La distribution de l’eau sur le territoire communal de Neufchâteau

Monsieur le Ministre,

Suite à un avis distribué par la Société Wallonne des Eaux en date du 11 juin 2010, il apparaît qu’à la suite d’un essai réalisé préalablement par ladite société, qu’une large partie du territoire communal de Neufchâteau va être desservi par de l’eau de production de Chassepierre.

Cette décision de la Société Wallonne des Eaux découle de la suppression de la production d’eau à partir des captages d’Hamipré , de Morival et de Grapfontaine, pour des raisons soi-disant « qualitatives et quantitatives ».

Les arguments de qualité et de quantité, non seulement surprennent mais étonnent dans la mesure où il n’y a jamais eu le moindre problème à ce propos.

Par ailleurs, il est tout de même étonnant que la Société Wallonne des Eaux ne prenne aucune disposition en vue d’assurer une qualité suffisante de l’eau alors que ses engagements lors de la reprise, étaient de maintenir par priorité, les captages locaux.


Suite à cela, plus des trois quarts de la population de la commune de Neufchâteau se voit desservir de l’eau calcareuse avec l’ensemble des incidences et inconvénients que cela peut représenter : encrassement des machines à laver, percolateurs, des vases d’expansion de chaudières, etc….

Cette situation est tout fait inadmissible d’autant que « au pire », si la société wallonne des eaux ne devait pas revenir à la raison et surtout au respect de ses obligations originelles de maintenir les captages locaux, Neufchâteau pourrait bénéficier comme par le passé, de l’alimentation d’eau provenant du barrage de Nisramont en période estivale lorsque les captages ne débitaient plus suffisamment de quantité d’eau.

Monsieur le Ministre, j’entends attirer votre attention sur ce grave problème d’alimentation d’eau et des conséquences qu’il peut avoir sur l’ensemble des consommateurs concernés de la commune de Neufchâteau.

Quelle est votre position ?

Pourriez-vous inviter la Société Wallonne des Eaux à respecter ses engagements primaires à savoir, maintenir les captages et assurer une qualité d’eau suffisante, auxquels elle s’était engagée au moment de la reprise du réseau, d’autant que lesdits captages existent toujours et ont fait l’objet d’investissements ces dernières années visant justement à assurer leur pérennité.

Monsieur le Ministre, pourriez-vous inviter la Société Wallonne des Eaux à revisiter sa position et à revoir celle-ci sur base d’une nouvelle évaluation ?

Enfin Monsieur le Ministre, les conséquences de la distribution d’eau calcareuse a des incidences économiques et financières à l’égard des ménages concernés.

Quels sont les moyens que la Région entend mettre en œuvre afin d’indemniser ou d’intervenir dans les problèmes causés par cette alimentation d’eau calcareuse ?


Je vous remercie d’avance pour vos réponses.

M. Henry, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du territoire et de la Mobilité

Suite à votre interpellation du 25 mars 2010 au sujet de la qualité de l'eau distribuée à Longlier, je vous ai déjà répondu concernant les choix étayés de la Société wallonne des eaux afin de garantir une meilleure répartition des ressources dans la partie concernée de la province du Luxembourg.

L'interpellation de ce mois de septembre pose la question du maintien ou non de certains captages situés sur le territoire de la commune de Neufchâteau. La SWDE a comme obligation légale de garantir à tous ses clients une eau respectant les normes en vigueur. Afin d'atteindre son objectif, il lui appartient de maintenir en service, en réserve ou à l'arrêt les ressources dont elle dispose. La SWDE actualise régulièrement les statuts de ses captages. Les choix qu'elle opère sont déterminés par des critères de qualité de la ressource - traitement impératif afin de respecter les normes ou non -, de quantité - la ressource est-elle suffisante ? Qu'en est-il de la stabilité dans le temps, en période estivale ? - et bien entendu économique.

La présence proche d'une adduction d'eau répondant en tous points aux normes représente un élément important dans cette analyse. C'est en raison de son expérience et de sa maîtrise en la matière que, sur ma proposition, le Gouvernement wallon a confié à la SWDE une mission déléguée, en date du 6 mai 2010, afin d'élaborer un schéma régional d'exploitation des ressources en eau dans le cadre de la mise en œuvre de la directive-cadre sur l'eau.

Dans le cas plus particulier de l'alimentation en eau de la commune de Neufchâteau, la SWDE a réalisé une analyse au niveau des sous-bassins hydrographiques de la Semois et de l'Ourthe, les ressources locales étant insuffisantes pour couvrir les besoins de l'ensemble des Chestrolais.

Déjà avant la reprise du réseau communal, la SWDE a joué la carte de la solidarité et devait pallier aux insuffisances qualitatives des ressources locales durant les mois d'été soit avec des appoints d'eau provenant de captages de Chassepierre soit avec de l'eau provenant du barrage de Nisramont. En outre, le puits de Grapfontaine P1 ainsi que les drains D1, D2, D3 d'Hamipré n'étaient déjà plus utilisés par la commune.

Les valeurs en pH des eaux des drains D1 à D7 de Grapfontaine et de D1 de Morival sont inférieures à la valeur de 6.5 imposée par la législation ; ils ne peuvent donc plus être utilisés sans un traitement spécifique. De plus, ces ressources locales sont soumises à de fortes variations de débit liées à la pluviosité.

Les choix de la SWDE ne résultent donc pas d'une politique d'abandon systématique des captages locaux, mais résultent de critères techniques. Pour preuve, actuellement les captages locaux de Petitvoir et de Semel couvrent plus du tiers de la production en eau de la commune.

La SWDE garantit la qualité de l'eau en privilégiant des ressources fiables telles que celles issues des captages de Chassepierre à Florenville. Toutefois, la position géographique de la commune de Neufchâteau lui permet de bénéficier également d'une sécurisation importante via les adductions provenant du barrage de l'Ourthe à Nisramont. Cette ressource, située à 65 km de Neufchâteau contre 34 km pour l'eau de Chassepierre, est destinée principalement à alimenter les communes du Plateau de Bastogne ainsi que le Nord de la province.

Cette répartition géographique des ressources est à la base de la décision de la SWDE de privilégier une ressource plus proche par rapport à une autre et cela afin de faire face à des consommations croissantes.

Il n'est pas envisagé une éventuelle indemnisation de la Région dans les frais occasionnés par une eau jugée calcareuse ce qui, j'attire votre attention là-dessus, est le cas pour un grand nombre de citoyens wallons. J'attire votre attention sur le fait que cela conduirait à augmenter la facture d'eau de l'ensemble des citoyens.

M. Fourny (cdH)

J'entends les arguments avancés par la SWDE, pour tenter de justifier sa position que je ne partage évidemment pas, d'un point de vue économique et d'un point de vue technique. Je maintiens que l'eau était de qualité, et que les engagements qui avaient été pris au moment de la reprise étaient clairs au niveau de la SWDE. Je reviendrai donc vers vous par le biais d'une question écrite pour obtenir toutes les données techniques sur les 10 dernières années pour voir un peu plus clair dans ce dossier, car je pense manifestement qu'il y a là une solution de facilité pour la SWDE qui pour des raisons purement économiques, et derrière de faux semblants qualitatifs, a opéré le choix qu'elle opère maintenant pour desservir l'ensemble de la commune de Neufchâteau.