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La connaissance des langues en Wallonie

20 juin 2006 | Question orale de M. Damien YZERBYT à Mme la Ministre Marie ARENA

M. Damien YZERBYT (cdH)


C'est avec intérêt que j'ai suivi les résultats de l'étude de l'IRES. Il est vrai qu'en Hainaut, nous avons une certaine affinité avec la problématique des langues mais je ne pense pas que Mouscron ait un taux de chômage plus bas que les autres communes de la région uniquement grâce à la connaissance des langues que peuvent avoir ses habitants. D'ailleurs, en ce qui concerne cette région, je voudrais souligner que les habitants hésitent souvent à traverser la frontière linguistique pour trouver du travail alors que dans le sens inverse cette traversée se fait sans problème.
L'étude en question souligne que seulement 19 % et 17 % des Wallons connaissent le néerlandais ou
l'anglais alors que 59 % et 53 % des Flamands connaissent le français ou l'anglais. Et nous ne comptons en
Wallonie que 7 % de trilingues alors que la Flandre en a 40 %. Ce qui est encore plus alarmant, c'est qu'il faut
tenir compte du fait que l'étude citée ne précise pas la qualité de la connaissance de la deuxième langue. De
plus, il apparaît que nous avons tous tendance à nous surestimer en matière de connaissances linguistiques.
Les auteurs de l'étude indiquent deux ou trois pistes pour relever le défi majeur consistant à multiplier les
bilingues et les trilingues en Wallonie.
La première : travailler à un changement de mentalité des Wallons. C'est indispensable parce que ceux-ci
pensent trop souvent qu'il suffit pour eux de connaître le français. Ils ne font guère d'efforts, refusant souvent,
par exemple, au contraire des Flamands, de voir des films non doublés. Par ailleurs, les Wallons n'ont pas
assez conscience ni de l'importance des relations économiques entre Wallonie et Flandre ni du fait que, dans
une économie mondialisée, l'anglais, qu'on le veuille ou non, est une langue primordiale.
La deuxième piste : selon les auteurs, on ne pourra donner sa pleine mesure au Plan Langues - du moins en
ce qui concerne la connaissance du néerlandais et de l'allemand - que s'il s'inscrit dans des accords de
coopération avec les autres Communautés, seul moyen vraiment efficace, selon eux, pour favoriser, plus
largement qu'aujourd'hui, l'immersion. Quand on apprend que, selon certains auteurs, il faut 12.000 heures
pour apprendre vraiment une langue non maternelle, on mesure quels sont les immenses besoins en immersion
des Wallons.
La troisième piste : il faut, disent les auteurs, travailler sur l'enseignement scolaire des langues en Région
wallonne. Sans doute, en tant que Wallons devons-nous nous interroger, par exemple, sur l'organisation de cet
enseignement par la Communauté française et analyser davantage les conséquences du libre choix des langues
(souvent « tronqué » en 5e et 6e primaires, avec des changements de langue autorisés à l'entrée du secondaire
qui donnent le sentiment que ce qu'on a fait en primaires est à peu près inutile.
Dans ce contexte, Madame la Ministre, je vous demande de répondre à quatre questions :
• Comment comptez-vous travailler à ce nécessaire changement de mentalité à l'égard de l'apprentissage
des langues, qui paraît si nécessaire pour motiver les Wallons à s'y mettre ?
• Comment comptez-vous développer des partenariats avec les Communautés flamande et germanophone,
voire, pour l'anglais, avec le Royaume-Uni, pour potentialiser les effets du Plan Langues ?
• Comment comptez-vous reprendre, en Communauté française, un débat sans tabou sur une organisation
bien plus efficace de l'enseignement des langues ?
• Comment comptez-vous pouvoir évaluer le bénéfice du Plan Langues wallon, non seulement en
quantité, mais surtout en qualité de connaissance ?

Réponse

Mme la Ministre Marie Arena

En la matière nous sommes bien au-delà d'un stade de réflexions.
Concernant les constats de cette étude, celle-ci donne un certain nombre de données qui nous permettront de
travailler à la fois en Région wallonne et en Communauté française. De manière globale, il est évident que les
Francophones sont mal à l'aise avec les langues étrangères et qu'il est pourtant nécessaire pour eux d'en faire
l'apprentissage.
Quelles sont les raisons de ce malaise ? Il y a tout d'abord, comme vous l'avez souligné, la superficie
importante que représente l'espace francophone et qui peut laisser croire que la connaissance du français est
suffisante pour les relations internationales. Bien qu'étant une grande partisante de la francophonie, je ne peux
que regrettrer cette attitude qui est une véritable erreur. On retrouve le même phénomène en France mais aussi
en Angleterre dont le bilinguisme s'approche de zéro car l'anglais, à tort, est perçu comme une langue
internationale ne nécessitant pas la connaissance d'un autre idiome. Ce premier facteur est donc avant tout
culturel.
Il y a aussi un facteur environnemental. Il est vrai qu'en Flandre et aux Pays Bas, l'immersion se fait dès le
plus jeune âge grâce aux médias. Pour ces populations, le doublage d'un film ne serait pas rentable et les
programmes achetés à l'étranger sont donc uniquement traduits via des sous-titres. Cela permet donc de se
former à l'écoute d'une langue étrangère dès le plus jeune âge. La situation n'est pas la même sur nos chaînes
francophone où le travail est fait en termes de traduction orale. Cependant, même si nous prenons des mesures
pour changer ces habitudes de nos télévisions, il ne faut pas oublier que nombre de nos citoyens regardent
beaucoup les chaînes françaises qui, elles, font traduire oralement tous les programmes étrangers qu'elles
diffusent. Prendre des mesures vis-à-vis de nos chaînes francophones risqueraient de provoquer un zapping
massif supplémentaire vers les chaînes françaises. Il faut donc faire attention aux mesures que nous pourrions
prendre dans ce cas-là.
Je suis persuadée que l'apprentissage des langues doit se faire le plus tôt possible et de la manière la plus
constante possible. Dernièrement, j'étais invitée à une présentation de travaux de fin d'études à La Cambre. Des
étudiants présentaient leurs réalisations dans le domaine de la mode, domaine on ne peut plus international.
Cependant, j'ai été stupéfaite d'apprendre, par la bouche de la directrice, qu'aucun cours d'anglais ni de
néerlandais n'avaient été dispensés durant les cinq années d'études de ces étudiants !
Tout l'effort que je fais avec ma double casquette sur l'apprentissage des langues dans l'enseignement
obligatoire doit se poursuivre. C'est pour cela que je demanderai à Mme la Ministre Simonet d'utiliser elle
aussi sa double casquette pour que l'apprentissage des langues se poursuive efficacement dans l'enseignement
supérieur.
Concrètement, qu'avons-nous pris comme mesures ? Lors des travaux de préparation du Plan Marshall, j'ai
dit qu'il fallait absolument une enveloppe consacrée à l'apprentissage des langues. Cette demande s'est
concrétisée par 60 millions d'euros ! C'est une première !
Parmi les mesures prises, nous avons demandé aux centres de compétences de créer des modules
d'apprentissage des langues spécifiques aux différents métiers. Un électricien n'aura en effet pas besoin des
mêmes connaissances linguistiques qu'un chauffeur poids lourd.
Une partie du plan langues est destinée à réaliser de véritables partenariats entre les pouvoirs régionaux et
communautaires. Pour se faire, plusieurs piliers ont été mis en place. Même si nous ne sommes qu'au début de
la mise en oeuvre de ces mesures, les premiers résultats sont très encourageants. Ainsi, pour la bourse
d'immersion linguistique à l'attention des enseignants, l'objectif est d'ores et déjà dépassé. Alors que nous
estimions que cent enseignants de langue allaient bénéficier de ce dispositif en 2006, 246 enseignants se sont
inscrits pour les stages d'été. Le but de ces stages d'immersion est de plonger les enseignants dans des
méthodes immersives qu'ils pourront exploiter dans leurs cours.
La question s'est posée de savoir s'il fallait, oui ou non, des accords de coopération avec les pays ou les
régions où nos enseignants allaient être envoyés. Je suis pour les accords politiques mais lorsqu'on a en face de
soi des gens qui n'ont pas les mêmes intérêts que vous je suis partisante de faire avancer les choses, avec ou
sans accord de coopération. A l'heure actuelle, des contacts sont pris avec l'Angleterre et les Länders allemands.
Nous avançons mais nous ne pouvons attendre un accord de coopération pour commencer les opérations. C'est
la même chose avec la Flandre. Un accord de coopération ne fonctionnant que s'il y a des intérêts de part et
d'autres, j'ai préféré ne pas attendre indéfiniment un soi-disant accord avec M. Vandenbroucke (qui n'est pas
du tout intéressé). J'ai donc préféré opter pour une collaboration avec des opérateurs flamands comme
l'Université de Gand.
Une deuxième cible est bien évidemment les élèves. Des séjours d'une année scolaire entière sont organisés
à l'issue de l'enseignement secondaire supérieur. Les inscriptions ne font que débuter mais le but est d'atteindre
le chiffre de mille étudiants en immersion par année.
Quant au parfait bilinguisme dont il était question tout à l'heure, je tiens à préciser que c'est une notion qui
n'existe pas dans la réalité. A moins d'être né dans une famille bilingue, il est très rare d'être aussi doué, à la
fois à l'oral et à l'écrit, dans une langue comme dans l'autre. Ce n'est d'ailleurs pas ce bilinguisme parfait qui
est ici visé. Ce que nous voulons, ce sont des gens suffisamment à l'aise pour oser parler et ainsi s'améliorer.
Pour les jeunes, apprendre une langue doit avant tout être un plaisir. Leur dire qu'ils en auront besoin
lorsqu'ils auront 25 ou 30 ans n'aura aucun effet. Ce qu'il faut leur faire comprendre c'est qu'ils ont besoin des
langues tout de suite.
Dans le cadre du plan Marshall, nous continuons à travailler à la formation des adultes.
Via les chèques formation en langue, il est possible pour ceux qui avaient déjà atteint un certain niveau,
mais qui ont abandonné la pratique, de rafraîchir leurs connaissances. Nous avons déjà émis 12.921 chèques.
Notre objectif pour 2006 est d'atteindre les 45.000 chèques formation langue, afin que les entreprises
permettent la réactualisation des connaissances de leurs employés.
En outre, des moyens ont été mis à disposition dans le cadre du plan Marshall et plus précisément pour la
réactivation dans les dossiers pénuries. Même chose pour les formations dans les centres ouverts en langue qui
permettent à chacun d'évoluer selon ses besoins propres ou selon les besoins du secteur visé.
À l'attention de M. Yzerbyt , je dirai que le but n'est pas que chacun devienne bilingue, mais plutôt de
décomplexer nos concitoyens dans le domaine des langues.
Pour ce faire, et dans le cadre des compétences de la Communauté française, il sera prévu un travail
d'évaluation dans le contrat pour l'école qui fait de la connaissance des langues, un savoir de base.
Parallèlement à cela, la Région présentera, tous les six mois, un tableau de bord dans le cadre du plan Marshall.
Je terminerai en revenant sur un débat que nous avons eu la semaine dernière à la Communauté française,
concernant le décret premier degré. À cette occasion, nous avons « remis une couche » sur les langues
modernes. Ainsi, les élèves qui dans leurs 28 heures de cours auront choisi le néerlandais, pourront jouir de 4
heures supplémentaires de formation organisées par l'école dans cette langue. Selon un parlementaire, cette
mesure risque de venir concurrencer le latin. Pour ma part, je pense qu'il faut éviter de tels propos qui viennent
déforcer notre politique. Il faut être cohérent dans les positions que l'on adopte.

[...]

M. Damien Yzerbyt (cdH)

Je rejoins M. Crucke sur la nécessaire identification des personnes qui profitent de ces mesures. Je vous remercie pour les chiffres et la réponse très structurée que vous nous avez donnée. Cela montre que le problème a été pris à bras-le-corps. Concernant les chiffres relatifs aux bourses et aux chèques formation, je serais très intéressé de connaître la localisation et l'identification des bénéficiaires afin de m'assurer que le train des langues soit bien pris par tous les Francophones. Vous nous avez exposé les actions très concrètes qui sont menées en ce domaine. Je suis heureux que l'évaluation à l'école envisage comme critère la connaissance des langues, qui est désormais considérée comme un savoir de base.
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