La première évaluation de la saison de la Chasse

Monsieur le Ministre,

Deux mois après l’ouverture de la saison de la chasse, je souhaiterais pouvoir vous demander de dresser un premier bilan à mi-parcours.

Les données désormais disponibles de la saison cynégétique 2012-2013 ont permis de constater que les mesures que vous avez adopté en vue de réduire les populations de grands gibiers, dont la si controversée réglementation sur le nourrissage du grand gibier, commençaient à porter leurs fruits. Les chiffres indiquent une hausse moyenne de 11% du taux de prélèvement sur les territoires « points noirs » et une augmentation de 15% de la mortalité des sangliers, principaux accusés des dégâts causés aux cultures et aux propriétés privées.
Pour ce qui concerne la saison en cours, les premiers bilans dressés semblent attester d’une réduction du gibier dans les bois. Cependant des inquiétudes sont exprimées concernant les dégâts aux cultures.

Monsieur le Ministre :

- Disposez-vous de données pour les deux premiers mois de cette saison ? Constatez-vous une évolution des chiffres ?
- Sur base de ceux-ci, les titulaires de territoire seront-ils en mesure de remplir cette saison les objectifs fixés ?
- Combien de demandes d’autorisation de nourrissage à titre dissuasif avez-vous reçu ?
- Sur base des informations en votre possession, constatez-vous une évolution des dégâts dans les cultures ?
- Au terme de la saison, une évaluation des mesures, en concertation avec l’ensemble des acteurs de ce dossier, sera-t-elle réalisée ?

Je vous remercie pour vos réponses.

Réponse du Ministre C. DI ANTONIO le 19/12/2013

Nous sommes actuellement au deux tiers de la saison de chasse au grand gibier.

Je suis donc très surpris que l'honorable membre puisse déjà annoncer « une réduction du gibier dans les bois sur base des premiers bilans ». Ne disposant moi-même actuellement d'aucun bilan, je pense qu'il est hasardeux de vouloir interpréter des informations, forcément partielles, qui nous parviennent sous forme de rumeurs et d'impressions.

Comme chaque année, j'entends des chasseurs se plaindre du manque de gibier dans les forêts. Dans certaines régions par contre, on m'annonce que les sangliers sont bien présents? Il est donc beaucoup trop tôt, selon moi, pour pouvoir dès maintenant annoncer une tendance claire notamment pour les sangliers même si le nombre de sangliers livrés jusqu'à présent aux ateliers de découpe semble en diminution d'un tiers par rapport à l'année cynégétique précédente. Il est à préciser aussi que les modifications réglementaires en matière de nourrissage, particulièrement l'interdiction du maïs, ne permettent plus de concentrer artificiellement le grand gibier sur certains territoires comme auparavant et ont entrainé une meilleure répartition du grand gibier sur tout le territoire wallon.

En ce qui concerne l'espèce cerf en particulier, espèce soumise à des plans de tir légaux, un premier bilan a été dressé au 1er décembre 2013. 67 % du prélèvement minimum imposé en cerfs non boisés a été réalisé à cette date, contre 66 % pour l'année précédente à la même date. En ce qui concerne les prélèvements des cerfs boisés, nous sommes actuellement à 79 % du prélèvement minimum imposé.

Afin de permettre aux chasseurs de réaliser au mieux les minima de tir en boisés et non-boisés imposés pour cette espèce durant l'année cynégétique 2013-2014, le gouvernement, à mon initiative, a prolongé la chasse à l'approche et à l'affût de l'espèce cerf durant le mois de janvier 2014.

Concernant les dégâts dans les cultures, il est aussi très difficile d'avoir une vision globale et objective en cours de saison.

Depuis 2008, l'utilisation de plus en plus systématique d'un logiciel d'estimation des montants des dégâts de la grande faune par un grand nombre d'experts nous permet d'avoir une meilleure image de l'importance réelle des dégâts agricoles, même si une partie se règle toujours de manière discrète, à l'amiable, entre les agriculteurs et les chasseurs. Un retour d'information des experts vers l'administration est bien prévu mais à une fréquence annuelle, sur base de l'année civile.

J'aurai donc des chiffres à donner, mais pas avant le premier trimestre 2014 en ce qui concerne les dégâts de 2013.

Enfin l'honorable membre m'interroge sur le nombre de demandes d'autorisation de nourrissage dissuasif. L'administration a reçu 71 demandes de titulaires de territoires points noirs « 75 », c'est-à-dire de territoires dont les prélèvements étaient supérieurs ou égaux à 75 sangliers aux 1 000 ha durant la période de référence 2009-2011. Parmi eux, 69 ont été autorisés à pratiquer le nourrissage dissuasif entre le 1er octobre 2013 et le 31 mars 2014.

Je rappelle aussi que tous les autres territoires de chasse peuvent continuer à nourrir cette année cynégétique durant la période comprise entre le 1er octobre et le 31 mars, s'ils le souhaitent, après un simple avertissement de l'administration, et ce, en vertu des dispositions dérogatoires temporaires.