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Les rémanents forestiers

20 avril 2010 │Question écrite de M. André BOUCHAT à M. le Ministre Benoît LUTGEN. Réponse disponible

Monsieur le Ministre,

La production d’énergie à partir de cette ressource renouvelable qu’est le bois risque de poser de graves problèmes pour l’environnement si on n’impose pas rapidement, par des dispositions légales ou réglementaires ou par circulaires, des mesures correctives.

En effet, j’apprends que sur le terrain, certaines entreprises forestières organisent, pour alimenter leur projet de cogénérations, la récolte de rémanents forestiers déchiquetés sur place et enlevés par camions.

Un agent de la DNF a même constaté que dans des éclaircies de résineux, une entreprise chargeait les arbres, sans les ébrancher, direction broyeur, et allait même jusqu’à enlever des souches.

Le Président de la S.R.F.B., Monsieur Terlinden, a fait paraître un article sur les rémanents et résidus forestiers qui s’intitulait « Jusqu’à la dernière brindille ? ».

L’enlèvement des souches peut paraître anecdotique mais lorsqu’on constate que dans les pays scandinaves, les pays baltes, la récolte des souches comme la récolte des rémanents est devenue une véritable industrie, on doit se poser la question si ces pratiques, en risquant de se généraliser, n’auront pas des conséquences irrémédiables sur la qualité de nos sols en raison de trop fortes exportations d’éléments minéraux qui peuvent entraîner, à long terme, une baisse de leur fertilité et une atteinte à la biodiversité.

En effet, la teneur en éléments minéraux des branches et des feuilles est particulièrement importante, beaucoup plus que dans le tronc de l’arbre exploité.

L’exploitation des rémanents entraîne une exportation d’éléments nutritifs de 1,5 à 3 fois plus importante qu’une coupe forestière habituelle.

Tout ceci sans compter que ces nouvelles techniques diminuent la protection contre l’érosion des sols et les dégâts de tassement des sols dus aux passages des engins forestiers.

En vous exposant cette problématique nouvelle, je ne veux, en aucun cas, paraître contre la production d’énergie à partir de cette ressource renouvelable qu’est le bois.

Ma volonté est donc d’attirer l’attention du Ministre de la Forêt en lui demandant jusqu’où peut-on répondre à l’enjeu économique de la production durable d’énergie sans mettre en péril l’équilibre de l’écosystème forestier wallon ?

Actuellement, le cahier général des charges des exploitations en forêt soumise précise que les rémanents tels que les branches de moins de 4 cm de diamètre doivent être maintenus sur les parterres des coupes.
Mais cette mesure est-elle vraiment appliquée ?

Et pour la forêt privée, je n’ai pas connaissance d’une disposition générale… et le propriétaire privé est-il seulement informé du risque d’appauvrissement des sols.

A mon avis, Monsieur le Ministre, il est temps d’adapter l’exploitation des rémanents aux réserves nutritives des sols.

De façon plus globale, il faut poser la question de la compatibilité ou plutôt des limites des politiques énergétiques avec la préservation de la forêt et la protection de la biodiversité.

D’avance je vous remercie.

Réponse du Ministre Lutgen


Suite à la volonté de recourir davantage aux énergies renouvelables en Wallonie, de nombreux projets ont vu le jour autour du « bois énergie ».

Dès 2005, j'ai été interpellé par les besoins en biomasse forestière nécessaires à ces nouvelles installations de production d'énergie à partir du bois. J'ai donc initié une recherche via l'UCL à ce propos.

De cette étude, nous pouvons retenir quatre grands enseignements :

- la Wallonie mobilise chaque année dans les forêts 3,8 millions de m³ de bois;
- cette quantité correspond à l'accroissement de la forêt gérée durablement;
- les capacités des outils de transformation du bois installés en Wallonie sont de 6 millions de m³;
- les potentialités de biomasse énergie en forêt sont relativement minimes.

En matière de besoin en bois-énergie, je pense tout d'abord qu'il faut bien différencier deux types d'installations.

Au niveau local, plusieurs projets de chaufferie ou réseau de chaleur ont vu le jour, entre autres, par le biais du développement rural. L'alimentation de ces installations peut se faire à partir de production locale sans réel impact sur l'approvisionnement de la filière bois en général.

Il en est évidemment tout autre des grosses unités de production d'électricité à partir de biomasse ligneuse qui, de plus, utilisent le surplus de chaleur produite pour la fabrication de « pellets », produits également destinés à la combustion dans les chaudières ou les poêles à bois. Par leur grande consommation en bois, ces unités de productions ont évidemment un impact significatif sur l'alimentation en matière première des filières traditionnelles de transformation (papier et panneaux).

L'utilisation de la matière première produite dans nos forêts dans la filière énergie ou dans la filière « transformation du bois » (papier, panneaux) est exclusivement liée au marché économique. Certains opérateurs se plaignent que les certificats verts créent à ce niveau des distorsions de concurrence et une certaine tension sur le marché de l'approvisionnement.

C'est la raison pour laquelle j'ai interpellé mes Collègues en charge de l'Energie et de l'Aménagement du territoire afin de les sensibiliser sur le manque de matières pour les nouvelles installations.

J'ai aussi donné instruction aux administrations afin de rechercher d'autres modes de valorisation des matières ligneuses telles que les boisements en essences à haute productivité (saule, peuplier, etc.) dans des zones non productives (abords de zonings, d'autoroutes, etc.), la valorisation des opérations d'entretien des lisières forestières feuillues ou la mobilisation des produits de la taille le long des axes routiers.

Un des corollaires du manque de biomasse ligneuse est bien évidemment le développement d'entrepreneurs forestiers qui proposent de « nettoyer » les parcelles en exploitation en récoltant, même ratissant, les branches et les souches, ce qu'on appelle dans le jargon les rémanents forestiers.

Or, au cours de ces dernières années, des études circonstanciées menées en France par l'Institut technologique FCBA (Forêt, Cellulose, Bois, Ameublement) et en Wallonie par nos universités (UCL, Ulg, FUSAGx) aboutissent à des conclusions invitant à la plus grande prudence les propriétaires et gestionnaires forestiers par rapport au ramassage systématique de toutes les brindilles de la forêt.

Les rémanents constituent des réservoirs d'éléments minéraux. Le recyclage de la matière organique des rémanents libère ces éléments minéraux dans le sol. Ces éléments sont vitaux pour la survie des écosystèmes.

Pour une parfaite information, la plupart de nos sols forestiers portent encore les signes des pratiques agro-pastorales ancestrales menées principalement avant les années 1850 et qui ont au cours du temps contribué à leur appauvrissement minéral.

Dans le contexte actuel d'une gestion durable de la forêt et de la préparation de celle-ci à résister aux changements climatiques, il appartient au gestionnaire forestier d'adopter ces principes de grande prudence.

Effectivement, dans les forêts publiques, le nouveau cahier des charges issu du Code forestier du 15 juillet 2008, mentionne bien la limite de 4 cm de diamètre, en-deçà de laquelle les branches doivent impérativement rester sur le terrain. Cette mesure est donc bien appliquée et soumise au contrôle du Département de la Nature et des Forêts.

Par contre, aucune mesure similaire n'est d'application dans les forêts privées.

Ceci étant, les associations représentant les propriétaires privés développent des modèles de cahier des charges inspirés de ceux utilisés en forêts publiques et des formations des propriétaires privés, soutenues par la Région, attirent l'attention des gestionnaires privés sur ces réflexions et les données de la littérature scientifique.

Par ailleurs, ces questions restent bien d'actualité et continuent d'être l'objet de recherches universitaires (UCL et FUSAGX) dans le 3ème accord cadre de recherche et de vulgarisation forestière 2009-2014, dont le thème général est la « gestion adaptative de la forêt ».

Sur cette base, j'entends mener prochainement une concertation avec les représentants des propriétaires privés afin d'examiner les meilleurs mesures à adopter pour assurer la préservation et la durabilité de nos belles forêts wallonnes.
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