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Vous êtes ici : Accueil Notre action au PW Archives Questions orales Les difficultés actuelles d’ArcelorMittal

Les difficultés actuelles d’ArcelorMittal

7 novembre 2008 │ Question orale de M. Louis SMAL à M. le Ministre Jean-Claude MARCOURT

Monsieur le Président,
Monsieur le Ministre,
Chers Collègues,

Vous le savez, le dossier de la sidérurgie est un dossier qui me tient particulièrement à cœur et dont je suis avec attention les divers rebondissements. Aujourd’hui, suite à la crise bancaire et financière et alors que la récession menace très probablement la Belgique, je m’inquiète des dernières nouvelles en provenance du groupe ArcelorMittal et je souhaitais vous entendre sur divers éléments à ce sujet.

En ces temps économiques troublés, ArcelorMittal a donc annoncé le 15 octobre dernier un plan d’économies de 4 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros) sur les cinq prochaines années, avec à la clé des « réductions d’effectifs » dont l’ampleur n’a pas été précisée. Il a en outre annoncé viser une hausse de 47,3% de son résultat brut d’exploitation sur les neuf premiers mois de 2008, à plus de 21,5 milliards de dollars (15,1 milliards d’euros). D’après le numéro un mondial de l’acier, « ce plan visera principalement à accroître la productivité du personnel, à réduire la consommation d’énergie et à baisser les coûts de production afin d’augmenter le rendement et d’améliorer la qualité des produits ». La réalisation de ce plan passera par « des gains de productivité et des réductions d’effectifs à travers des plans de retraite volontaires, une attrition naturelle, soit des départs naturels, et une rationalisation ciblée ».

D’après un porte-parole, tout cela ne devrait avoir aucune conséquence pour les sites liégeois. Les sites de Liège représentent ainsi environ 3% du groupe ArcelorMittal. La proportion d’économie devrait dès lors être d’environ 84 millions d’euros sur 5 ans… Mais d’après le même porte-parole, il était déjà prévu que Liège fasse encore davantage en termes d’économies : il n’y aurait donc pas d’éléments neufs pour la région et ses travailleurs.

Nous ne demandons bien sûr qu’à le croire …mais, alors que les mêmes déclarations étaient faites à Gand sur base de la même logique, on apprenait le 20 octobre que environ 1850 salariés d'ArcelorMittal à Gand seront mis en chômage économique un à deux jours par semaine afin d’ajuster la production à la baisse de la demande internationale.
Ce genre de nouvelles, ainsi que l’ensemble des bouleversements actuels que connaît le monde économique doivent nous inciter encore plus que d’habitude à être vigilants, attentifs et même un peu sceptiques à l’égard des prévisions et des engagements des entreprises. En effet, jusqu’à tout récemment, toutes les prévisions de croissance d’ArcelorMittal étaient fondées sur une économie mondiale en croissance et une demande d’acier toujours plus importante (ce qui, depuis juin 2006, se confirmait sans la moindre complication). Néanmoins, ce n’est plus le cas aujourd’hui : des secteurs entiers (tel celui de l’industrie automobile) chutent et placent en difficulté l’ensemble des acteurs concernés… Les prix des matières premières suivent une même tendance, radicalement à la baisse, et ne font alors que compliquer encore davantage la situation.

Tout d’abord, confirmez-vous ce « retournement de conjoncture » auquel ArcelorMittal semble déjà vouloir répondre ? Quelles sont les grandes tendances du secteur, depuis l’éclatement de la crise financière ? Plus important, pouvez-vous nous détailler ce fameux plan d’économies adopté par la direction d’ArcelorMittal le 15 octobre dernier ? Quelles en sont précisément les dispositions concernant la Wallonie ? Peut-on vraiment être certain que nous ne serons pas touchés directement ? Ou devons-nous nous inquiéter sérieusement (surtout lorsqu’on voit, qu’à Gand, ArcelorMittal a finalement du mettre en place des dispositifs de chômage économique malgré ce qu’il affirmait quelques jours avant ?)

Le cas liégeois est encore plus inquiétant puisque, dès le départ, Mittal avait certes réinvesti dans les outils et fait redémarrer le HF6 …mais cela suite à un calcul économique coûts/bénéfices et en bénéficiant du support direct et indirect de la Région dans ses projets. Sans cela, le groupe n’aurait certainement pas réinvesti autant dans l’outil liégeois. Mais avec les derniers développements, la donne a changé. Dès lors, est-il toujours autant intéressant pour Mittal de continuer à soutenir le HF6 et la phase à chaud de Liège ou cela n’est-il plus assez rentable (ce qui pourrait l’amener alors à réévaluer une série des engagements qu’il a pu prendre il y a plus d’un an) ? Doit-on s’inquiéter à ce propos ? Quelle est votre analyse ? Avez-vous eu des contacts (tant formels qu’informels) avec ArcelorMittal sur ces sujets ? Peut-on faire confiance en leurs assurances ou doit-on s’attendre à des mauvaises surprises à cet égard ?

Au-delà, pensez-vous que la Région puisse agir directement pour maintenir l’activité et les investissements d’un tel groupe en Wallonie, afin d’éviter au maximum les « réductions d’effectifs » annoncées, indépendamment de la crise mondiale ? Déjà aujourd’hui des travailleurs d’ArcelorMittal sont touchés directement par cette crise et par les réponses formulées par la direction : qu’est-il prévu à leur sujet ?

Je vous remercie d’avance, Monsieur le Ministre, pour votre réponse et vos précisions.

(M. Kubla, Onkelinx et Wesphael sont également intervenus dans le débat)

M. Serge Kubla (MR)

Vous aviez obtenu la réouverture du Haut Fourneau n°6 par rapport à laquelle
nous étions réticents, avec un accord sur les certificats CO2. Tout cela était cohérent, mais pour combien de temps ? Deux ans, cinq ans, huit ans ? En fait, cela aura duré huit mois. Mittal a mis le Haut Fourneau n°6 en stand-by. Carsid a fait la même chose à Charleroi.
Cette décision de Mittal permet de préserver le prix de l'acier et la direction du groupe a été courageuse. Le seul problème est l'aspect provisoire de ce choix. J'ai le sentiment qu'une fermeture définitive ne gênerait pas Mittal.

Avez-vous des contacts selon lesquels la mise entre parenthèses de cet outil est provisoire ? Y a-t-il une volonté de reprendre l'exploitation de celui-ci quand la situation industrielle le permettra ?

Cette décision, par ailleurs, instaure à nouveau le doute parmi les travailleurs qui vont se battre pour leur emploi. Qu'en est-il du climat social ?
Quel est l'avenir de cette implantation ? Comment allez-vous gérer ce dossier peut-être chaud pour vous dans les prochaines semaines ?

M. Alain Onkelinx (PS)

Nous avons beaucoup parlé de ce dossier l'année dernière. Tout le monde se
réjouissait de la réouverture du Haut Fourneau n°6.
Personne n'aurait imaginé que la crise financière soit si importante, mis à part deux ou trois prix Nobel aux États-Unis, et qu'elle allait toucher l'économie réelle.
Le Haut Fourneau n°6 est en stand-by et pourrait être rapidement remis en route, sinon le groupe l'aurait mis « sous cocon », ce qu'il n'a pas fait.
J'ai entendu une déclaration inquiétante du directeur général d'Arcelor Liège qui affirmait naviguer à vue, ne sachant pas l'avenir exact de notre sidérurgie.
Par ailleurs, il était nécessaire de réaliser des investissements au niveau du Haut Fourneau n°6 pour être en conformité sur le plan environnemental. Mittal avait un an pour le faire. Ces investissements sont-ils toujours prévus ?
N'aurait-il pas fallu poursuivre l'activité de cet outil en acceptant une diminution du prix de l'acier ? C'est une stratégie prônée par la FGTB qui a une expertise en la matière.
Avez-vous une idée précise de la relance du Haut Fourneau n°6 ? Le Haut Fourneau B sera-t-il menacé si la crise perdure ?
Pour remettre l'outil en route, il y a eu de gros investissements. Qu'en est-il à présent des pénalités et des engagements de création d'emplois ?

M. Bernard Wesphael (Écolo)

Je pense que le problème fondamental est que nous demeurons dans une logique purement financière. Or, il n'y a pas de Gouvernement économique européen ni même de stratégie industrielle européenne. Nous demeurons donc soumis aux aléas et aux décisions des patrons d'industrie.
De même, il va falloir penser au retour possible de la phase à chaud à Liège. Mais il y a une échéance qui risque de faire capoter ce retour, à savoir l'échéance de 2012. S'il n'y a pas de renégociation des quotas d'émissions de CO2, il n'y aura plus de sidérurgie à Liège.

Réponse


M. le Ministre Jean-Claude Marcourt

Ni ailleurs !

M. Bernard Wesphael (Écolo)

On doit se préparer à ce type de débat.

M. le Ministre Jean-Claude Marcourt

Le plan d'investissement, pour 2009, d'Arcelor-Mital était de 35 milliards de dollars. Il serait
divisé par 6 ou 7 ! La production de General Motor a chuté de 45 % ! Il va donc falloir commencer à trouver des débouchés.

Voyez la situation de l'assemblage en Flandre, on parle de milliers d'emplois suspendus. Toutes les usines d'assemblage en France marquent un arrêt complet de 15 jours.
Rappelons que nous nous sommes battus pour l'ensemble de la phase à chaud et que l'on nous disait, à l'époque : « Vous allez affaiblir le froid ! ». Or, aujourd'hui c'est justement le froid qui est touché de plein fouet.
Les stocks sont passés, en 15 jours, de 4 à 8 mois ! La consommation a donc été divisée par deux.
Il n'y a plus d'argent dans les entreprises et nous risquons la rupture de crédit, ce qui nous conduirait à une crise économique majeure. Nous nous sommes battus pour le Haut Fourneau n°6, le Haut Fourneau B, pour Chertal. Si nous ne l'avions pas fait, au 1er janvier 2009, ces outils auraient fermé.
Je regrette de ne pas être interpellé plus souvent sur Carsid et Duferco. Nous avons investi 50 millions d'euros dans Carsid et Duferco est aujourd'hui un des outils qui s'en tire le moins mal.
Tout le secteur sidérurgique subit un frein économique. Un des enjeux cruciaux est donc de réinjecter de l'argent dans le circuit économique. Il faut toutefois que l'Asie et l'Inde donnent le point de départ.

Je peux vous dire qu'il n'y a pas eu cette fois-ci de discrimination vis-à-vis de la Wallonie, contrairement à ce qui s'était passé lors du Plan Apollo d'Arcelor, mais la question qu'il y a lieu de se poser est la suivante : le chômage économique ayant un impact sur le revenu des travailleurs, ne doit-on pas intervenir à ce niveau ?

M. Serge Kubla (MR)

Je comprends parfaitement l'état des lieux dressé par M. le Ministre mais je n'ai
pas reçu de réponse quant à des contacts éventuels qu'il entretiendrait avec Mittal au sujet des perspectives à venir.

M. le Ministre Jean-Claude Marcourt

La réponse est oui. Il y a des contacts. Il en ressort qu'aujourd'hui la priorité est au maintien des
outils. Il n'y a pas de décision prise à l'égard des hauts fourneaux.

M. Serge Kubla (MR)

Donc, nous devrions figurer dans les programmes de réouverture.
J'aimerais également obtenir une réponse sur le climat social : la situation a-t-elle bien été acceptée dans le monde du travail ou vous attendez-vous à un durcissement ?

M. le Ministre Jean-Claude Marcourt

Les organisations syndicales ont bien passé le message aux travailleurs. La direction locale de
Mittal a par ailleurs communiqué afin que les travailleurs comprennent les tenants et aboutissants de la crise. La difficulté portera à mon avis sur la violence du choc et sur le fait que personne ne sait quand la conjoncture redémarrera.

M. Louis Smal (cdH)

Une entreprise repose sur la relation marché — produits. Or, aujourd'hui, le
marché est en baisse, tous les secteurs sidérurgiques sont touchés. Le prix de l'acier est lui-même en baisse et donc les bénéfices sont réduits. Et même si nous on a réouvert le Haut Fourneau n°6, je ne suis pas convaincu que nos prix de revient sont bons. Je me réjouis que les travailleurs ne soient pas partis en grève, cela aurait été contre-productif.
Je vous demande donc de rester vigilants et de maintenir une bonne communication vis-à-vis des travailleurs.

M. Alain Onkelinx (PS)

Je partage l'analyse de M. Smal et suis d'accord sur le fait que la principale
difficulté portera sur le temps d'arrêt que devront respecter les outils.
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