'ont pas de prises sur eux.

De même, nous ne sommes pas responsables des choix posés au moment de la mise en place du réseau des villes martyres qui, effectivement, « oublie » le Luxembourg. Un fait qui est à déplorer et qui est, nous le savons, mal vécu par les régions concernées.

Ceci étant, une fois le constat posé, la question est de savoir ce qu'il est possible de faire pour y remédier.

Au niveau fédéral, les communes et associations luxembourgeoises peuvent toujours introduire un dossier dans le cadre de l'appel à projets qui se clôturera bientôt. De même, elles peuvent faire connaître leurs initiatives dans l'agenda du site fédéral. Le cas échéant, je suis prêt à appuyer les démarches qui seraient effectuées vers ce niveau.

Notons cependant au passage qu'un premier geste fort a d'ores et déjà été posé, en février dernier, par l'inauguration, à Arlon, d'une stèle en l'honneur des victimes civiles du Luxembourg, par l'ambassadeur d'Allemagne qui a prononcé un discours exprimant ses regrets pour ces événements.

Concernant les actions locales, bon nombre d'initiatives sont à saluer, ainsi que le dynamisme des intervenants luxembourgeois. Une coordination efficace est déjà assurée par la province et la Fédération du tourisme du Luxembourg qui ont, notamment, déjà édité une carte « 14-18 Bataille des frontières » et offrent une partie consacrée aux traces du conflit sur son site Internet.

Concernant l'action de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, les initiatives luxembourgeoises seront annoncées et répercutées sur le site officiel des commémorations, dans l'agenda qui sera créé pour valoriser les actions organisées dans les deux régions.

Il y a également des initiatives qui sont soutenues dans le cadre du « décret mémoire » de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Ainsi, la Fondation MERCi, reconnue comme centre labellisé, développe parmi ses actions un volet « 14-18 », via notamment des appels à projets.

Dans ce cadre, deux projets de « Parcours 14-18 » ont été reconnus et financés dans le Luxembourg :
* le premier, à Rossignol, est déjà accessible ;
* l'autre, à Hanloy, sera inauguré le 11 novembre prochain.

Par ailleurs, dans le cadre de l'appel extraordinaire « 14-18 » du décret, trois projets déposés par des écoles ou des associations luxembourgeoises ont été reconnus et financés :
* des recherches sur des habitants de la commune et une exposition à Habay,
* une exposition à Etalle,
* et une exposition et des activités théâtrales à Ethe/Virton.

Par ailleurs, nous pouvons maintenant annoncer que, dans le cadre de l' « appel à projets en vue de la mise en valeur de sites, traces ou l'organisation d'événements de grande envergure », deux projets luxembourgeois ont été retenus et seront, dès lors, soutenus :
* à Herbeumont pour une exposition, un spectacle et la mise en valeur de sites
* et à Virton, pour le musée de la Guerre en Gaume, à Latour.

S'y ajoutent également différents projets reconnus dans le cadre de l'appel « cimetières » du Ministre du Patrimoine.

Et de l'appel « équipements touristiques » lancé par le Ministre Furlan.

Enfin, de nouveaux appels à projets de même nature seront encore lancés prochainement.

Les opportunités d'apporter à la Province de Luxembourg l'attention qui lui revient seront donc encore nombreuses. J'incite dès lors chacun à les saisir et tiens à confirmer que la volonté du Gouvernement wallon est de voir chacun de nos territoires frappés par le conflit participer à ces commémorations, qui renvoient à des valeurs universelles à travers leur enracinement dans des réalités locales, intimement vécues par les populations.