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La fermeture annoncée d’AGC Roux et les possibilités de sauvetage de ce site d’activité

18 février 2014 | Question orale de A. TANZILLI au Ministre MARCOURT - Réponse disponible

L’annonce d’un plan de fermeture pour AGC Roux n’a pas été accueillie comme une surprise. Le personnel lui-même s’attendait à l’imminence d’une procédure Renault, qui a été confirmée en conseil d’entreprise réuni le 10 février dernier.


Nous savons que cette unité de production de verre plat est déficitaire depuis longtemps : 11 millions de pertes en 2012, et sans doute la même chose en 2013. L’usine tournait au ralenti, avec le chômage économique que cela implique pour le personnel. Au cours de l’année dernière, nous avons suivi les discussions relatives à une éventuelle reprise par un homme d’affaire carolo, scénario finalement jugé trop peu solide et refusé.

Par ailleurs, nous n’ignorons pas les graves difficultés qui accablent ce secteur global et mondialisé, et qui ont mené au cours des dernières années à la mise à l’arrêt de toute une série de lignes de production et la perte de milliers d’emplois au niveau européen. Notre pays, et particulièrement la Wallonie, ne sont pas épargnés par le fléau. Par une ironie de l’histoire, nous savons qu’un autre plan de fermeture, concernant Saint-Gobain Auvelais et ses 300 emplois, a été annoncé la même semaine.

Il est vrai que le verre est un fleuron historique de l’économie wallonne, et que notre région compte encore une forte concentration d’activités verrières (7.700 emplois) – puissions-nous trouver les moyens de la préserver dans toute la mesure du possible ! Nous sommes ici pour en discuter.

Car si l’annonce de cette procédure Renault n’est hélas pas une surprise, elle n’en demeure pas moins consternante. Nous ne saurions l’accueillir avec fatalisme, sans nous poser de questions, sans tenter de trouver le moyen d’influencer le cours des choses.

En 2007, le groupe japonais AGC a fait le choix d’affecter le site carolo à la seule production de verre clair destiné aux installations photovoltaïques, la production de verre à vocation décorative étant alors confiée à une unité implantée en Tchéquie. Il me semble que c’est un aspect du dossier qui mérite une approche spécifique, indépendamment des difficultés globales du verre plat : surcapacité, chute de la demande liée à la crise en ce qui concerne les produits destinés au secteur de la construction et de l’automobile…

S’agissant du photovoltaïque, tous les doigts se pointent vers la concurrence chinoise, qui a envahi ce marché avec des produits beaucoup moins chers, fabriqués dans des conditions très éloignées des normes sociales et environnementales en vigueur en Europe.
Nous avons vu que les Etats de l’Union semblent enfin se mobiliser pour protéger leur économie contre le dumping social. Trop tard, le mal est fait, estiment certains observateurs. Mais est-ce vraiment trop tard ? Dans une économie européenne mieux protégée, ne peut-on entrevoir un avenir pour une activité comme celle-là, à savoir la production de verre destiné aux installations photovoltaïques ? D’autant que, même si le secteur du verre plat est global et mondialisé, l’aspect transport entre en ligne de compte. L’évolution de la demande intérieure, dans le contexte de la sortie de crise et d’un retour de la croissance économique, n’offre-t-elle aucune perspective quant au développement de cette activité et au maintien en activité de l’unité de production carolo, fût-ce sous la direction d’un autre opérateur ?

Monsieur le Ministre, nous avons tous aussi à l’esprit le cas de Saint-Gobain Auvelais. Les mauvaises nouvelles se succèdent d’année en année dans la Basse-Sambre, dont la santé économique est largement tributaire du secteur verrier. C’est l’annonce de fermetures dans cette région qui vous avait amené à commander à la Sogepa une étude sectorielle et prospective sur l’avenir de l’industrie verrière.
Une des pistes qui suscitent le plus d’intérêt consisterait en l’organisation d’une filière de recyclage du verre plat. Je m’étends pas sur le sujet, d’autres le feront. Je note simplement que vous avez annoncé pour bientôt la tenue sous l’égide de la Sogepa d’une réunion de tous les acteurs concernés pour faire avancer ce dossier. Vous citiez notamment Namur-Invest, acteur essentiel pour le développement économique des entreprises en province de Namur. Est-ce à dire qu’un éventuel plan stratégique pour inventer un nouvel avenir au secteur verrier serait spécifiquement destiné à se concrétiser dans le Namurois ? Je vous le demande évidemment en m’interrogeant sur la place que pourrait y tenir le site verrier carolo, vieux de 125 ans, qui fait l’objet de ma question.

 

Je vous remercie pour votre réponse

 

Réponse du Ministre JC MARCOURT

 

 

Madame et Messieurs les députés, l'importance de ce dossier est telle que je souhaite faire le point sur la
situation du secteur du verre en Wallonie.
 

 

Je suis conscient que certaines informations sont, pour certains d'entre vous, une redite, mais il me paraît
utile de le faire.
 

Tout d'abord, afin de bien recontextualiser ma réponse, je me permets très rapidement de vous tracer
quelques chiffres macroéconomiques.
 

En Belgique, le secteur du verre est caractérisé par une grande importance du verre plat, puisqu'il représente 88 % de la production.
 

L'activité de production et de transformation du secteur du verre est fondamentalement exportatrice, puisqu'environ 80 % sont expédiés à l'étranger, principalement dans les pays limitrophes que sont la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.
 

En 2011, le volume de la production de verre en Belgique a atteint 1 060 000 tonnes alors qu'il était encore de 1 510 000 tonnes en 2000. Il y a donc une diminution constante de la production depuis une décennie, alors que, pendant la même période, la production mondiale a connu une croissance.
 

En termes d'emplois directs, l'activité occupait, en 2011, 8 291 personnes alors qu'elle occupait 16 899, en
1980, 13 963, en 1990, et 10 982, en 2000.
 

Le secteur du verre, au travers de ses activités de production, de transformation et de distribution, est
globalisé et mondial. Cependant, la contrainte logistique du transport fait qu'il y a une limite physique au-delà de laquelle ce n'est plus possible. C'est limite est environ 400 kilomètres du point de production.
 

Le secteur est en outre caractérisé par des coûts de matières premières - 22 % - d'énergie - 21 % - de maind'oeuvre - 16 % - et de transport - 11 % - importants et, pour un certain nombre d'entre eux, en constante augmentation.
 

Enfin, le secteur est encadré par une législation européenne de plus en plus stricte au niveau environnemental avec des objectifs d'économie bas carbone relativement exigeants, notamment en matière
de réduction d'émissions CO2.
 

D'une manière générale, l'industrie du verre plat rencontre des difficultés structurelles et conjoncturelles
profondes depuis plusieurs années qui peuvent être résumées comme suit :
– structures de coût ne permettant pas aux entreprises d'être compétitives, notamment en termes de prix de l'énergie ;
– concurrence de plus en plus forte de la part des pays de l'Est et asiatiques notamment ;
– le secteur en aval souffre de la crise : secteur automobile et de la construction. On peut, par exemple, citer la fermeture de Ford Genk qui a eu un impact important pour les activités de nos opérateurs économiques wallons ;
– déplacement de la demande vers d'autres régions du monde telles que les pays du BRIC, mais aussi - et je reprends Ford Genk - vers le sud de l'Europe
 

Sur base de ce constat, alors que généralement les lignes de production sont maintenues en activité tout au long de leur cycle de vie, pour la première fois dans l'histoire du secteur, une quinzaine de lignes de
production en Europe ont été arrêtées en cours de cycle de vie, alors que les investissements nécessaires pour maintenir et relancer une ligne de production s'élèvent à des montants extrêmement importants. Cela démontre particulièrement bien que le centre de gravité a été modifié. Les difficultés structurelles sont arrivées à un tel niveau que des décisions qui sont inédites sont prises.
 

Le secteur du verre en Wallonie est réparti entre plusieurs opérateurs actifs tant dans le verre plat que dans le verre creux et les verres spéciaux :
– Fibreglass : spécialisée dans la fibre de verre pour la construction et l'isolation ;
– AGC Europe : verre plat et verres spéciaux ;
– Durobor : verre creux ;
– Gerresheimer Momignies : verre creux ;
– MD Verre Vidrala : production de verre creux pour l'agroalimentaire ;
– Saint-Gobain : fabrication de verre plat pour l'automobile et la construction.
 

Certains opérateurs économiques ont déjà été impactés suite à cette conjoncture. Les fermetures déjà
intervenues sont les suivantes :
– AGC Moustier : 60 personnes suite à la fermeture d'un four. Moustier fabrique des verres colorés ;
– Saint-Gobain Sekurit Auvelais : 260 emplois, fermeture de l'entreprise ;
– Techniver à Mornimont : 80 emplois - verre trempé, verre feuilleté, vitrage d'intérieur destiné à l'industrie de la construction.
 

Pourtant, les actions mises en oeuvre par notre région ont été multiples dans ce secteur afin de soutenir
l'activité économique.
 

En effet, et même si on ne le dit pas assez, nous avons participé au financement de la diversification du
secteur.
 

À ce titre, dans le cadre du Plan Marshall, et plus précisément au travers de la politique des pôles de
compétitivité, nous avons favorisé l'émergence de nouveaux projets industriels innovants afin de permettre
aux opérateurs industriels de se diversifier et développer de nouvelles filières industrielles génératrices d'emplois durables et de qualité.
 

De manière générale, particulièrement pour AGC, des financements importants ont été octroyés en matière
de recherche dans le cadre de la politique des pôles.
Participation à onze projets :
– trois projets dans le pôle Greenwin ;
– huit dans le pôle MecaTech.
 

Totaux des projets : 44,5 millions d'euros dont 26 millions d'euros de part publique.
 

Nous avons chargé ensuite la SOGEPA de réaliser une étude spécifique pour le secteur pour dresser les
constats et tenter de voir quelles étaient les pistes de solution afin de soutenir les filières.
 

Les conclusions de l'étude font état de cinq pistes :
– conditionner davantage les subsides à l'investissement et à la R&D aux actions des industriels et à leur capacité à y associer des fournisseurs et sous-traitants ;
– soutien à la demande locale : projets de construction dans notre région ;
– contribuer à une réduction du coût de l'énergie, en particulier le coût de l'électricité ;
– contribuer à la redynamisation du pacte social, notamment au niveau de la mobilité et de la polyvalence ;
– organisation d'une filière de recyclage externe du verre plat.
 

Ces pistes représentent le cadre dans lequel des mesures doivent être prises. Cela étant, elles ne peuvent
être envisagées que dans le moyen, voire même, pour certaines, dans le long terme. Je rappelle que tous les opérateurs économiques ont participé à cette étude et qu'à aucun moment, ils ne nous ont informés que la situation était telle que l'avenir de leurs activités était compromis.
 

La SOGEPA a également été chargée du suivi du dossier AGC. Avec mes services, elle a participé aux
négociations avec M. Strazzante en vue de la reprise d'une partie des activités d'AGC. Toutefois, le besoin
financier était trop important et, au vu de l'incertitude de la bonne réalisation de ce plan, tant les organisations syndicales que la direction de l'entreprise ont souhaité ne pas poursuivre les discussions.
 

La recherche d'un repreneur potentiel est toujours en cours. La question est de savoir quelle est la faisabilité intrinsèque du business model, quel est le point de break-even et de voir si les volumes sont suffisants par rapport au point de break-even, de voir enfin si d'autres activités de production ne sont pas possibles sur le site.
 

À ce sujet, je peux vous dire qu'un consultant d'envergure internationale a d'ores et déjà travaillé sur le
sujet, notamment sur l'aspect panneaux photovoltaïques, étant donné que c'est le métier d'AGC.
 

Les principales conclusions sont les suivantes :
– l'étude relève notamment que des mesures seraient accordées, par certains pays européens, favorisant le matériel produit en Europe ;
– l'impact de mesures publiques d'encouragement à l'installation de panneaux à un doublement pur et simple de la demande à l'horizon 2020 ;
– le prix de vente minimum imposé par les récentes mesures européennes antidumping ne permet pas aux acteurs européens d'être concurrentiels.
 

Le prix minimum, tant du verre solaire que de cast reste 10 % inférieur au prix de revient des producteurs
européens. Ces mesures sont donc insuffisantes.
 

L'avenir du site est toujours en danger.
 

Au vu des actions que je viens de vous exposer, nous ne pouvons pas dire que nous n'avons pas joué un rôle, mais je pense qu'il y a encore des choses à faire.
 

Nous sommes confrontés à la situation suivante :
AGC a annoncé son intention de fermer et 190 emplois sont concernés. Saint-Gobain a souhaité faire une
annonce mais, comme vous l'avez relevé, le conseil d'entreprise a été interrompu et l'entreprise a, dès lors,
annoncé son intention par voie écrite et une réunion du conseil d'entreprise est refixée cette semaine.
 

J'ai rencontré ce matin les organisations syndicales des deux entreprises et du verre en particulier, et ce dans la perspective d'avoir une rencontre, demain, avec l'ensemble du Gouvernement.
 

Nous avons répondu positivement à la demande des organisations syndicales de les accompagner au travers d'expertises techniques leur permettant de déposer des alternatives aux intentions formulées par les deux entreprises tant à AGC qu'à Saint-Gobain.
 

La question est donc d'accompagner les travailleurs pour :
– vérifier les constats posés par les deux groupes ;
– d'envisager les remèdes aux constats formulés ;
– de proposer des alternatives aux intentions évoquées de manière implicite ou explicite, selon les cas.
 

Nous avons la volonté de rechercher toutes les hypothèses de travail possibles sans, jamais, promettre aux travailleurs des choses que nous ne pourrions pas tenir.
 

Il a donc été indiqué que nous ne nous positionnerions, dans un premier temps, que sur le volet industriel et que nous ne nous positionnerions sur le volet social et de reconversion que dans l'hypothèse où le volet industriel n'aurait pas, à bref délai, trouvé une hypothèse favorable.
 

Je voudrais terminer en indiquant que, au niveau de l'organisation d'une filière de recyclage, au-delà du fait
que c'était une piste développée par le consultant choisi par la SOGEPA, c'était également un des premiers
projets d'AGC dans le cadre du pôle Greenwin.
 

Selon la direction de ce pôle, AGC serait prêt à se remettre autour de la table et à progresser. Au regard des enjeux environnementaux socio-économiques qui découlent de l'organisation d'une filière de recyclage
externe du verre plat, cela pourrait être une opportunité pour notre région.
 

J'ai chargé le pôle et l'opérateur économique d'avancer dans le projet. C'est notamment ces sujets qui ont été évoqués, la semaine dernière, à la SOGEPA avec le pôle Greenwin et l'administration de la région.
 

Voilà ce que je pouvais en dire. Je pourrais évidemment compléter à partir de demain puisque c'est demain matin que le Gouvernement et les organisations syndicales définiront, ensemble, l'attitude à prendre dans
le cadre de ces deux dossiers.
 

 

Réplique du Député A. TANZILLI

 

Monsieur le Ministre, au-delà des solutions à court terme qui semblent encore pouvoir se dégager pour AGC Roux, n'oublions pas simplement que 50 % des produits qui seront vendus dans dix ans, dans le secteur du verre, sont encore inconnus - ce qui montre combien c'est un secteur en constante innovation.
 

Alors que la Wallonie a une politique forte, notamment via son Plan Marshall pour l'aide à l'innovation, elle assure maintenant une transition pour que cette innovation se transforme également en emplois industriels pérennes le plus souvent possible, spécialement lorsque l'on est des grands groupes. Je pense que c'est le cap que la Wallonie doit pouvoir donner aux discussions avec ces grands groupes, dans les mois et les années qui viennent.

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