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La Pauvreté en Wallonie

22 octobre 2013│ Question orale de A.TANZILLI à la Ministre TILLIEUX - Réponse disponible

Madame la Ministre,


Le 17 octobre, c’était la Journée mondiale du refus de la misère... Trois jours avant, le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté (RWLP) et l'Institut wallon de l'évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS), publiaient l’édifiant "Regards sur la pauvreté et les inégalités en Wallonie ».
L'IWEPS révèle ainsi – et c’est très interpellant - que le Wallon pauvre est un enfant, et ce dans un cas sur trois !
L'IWEPS a analysé les seuils de pauvreté et de taux de « déprivation matérielle », soit l'impossibilité d'accéder à certains biens ou de réaliser certaines dépenses, comme le chauffage, les vacances, les deux repas protéinés par jour, etc.

 

En 2011, le seuil de pauvreté équivalait à un revenu mensuel net de 1.000 euros par mois pour un isolé. Pour un ménage de deux adultes et deux enfants, il s'élevait à 2.100 euros.
En Belgique, le taux de pauvreté atteignait ainsi 15,3 %, soit le niveau européen moyen.

Néanmoins, en faisant la distinction par région, on observe que la Flandre se situe dans le haut du classement européen, alors que la Wallonie est « au même niveau que la Pologne, le Portugal ou la Lettonie » ! Près d'un Wallon sur cinq est en situation de pauvreté, contre un Flamand sur dix…

La vulnérabilité des enfants en Wallonie est, aussi, comparativement plus importante qu'en Flandre : alors que sur 100 personnes pauvres en Flandre, 21 sont des enfants, cette proportion atteint 28 % en Wallonie.

Aussi, on apprend que la proportion de personnes touchées par cette « déprivation » est deux fois plus importante en Wallonie qu'en Flandre… Cela veut dire que 38 % des Wallons, soit un sur trois, ne peuvent actuellement pas faire face à une dépense imprévue de l'ordre de 1.000 euros… En Wallonie, une personne sur trois vit sans aucun filet de sécurité par rapport à un « accident de la vie ».

Si l'on se concentre sur les besoins de base, comme le chauffage de son logement ou deux repas protéinés par jour, la proportion de personnes touchées est loin d'être négligeable: c’est respectivement 10 % et 6 % de notre population wallonne…

Et la situation semble être encore plus préoccupante dans les familles monoparentales, puisque la moitié d'entre elles ne parvient pas à échapper à la pauvreté. Les mères seules avec enfants sont donc les premières touchées par la pauvreté…

Madame la Ministre a-t-elle pu prendre connaissance de ces nouveaux chiffres, et les analyser en profondeur ? Quelles-ont été ses conclusions à la vue de ces derniers ? Quels-sont, selon elle, les facteurs explicatifs de ces différences, marquées, et qui subsistent depuis de très nombreuses années, entre le Nord et le Sud du pays ?
Madame la Ministre envisage-t-elle par conséquent de nouvelles mesures pour répondre à ces tous récents constats ?
Enfin, dans le cadre de ses compétences, Madame la Ministre peut-elle faire le point sur les actions régionales qu’elle met actuellement en œuvre pour lutter contre cette pauvreté grandissante, et surtout alarmante, des enfants et des familles monoparentales ?

Je vous remercie d’avance pour votre réponse 

 

Réponse de la Ministre E. TILLIEUX

 

Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, voilà une question éminemment importante et en lien avec l'actualité puisque, le 17 octobre dernier, c'était la journée mondiale du refus de la misère.
À cette occasion, les associations, et notamment le Réseau wallon de lutte contre la pauvreté, se sont
largement mobilisées. Leur lutte constructive contribue à informer, à sensibiliser et à tenter d'orienter les
politiques.
Dans le même temps, l'IWEPS a diffusé un working paper, effectivement un texte d'étude et de travail, pour
la traduction, intitulé « Regards sur la pauvreté et les inégalités en Wallonie ».
C'est à mon initiative que l'IWEPS a réalisé cette étude, étude à laquelle le Réseau wallon de lutte contre
la pauvreté a été associé. J'ai en effet souhaité disposer d'informations statistiques générales, permettant de mieux dessiner le contour de la pauvreté en Wallonie, mais aussi de mieux appréhender les conditions de vie liées à certaines difficultés, comme le logement ou de situations comme celles des familles monoparentales.
Avant de développer davantage ma réponse, M. Daele, vous me faites remarquer que c'est chacune de mes attributions qui est ici interrogée. C'est l'évidence, mais il faut se garder d'aborder les questions
de pauvreté au travers du seul prisme, au sens large, de l'action sociale. Si l'action sociale est avant tout un choix de société, celui de la solidarité, c'est aussi et surtout une politique d'ensemble, qui contribue à
maintenir une cohésion sociale et à soutenir les personnes en situation de précarité. C'est donc aussi
notamment les politiques de formation, d'emploi, d'énergie, de mobilité et de logement qui sont interrogées.
L'étude publiée par l'IWEPS est une analyse descriptive de la situation de la pauvreté et de la précarité en Wallonie. Basée sur une série de statistiques issues de l'enquête européenne SILC. Cette étude met en
exergue les écarts régionaux en termes de pauvreté. En ce sens, il s'agit d'un précieux outil d'aide à la décision.
Que retenir de cette étude ? Au-delà des chiffres, le taux de pauvreté en Flandre est de 9,8 %, 19 % en
Wallonie, et il atteint 34 % à Bruxelles. Elle met à nouveau en évidence le caractère multidimensionnel de
la pauvreté. Une personne précarisée cumule les difficultés, que ce soit en termes de santé, de mobilité,
de logement et bien sûr, fondamentalement, d'insuffisance des revenus.
Le concept de déprivation matérielle illustre la situation vécue par les personnes précarisées, en l'occurrence leur incapacité à avoir accès à certains biens et services. Cette étude démontre aussi qu'à
revenu égal, la pauvreté monétaire se traduit par des difficultés quotidiennes plus importantes en Wallonie
qu'en Flandre et que 38 % des Wallons – quatre Wallons sur dix - ne peuvent faire face à des dépenses imprévues de l'ordre de 1 000 euros.
Cette situation ne manque pas d'interpeller et s'explique notamment par les éléments suivants.
Les caractéristiques des personnes pauvres sont différentes ; plus de personnes âgées en Flandre,
généralement moins déprivées, surtout lorsqu'elles possèdent leur propre logement, et plus de personnes
plus jeunes, locataires, au chômage et de familles monoparentales en Wallonie.
Un des autres éléments de distinction, c'est la plus grande érosion des ressources, et donc plus de
déprivation en Wallonie, parce que la pauvreté est moins transitoire, le chômage est plus long, et enfin
l'endettement est plus important en Wallonie qu'en Flandre.
Enfin, certains coûts seraient moins élevés en Flandre, j'utilise tout de même le conditionnel, car cela
nécessiterait, en soi, toute une étude :
– la mobilité avec plus de possibilités de vivre sans voiture parce qu'il y a davantage de zones urbaines ou semi-urbaines ; c'est un fait ;
– l'énergie avec un bâti qui serait plus récent et forcément, s'il est plus récent, il est fondamentalement mieux isolé puisqu'il utilise les nouvelles techniques ;
– les coûts du logement et le rôle de l'allocation logement en Flandre pour les personnes qui auraient droit à un logement social, mais qui ne l'ont pas faute de place. Ces mécanismes n'existent hélas pas chez nous.
Enfin, avoir de faibles revenus et un budget serré pourrait faire monter les dépenses plus vite pour les
personnes plus pauvres. Les petites surfaces par exemple, qui se louent plus cher au mètre carré que les
grandes, le mazout qui coûte plus cher en petites quantités, les petits conditionnements coûtent plus cher
au poids, les personnes reléguées en périphérie des zones d'activités pour trouver un logement à un prix
abordable vont devoir payer plus pour les transports en commun par exemple ou encore, s'il n'y a pas de
transport en commun, se contenter d'une vieille voiture qui coûte aussi souvent plus cher en entretien, en
réparation et en consommation. Autant d'exemples qui ne font qu'amplifier les difficultés rencontrées par les personnes précarisées.
En janvier 2010, la Fédération des CPAS a réalisé une publication aux conclusions qui, à l'époque déjà,
étaient extrêmement éloquentes.
L'homme le plus pauvre de Wallonie est une femme belge, de 34 ans, chômeuse, vivant seule avec ses deux enfants dans un logement en mauvais état, son niveau de santé est mauvais, sa formation scolaire laisse à désirer, elle n'a pas ou peu de relations sociales et son espérance de vie est limitée.
Cette affirmation résume les différentes dimensions de la précarité à laquelle sont confrontées les familles et les champs d'action possibles en matière de prévention que sont l'accueil des enfants, l'accompagnement des familles, la mobilité, l'emploi, le logement, la santé, l'enseignement, le retissage du lien social et surtout fondamentalement la sécurité d'existence.
La loi sur les baux à loyer, les politiques salariales, le fonds des créances alimentaires et le droit à l'intégration sociale, le fonds Énergie, relèvent, et vous le savez, du Fédéral. La petite enfance et l'enseignement relèvent, quant à eux, de la Fédération Wallonie- Bruxelles. La prévention du risque de pauvreté et d'isolement des familles monoparentales, et par là même de la pauvreté infantile, relèvent de différents niveaux de pouvoir et les politiques en la matière, sauf quelques exceptions, ne sont pas du tout spécifiques.
La Wallonie a d'ailleurs conclu un accord de coopération avec l'État fédéral et les communautés pour la continuité de la politique en matière de pauvreté et a participé à la création du Service de lutte contre la
pauvreté.
Quant au département wallon de l'Action sociale et du Service public de Wallonie, il soutient notamment les
services sociaux, les relais sociaux, les maisons d'accueil pour personnes en difficulté sociale, les CPAS,
les Plans de cohésion sociale et développe encore la lutte contre le surendettement.
Permettez-moi de prendre un peu de temps pour développer les politiques menées. Il n'y a effectivement
pas de solution simple à une question éminemment complexe.
Le soutien à la parentalité : grandir dans la pauvreté affecte le bien-être des enfants quand ils sont confrontés à la privation matérielle, aux conséquences d'un revenu familial insuffisant, d'un mauvais logement, de soucis de santé et surtout d'une faible participation aux activités sociales.
En Wallonie, l'indicateur synthétique d'accès aux droits fondamentaux élaboré par l'IWEPS, et par ailleurs
utilisé pour la répartition des moyens dévolus au plan de cohésion sociale, tient notamment compte du taux de familles monoparentales sur le territoire communal.
Les difficultés d'employabilité liées à l'accueil des enfants sont aussi prises en compte pour le financement
des projets d'accueil dans le cadre d'un parcours d'insertion sociale ou professionnelle. Enfin, la situation
de monoparentalité induit une priorité dans le cadre de l'octroi d'un logement social.
Pour ce qui concerne mes compétences, les Espaces Rencontres s'adressent à toutes les couches de la
population, mais la majorité des utilisateurs sont en état de précarité. Ces services ont pour objectif de soutenir et d'encadrer la construction ou parfois la reconstruction d'un lien entre un parent et un enfant.
Les maisons d'hébergement pour adultes en difficultés sociales et les maisons maternelles en particulier jouent un rôle important dans la réinsertion des familles monoparentales qui se retrouvent sans logement ou sont victimes de violences intrafamiliales.
Au sein de ces maisons, une maman va recevoir une aide matérielle utile sous forme de logement, d'ouverture de droits et elle est placée sur la voie de l'autonomie et sur la voie de la responsabilité.
Ses enfants bénéficieront également de l'accompagnement nécessaire et des initiatives de suivi post hébergement sont également financées par mon département pour accompagner les personnes dans
l'acquisition de leur autonomie.
En termes de reconstruction du lien social et de remobilisation, les services d'insertion sociale (SIS) qui,
au travers de projets collectifs prenant la forme d'ateliers ludiques ou pédagogiques, accompagnent de manière individuelle les personnes dans la construction d'un projet personnel. Ils jouent un rôle fondamental en amont d'un parcours d'insertion socioprofessionnel. Ces services sont fréquentés par un grand nombre de femmes seules, cela ne vous étonnera pas, avec enfants, et la dimension de l'accueil des enfants non scolarisés est prise en compte dans l'organisation des activités.
En matière d'accessibilité aux soins de santé, je soulignerai le travail remarquable réalisé par les associations de santé intégrée, ce qu'on appelle les maisons médicales, financées par mon département et
plus particulièrement la pratique du forfait, système d'abonnement agréé par l'INAMI, qui permet aux
patients de ne pas devoir payer leur consultation. Cette accessibilité aux soins de santé est complétée par l'octroi du statut OMNIO par le pouvoir fédéral qui permet de bénéficier de tarifs préférentiels dans le remboursement de soins, mais aussi dans le remboursement de médicaments.
Les services de médiation de dettes sont aussi amenés à accueillir nombre de ménages confrontés de plus en plus à la difficulté de faire face aux dépenses courantes.
Concernant la lutte contre la pauvreté des jeunes, face au nombre croissant de jeunes étudiants émargeant au RIS auprès des CPAS, le Gouvernements wallon et la Fédération Wallonie-Bruxelles ont renforcé leur collaboration entre les secteurs de l'aide à la jeunesse et des CPAS.
Les deux gouvernements mettent en oeuvre un des protocoles de collaboration entre l'aide à la jeunesse et les centres publics d'action sociale dans le but, précisément, d'améliorer la prise en charge de ces
jeunes.
En collaboration avec mes collègues les Ministres de l'Aide à la Jeunesse, au niveau de la Fédération
Wallonie-Bruxelles, et mon collègue des Pouvoirs locaux, Paul Furlan, nous avons veillé à constituer un
groupe de travail composé de représentants des secteurs de l'aide à la jeunesse et de la fédération des CPAS de l'UVCW en ce qui concerne les CPAS wallons et son homologue bruxelloise. Ce groupe de travail a pour objet de proposer un cadre d'intervention type aux services concernés pour éviter que les jeunes ne passent à travers les mailles du filet ou ne subissent le fait d'être renvoyés d'une institution à l'autre, ce qui a largement été dénoncé à plusieurs reprises.
La Wallonie a aussi développé et soutient une politique dynamique de lutte contre le surendettement,
cette politique est articulée autour de 3 instruments que sont l'Observatoire du Crédit et de l'Endettement, qui est chargé d'étudier cette question, d'assurer des formations de base et aussi des formations continuées pour les praticiens de la médiation et de contribuer de manière générale à la prévention; les centres de références, qui sont au nombre de quatre, chargés d'appuyer les institutions de médiation de dettes agréées et d'assurer des formations et la prévention; et enfin, bien sûr, les services de médiations de dettes agréés, il y en a 221 sur le territoire wallon qui traitent eux en première ligne des dossiers individuels.
En 2012, mon Département de l'Action sociale a mis sur pied le Portail wallon du surendettement en
collaboration avec l'Observatoire du Crédit et de l'Endettement.
Fin juillet 2013, plus de 88 000 visites étaient comptabilisées sur ce portail. La convergence des dispositifs tels que la centrale positive des crédits, le règlement collectif de dettes, la médiation amiable de dettes, l'existence de nombreux services sociaux agréés et la prévention du surendettement en Wallonie
permettent une certaine maîtrise du phénomène en apportant des réponses extrêmement adaptées.
Ainsi, le taux d'endettement des ménages belges est, en effet, de 53,3 % contre 65,9 % en moyenne dans la zone euro. L'investissement remarquable et massif des CPAS et de quelques ASBL dans cette question du surendettement démontre leur volonté d'intervenir en offrant une aide efficace permettant d'éviter une
dégradation de la situation des personnes surendettées.
Le soutien à la cohésion sociale. Le parlement a approuvé, en 2008, le décret relatif aux plans de cohésion sociale dans les villes et communes de Wallonie. Le dispositif concerne pas moins de 180 communes réunies pour autant de plans de cohésion sociale. Les nouveaux plans de cohésion sociale pour la période 2014-2019 devraient être approuvés prochainement pas le Gouvernement wallon. Pour ma part, j'ai souhaité que le volet « article 18 » des plans de cohésion sociale qui dépend de mon département soit
axé sur la grande précarité évidemment, sur les actions intergénérationnelles et, pour revenir à cette question, sur le Plan HP, pour les communes qui évidemment sont concernées.
En matière d'insertion sociale et d'accès à l'emploi, les différents dispositifs octroyant des aides aux centres
publics d'action sociale (insertion socioprofessionnelle, insertion sociale, médiation de dettes...) visent à améliorer la situation d'adultes ou de jeunes majeurs et ont des effets induits sur la lutte contre la pauvreté infantile et la pauvreté des jeunes adultes.
À cet égard, je rappelle que le gouvernement, à mon initiative, a adopté un arrêté visant à augmenter le
soutien financier pour les contrats « article 61 » qui sont conclus entre les CPAS avec les entreprises privées. Ce dispositif a d'ailleurs fait ses preuves et avait connu une progression de près de 30 % sur ces deux dernières années, donc système efficace de remise à l'emploi.
En matière de pauvreté, la Wallonie s'inscrit également dans les objectifs de la Stratégie UE 2020. La
Wallonie contribue à la préparation du Programme national de Réforme Belgique avec les autres entités
fédérées. La Belgique adapte les objectifs européens de la stratégie EU 2020, y compris ceux de la Plate-forme contre la pauvreté et l'exclusion sociale, à sa situation nationale et se fixe des objectifs qu'on a chiffrés.
L'objectif chiffré fixé d'un commun accord pour la Belgique, c'est de réduire de 380 000 unités le nombre
des personnes confrontées au risque de pauvreté et d'exclusion sociale.
Quels axes prioritaires ont été choisis ? La diminution de la pauvreté infantile, la diminution des ménages à faible intensité de travail et la réduction du surendettement.
Les mesures prises par la Wallonie incluent notamment :
Une augmentation de l'offre dans les services d'accueil de l'enfance et de l'aide aux personnes, pour faciliter la conciliation, vous voyez que tout cela a du sens, entre la vie professionnelle et la vie familiale, la
vie privée. On en parlait tout à l'heure. La mesure implique la création de 1 250 nouveaux emplois ainsi
que des investissements dans les infrastructures.
Ce sont aussi des mesures en ce qui concerne le renforcement de l'appui pour les publics éloignés du
marché de l'emploi, notamment via des contrats de coopération entre le FOREm et les opérateurs chargés
des publics éloignés, MIRE, EFT, OISP, et via les actions qui visent les jeunes dans les quartiers en
difficulté.
Ce sont des mesures qui concernent le lancement d'une stratégie territoriale de lutte pour l'alphabétisation, afin d'augmenter les chances de trouver un emploi pour les catégories de chômeurs les plus éloignés du marché du travail.
C'est le financement structurel des huit abris de nuit agréés.
C'est le renforcement de la lutte contre le surendettement, par un refinancement, par une réforme du secteur pour optimaliser les actions de prévention, la couverture géographique, la professionnalisation des
acteurs de terrain, notamment par la mise à disposition et le partage peut-être, des compétences juridiques. C'est aussi le renforcement de leurs moyens d'action.
C'est le soutien au développement des entreprises d'économie sociale, notamment grâce à l'accès à des
agences-conseils, l'accès au microcrédit et au capital à risque.
Le développement des mesures pour l'accès à un logement abordable et de qualité pour tous, par des
aides à l'acquisition, à la rénovation et à l'amélioration des performances énergétiques des logements publics et privés, par l'amélioration de leur salubrité, et par l'augmentation du parc de logement social.
La Fédération Wallonie-Bruxelles et la Wallonie ont apporté leur contribution au Plan national de lutte contre la pauvreté infantile sur la base du Plan d'actions « Droits de l'enfant » (PADE) 2011-2014.
Précisément, ce plan d'actions « Droits de l'enfant », dont, on l'a dit tout à l'heure, le Ministre-Président
assure le pilotage, constitue un levier important qui permettra d'intensifier la lutte contre la pauvreté
infantile. Il contient toute une série de projets qui visent à combattre les inégalités sociales et les discriminations, dans une approche en trois piliers qui va cibler l'accès aux ressources adéquates, l'accès aux services et aux opportunités et la participation des enfants.
Le Plan national de lutte contre la pauvreté infantile s'étend sur deux ans : les actions qui s'y retrouvent
devront donc être mises en oeuvre avant 2015. Le Ministre-Président organise actuellement des
concertations pour passer en revue l'ensemble des projets du plan et faire le point sur l'état d'avancement.
Il est donc un peu trop tôt pour faire un premier bilan de la mise en oeuvre des actions de la Wallonie dans le Plan national de lutte contre la pauvreté infantile. L'objectif du Ministre-Président, c'est de présenter au
Gouvernement wallon cette évaluation ainsi qu'une actualisation du plan d'actions « droits de l'enfant » au
mois de novembre.
Je conclurai en rappelant à nouveau que la politique de lutte contre la pauvreté, elle doit être, vous l'aurez
compris, transversale, elle doit être multisectorielle. Elle doit prendre en compte, outre la question des revenus, l'accès au logement, à l'emploi, à l'énergie et à la mobilité.
En matière d'emploi, en vue de favoriser l'insertion professionnelle des personnes précarisées, il s'agit de
renforcer la formation, il s'agit de renforcer le suivi vers et dans l'emploi des personnes peu diplômées ou des personnes fragilisées par la vie, l'ouverture de places en crèches doit être aussi favorisée. En matière de logement, l'accès au logement pour les bas revenus doit être favorisé en créant davantage de logements sociaux, bien évidemment, mais aussi en favorisant, et en facilitant la mise à disposition de logements privés salubres.
En matière d'énergie, c'est évidemment de pouvoir accéder à l'énergie à moindre coût pour les personnes à
faible revenu. Cela doit être garanti par des aides appropriées, par des conseils en économie d'énergie.
En matière de mobilité, les personnes précarisées doivent avoir accès à des transports en commun à des
prix modiques, voire, pourquoi pas, gratuits, quand c'est possible.
Le Plan Marshall 2.vert et le Plan Marshall 2022 poursuivent ces différents objectifs. Je suppose que vous
l'aurez remarqué.
L'ensemble des mesures retenues dans le cadre de ce plan ambitieux prend en compte, de manière tout à fait transversale, les défis qui sont des opportunités pour le futur de la Wallonie, les défis démographiques, les défis de santé, les défis de lutte contre la pauvreté, les défis énergétiques, agro-alimentaires, environnementaux et enfin la nécessité de simplification administrative ainsi que les atouts d'attractivité sur lesquels la Wallonie doit capitaliser, en l'occurrence la mobilisation du territoire et, in fine, gardons toujours l'oeil ouvert, c'est-à-dire l'ouverture sur le monde. Je vous remercie pour votre écoute extrêmement attentive.

 

Réplique du Député A. TANZILLI

 

Merci, Madame la Ministre pour vos longs développements qui reprennent un certain nombre de dispositifs qui ont été mis en oeuvre, et qui le sont toujours. Je pense que c'est Mme Gahouchi qui l'a dit en premier, ce n'est peut-être pas la mesure la plus visible tout de suite, mais il paraît certain que l'investissement dans l'enseignement et dans l'éducation relève de cette lutte à long terme contre la pauvreté. Ainsi que, et cela, bizarrement, cela a été peu évoqué, le renforcement des liens de solidarité locale. Je m'explique.
Je pense que, parmi les nombreuses explications de la différence entre la pauvreté flamande et la pauvreté
wallonne et les écarts, il y a aussi une question de liens sociaux, et il faut reconnaître que les traces et les
stigmates laissés chez nous depuis 40 ans par la crise économique, et derrière la crise économique, il y a un certain nombre de crises qui s'en sont suivies, qu'elles soient sociales, qu'elles soient, par certains aspects aussi, morales, ont distendu ces liens, et ce n'est pas un hasard si ce sont ces familles monoparentales, et donc, ces femmes qui se retrouvent seules à un moment, qui en souffrent le plus.
Là, je pense qu'il y a des questions qui interrogent vraiment notre modèle de société, parce que, je ne
voudrais pas paraphraser Lionel Jospin, surtout que cela ne lui avait pas porté bonheur, mais je pense aussi que l'état ne peut pas tout, à un moment. Donc, quand je vous entends sur la gratuité des transports en commun, c'est sûr que si l'on en a des marges budgétaires dans les prochaines années, c'est souhaitable, mais il y a aussi un certain nombre de solidarités interpersonnelles, de solidarités locales sur lesquelles il faudra, et c'est peutêtre plus difficile, mais en tout cas, plus diffus, agir, en tout cas sur lesquels il faudra aussi que l'on s'interroge en tant que pouvoir public. On sait très bien que l'on ne va pas pouvoir courir derrière le nombre de personnes qui ont des problèmes de logement, en se contentant de penser qu'on va pouvoir construire des logements publics.
Je suis de ceux qui pensent que, dans certaines zones en tout cas, un peu de logements publics en plus ferait du bien, mais je connais aussi très bien des endroits où le logement public dépasse parfois les 20 à 25 %, et les effets à un moment peuvent se révéler délétères. Il n'y a rien qui serait plus dramatique que de continuer dans une forme de ségrégation territoriale, avec une Wallonie pour pauvres, une Wallonie pour riches, qui entrerait dans deux logiques totalement différentes, et qui, en fait, créerait deux spirales qui ne seraient pas connectées.
Je pense que la Wallonie essaye de faire beaucoup pour lutter contre la pauvreté. Je pense aussi qu'on devra parfois changer notre prisme, et qu'on devrait prendre certains problèmes autrement, et notamment sur la question de la solidarité interpersonnelle. Je pense qu'on n'y coupera pas. Les finances sont ce qu'elles sont, parce que la réalité de la pauvreté est ce qu'elle est, et parce que c'est ce que nous disent aussi les chiffres. Se dire qu'en Wallonie, alors qu'en théorie, à parité de pouvoir d'achat, la vie est moins chère qu'en Flandre, et à fortiori qu'à Bruxelles. Se dire qu'en Wallonie, avec 1 000 euros, on a plus de difficultés qu'en Flandre avec 1 000 euros, cela interpelle aussi nos politiques d'aménagement du territoire, cela interpelle aussi la politique de développement commercial, cela interpelle énormément de matière, et pas uniquement celle qui relève de vos compétences. Ce serait parfois un peu facile d'avoir une forme de réflexes qui consisterait à dire, au sein du Gouvernement wallon, les pauvres, c'est pour Mme Tillieux, les autres n'ont pas à s'en préoccuper.
Je pense que la question de la réelle mixité, c'est de savoir comment, tous ensemble, nous vivons sur un
territoire. La mixité doit se poser à travers les différents ministères, et pas uniquement à travers un ministère des pauvres.
Je vous remercie pour vos réponses.
 

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