Le portail internet « infos entreprises »

Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Chers collègues,

Devenir entrepreneur, aujourd’hui, c’est se poser beaucoup de questions. Mais c’est aussi faire face à bien des démarches administratives. Afin de ne pas se perdre dans les méandres de l’administration et pour faciliter l’action d’entreprendre, l’Agence de Stimulation Economique (ASE), a donc mis en place (il y a un peu plus d’un an) un portail internet « Infos-Entreprises », qui, à lui seul, recense la plupart des mesures existantes destinées à soutenir la création d’entreprise.

En pratique, ce portail est destiné à aider les futurs entrepreneurs à s’y retrouver parmi une multitude de dispositifs, d’aides ou de réglementations. C’est un point fédérateur qui veut offrir aux visiteurs tous les éléments pour les accompagner dans un projet de création d’entreprise en Région wallonne. Son objectif n’est pas de donner des informations pointues et précises sur tous les aspects de l’entreprise, mais plutôt de permettre aux entrepreneurs ou candidats entrepreneurs, à trouver, en un minimum de temps, les informations adéquates et utiles, que ce soit, entre autre, en termes de personnes de contact, de références légales ou encore de formulaires à compléter.

Afin de mieux découvrir cet outil j’ai moi-même effectué quelques recherches le concernant. Ainsi, saviez-vous qu’en inscrivant des mots-clés comme « entreprendre en Wallonie », « futur entrepreneur Wallonie » ou encore « comment devenir indépendant » sur un moteur de recherche, le site « infos-entreprise » n’arrive malheureusement qu’entre la 6ème et la 20ème position ? Et si on recherche « devenir indépendant en Wallonie », il n’apparaît même pas dans les 5 premières pages des résultats de la recherche…

Que les choses soient claires : je ne conteste évidemment pas l’intérêt d’un tel site-portail, bien au contraire ! Il était fort attendu (ma collègue Anne-Catherine Goffinet vous avait d’ailleurs interrogé quelques fois sur l’état d’avancement de cette initiative tout au long de son élaboration). Et sa pertinence ne fait pour moi aucun doute. Mais je m’inquiète alors d’autant plus qu’un tel outil ne soit peut-être pas suffisamment connu ou qu’il ne soit pas suffisamment utilisé.

Je m’inquiète aussi de l’absence de réseautage via ce site alors qu’on sait combien c’est une des clés de la réussite des opérations d’information institutionnelle.

Je prends l’exemple de l’excellente initiative « monprojetdentreprise.be ». Il s’agit d’une nouvelle plate-forme pour aider à la création d’entreprises mise sur pied le Centre Héraclès, qui participe activement à la création et au développement d’entreprises innovantes dans la région de Charleroi, en partenariat avec, entre autres, le FORem, les SAACE (structure d’accompagnement à la création d’entreprise) Azimut et Jecreemonjob.be, Propage-S (agence conseil en économie sociale), SACE (couveuse d’entreprises à l’essai) et SWITCH (espace de coworking). Cette plate-forme se veut être un espace de ressources utiles pour guider les premiers pas du futur entrepreneur.
Je trouve, bien évidemment ce nouveau projet très prometteur pour booster l’entreprenariat, et dans ce cas-ci, dans la région de Charleroi.

Cette opération est soutenue par la Wallonie et le FSE. Or, aucun renvoi, ni dans un sens ni dans l’autre entre cette initiative et la plate-forme Infos-entreprises !

Ne pensez-vous pas que la multiplication des initiatives sans coordination entre elles pourrait désorienter certains candidats entrepreneurs, qui se retrouvaient dès lors face à trop portails similaires, du moins en apparence ?

Dès lors, une année après le lancement de ce site internet, êtes-vous en mesure, monsieur le Ministre, de faire le point sur son efficacité ?
-  Pensez-vous que ce portail bénéficie de suffisamment de relais pour se faire connaître ?
-  Avez-vous des résultats ou des statistiques quant à sa notoriété et quant à l’efficacité de son utilisation ?
-  Afin de favoriser l’envie d’entreprendre, ne pensez-vous pas qu’il serait judicieux de promouvoir davantage ce site au regard de tout un chacun ?

Je vous remercie d’avance pour vos réponses et vos précisions.

Réponse du Ministre JC MARCOURT

Madame la Présidente, Monsieur le Député, je tiens à vous remercier pour votre question qui est un encouragement tout en constatant un certain nombre de points à améliorer.
 

En un an, le portail a permis de dégager 116 281 visites pour 334 984 pages d'informations. C'est trois quarts de nouveaux visiteurs, un quart de visiteurs récurrents qui ont visité entre trois et sept fois le site.
Aujourd'hui, la politique que nous menons – mais c'est une politique de longue haleine – après avoir informé avec des flyers, mais tout le monde sait que l'information est quelque chose qui s'évapore avec le
temps et vous ne retenez pas d'informations plus élevées, donc c'est la nécessité de réactualiser en
permanence.
 

Vous avez probablement raison quant au fait que, dans la gestion du site, et là il y a peut-être une interrogation à avoir, c'est que, et malheureusement nous ne sommes pas tous rompus aux techniques de
gestion de sites, non seulement il faut mettre une information pertinente sur le site, mais il faut encore le
faire vivre et le dynamiser. Vous avez souligné une initiative qui est prise dans votre région et qui est tout à
fait intéressante puisque c'est : www.monprojetdentreprise.be.
 

Qui est fautif ? Est-ce monprojetdentreprise.be qui aurait dû aller frapper à la porte de « infos entreprises »
ou l'inverse ? Je ne réponds pas. Je dis simplement que le simple fait que l'un ou l'autre ne soit pas connecté prouve un déficit et nécessite encore de travailler sur ces points.
 

Je constate simplement que ce site n'existait pas il y a une année. Il a fallu un temps important pour le mettre en oeuvre. Il est aujourd'hui opérationnel. Vous êtes tout à fait dans le bon – si vous me permettez ce qualificatif un peu familier – lorsque vous dites qu'il faut maintenant le faire grandir. Je pense que l'Agence de l'Entreprise et de l'Innovation devra justement, puisque l'AWTic va être joint, voir comment dynamiser et faire en sorte que cela devienne quelque chose de récurrent dans le monde soit de l'entreprise, soit sociétal, c'est-àdire du citoyen lambda, de se dire que si on veut formuler une question, aller sur « infos entreprises » et le site, cela doit être aussi facile que de se dire : « J'ai une question générale et je tape Google sur mon ordinateur ».
 

C'est un travail qui mérite d'être amélioré. Je reste persuadé qu'aujourd'hui nous faisons des progrès, mais
ces progrès, comme toujours, sont toujours trop lents.
 

Réplique du Député A. TANZILLI

Monsieur le Ministre, je vous remercie pour votre réponse. Je partage entièrement vos remarques et vous avez bien fait de ne pas répondre à la question de savoir qui est fautif. Parce que dans cet exemple que l'on vient de citer, mais comme dans un certain nombre d'autres, ce n'est pas très intéressant de savoir qui est en tort, mais plutôt de savoir comment on pallie ce problème sachant qu'en fait les deux se défendent. C'est le propre des interactions d'unité, les deux se déforcent en ne se renvoyant pas mutuellement.
 

Sur le ton de la boutade, on vient de voter aujourd'hui la future AEI. Vous avez tout à fait raison, c'est vraiment un des premiers défis auxquels elle va devoir s'atteler et prouver par là ses excellentes collaborations avec sa future filiale, l'AWTic, dans la mesure où je pense qu'une des raisons peut être que la multiplication des initiatives ces dernières années peut parfois donner l'impression – je pense souvent à tort, mais tout le monde vit avec son ressenti – d'une forme de concurrence et il est justement essentiel de faire comprendre que les outils purement publics, a fortiori lorsqu'ils se présentent comme cela, en amont de toute démarche, ne font strictement aucune concurrence à un certain nombre d'initiatives qui émaneraient des intercommunales de développement économique, des centres d'entreprises, des SAS de tout ce que l'on veut.
Et donc, vraiment sensibiliser. Et c'est peut-être là alors la réponse, et qui doit entreprendre la démarche. C'est peut-être là que la future agence devra vraiment montrer qu'elle n'est pas du tout dans une logique de concurrence par rapport à d'autres initiatives, qu'elle se situe bien en amont de la démarche et que tout le monde a intérêt à renvoyer vers ce portail et vice-versa pour que, justement, celui qui fait une recherche par un moteur de recherche tombe assez vite sur ce portail qui fonctionnerait, en fait, comme un métaportail. On sait tous très bien que ce n'est pas parce que l'information se trouve sur Internet que tout un chacun est à même de la trouver. La petite expérience que j'ai faite est là pour prouver qu'il y a encore du travail de ce côté-là.