La découverte par des chercheurs de l’additif « pyrazine », qui dope la dépendance au tabac

Monsieur le Ministre,

Il y a un mois à peine, nous fêtions la « Journée mondiale sans tabac », et à cette occasion, ma collègue la Députée Clotilde LEAL vous interrogeait déjà sur la politique que vous menez actuellement dans notre Région, dans le cadre de vos compétences, pour lutter contre le tabagisme.

En effet, il y a aujourd’hui en Belgique environ 26% de fumeurs ! Un chiffre interpellant, qui doit surtout nous amener à réfléchir aux causes d’un tel pourcentage, pour pouvoir agir ensuite de la manière la plus opportune qui soit !

Or, c’est récemment que des chercheurs ont découvert le composant qui permet à l’industrie du tabac de doper le caractère addictif des cigarettes en utilisant moins de nicotine…La pyrazine serait utilisée dans les cigarettes, mais pas uniquement. Le tabac à rouler et les liquides contenus dans les cigarettes électroniques seraient également concernés…

Tous ces produits contiendraient cet additif, connu donc sous le nom de pyrazine, qui donnerait plus de goût et rendrait le fumeur encore plus dépendant au tabac…

Selon cette étude récente, publiée dans le British Medical Journal, les cigarettes électroniques, qui connaissent par ailleurs une popularité croissante, seraient aussi « addictives » que les cigarettes classiques. Ce serait notamment pour cela que tant de fumeurs - de plus en plus jeunes du reste - qui utilisent des substituts nicotiniques pour tenter d’arrêter de fumer, seraient en échec !

L’industrie du tabac a identifié que les pyrazines agissent en adoucissant le goût, ce qui peut rendre plus aisée l’inhalation et la prise de nicotine en diminuant l’âcreté et les effets irritants de la nicotine et d’autres ingrédients du tabac ! L’industrie entendrait ainsi, au moyen de cet additif, promouvoir l’usage du tabac auprès des plus jeunes (adolescents et jeunes adultes).

Sachant qu’un jeune devient dépendant en quelques semaines seulement, nous pouvons donc dire que le temps presse Monsieur le Ministre ! Pour l’heure, rien ne serait encore prévu, au niveau européen, pour interdire les pyrazines dans les produits tabagiques. Seuls les arômes « caractérisants », à savoir ceux qui masquent vraiment le goût du tabac, seront interdits en 2016…

Vous nous disiez il y a un mois que les actions qui relèvent de votre compétence dans ce domaine devront être mises en œuvre dans le cadre du Plan wallon sans tabac…

J’aurais dès lors souhaité aujourd’hui connaître votre réaction par rapport aux conclusions de ces chercheurs, et aux conséquences que ces nouvelles informations auront sur la politique wallonne que vous mettez et/ou mettrez en œuvre pour lutter contre le tabagisme en Wallonie.

Envisagez-vous d’ores et déjà, en collaboration avec les autres niveaux de pouvoirs compétents, certaines actions préventives pour contrer cette nouvelle « manœuvre » industrielle ? Dans l’affirmative, pourriez-vous me faire savoir lesquelles ?

Je vous remercie d’avance pour vos réponses

Réponse du Ministre M. PREVOT le 10/07/2015

La règlementation concernant la composition des cigarettes, qu’elle soit électronique ou non, relève des compétences fédérales.

Néanmoins, la sixième réforme de l’État a conféré à la Région wallonne les compétences relatives à la promotion et la prévention de la santé.

Les actions de soutien au sevrage tabagique sont actuellement en phase transitoire dans le cadre de la réforme de l’état.
Cette période transitoire se poursuit jusqu’au 31/12/2015 pour ce qui concerne le remboursement des consultations chez les tabacologues.

La Région wallonne subventionne le Fonds des Affections respiratoires, qui œuvre activement dans le cadre du Plan Wallon sans tabac. Ce plan porte essentiellement sur la formation et l’encadrement des professionnels de la santé afin qu’ils puissent apporter une aide adaptée et répondre aux besoins de la population de manière à éviter les comportements de consommation problématiques et les dépendances.

On a également remarqué qu’en ce qui concerne la cigarette électronique, des produits comprenant des pyrazines destinés à être rajoutés à des liquides de vaporisation ou d’inhalation sont en vente, en particulier sur le web. Ceci pose question et a amené des associations membres du Plan wallon sans tabac (tel le FARES, ASBL) à se positionner en matière d’utilisation de la cigarette électronique : celle-ci, en effet, pourrait s’avérer être un moyen à utiliser, dans certaines conditions strictes, pour le sevrage tabagique.

Les éléments repris dans l’étude à laquelle l'honorable membre se réfère permettront aux services spécialisés en prévention et aux actions préventives qu’ils mettront en place d’adapter le contenu de celles-ci afin de compléter les éléments d’information et de mise en garde.