Les perspectives de développement des biocarburants en Wallonie

Monsieur le Ministre,
 

Depuis plusieurs années, la production agricole à destination de la production de biocarburants a augmenté à travers le monde. Ce type de production peut permettre à la fois de répondre à des impératifs environnementaux et de fournir à l’agriculteur des débouchés alternatifs. Toutefois, le développement de ces productions (carburants de première génération) a démontré l'impact très négatif qu'il pouvait avoir sur les cultures vivrières dans de nombreux pays ou encore sur le prix des aliments tant pour les consommateurs que les éleveurs.
 

Depuis lors, les aides directes aux cultures énergétiques en Wallonie ont été stoppées et il ne subsiste plus que des aides indirectes au niveau fédéral dans le cadre d'un régime en extinction.
 

Monsieur le Ministre :
- quelle est l'évolution depuis 5 ans du nombre d’hectares concernés en Wallonie par la production à destination des biocarburants de 1ère génération ? Quelles sont les cultures concernées?
- Pouvez-vous faire le point sur les études en cours sur les biocarburants de 2èmegénération? Des études sont-elles menées par le CRA-W et/ou nos universités ? La Wallonie soutient-elle ces projets ?
- Des projets ou des réflexions concernant la valorisation d’autres ressources (déchets de bois, d'effluents,…) sont-ils en cours ?

Je vous remercie d’avance pour vos réponses.

 

Réponse du Ministre R. COLLIN le 23/09/2015

L’évolution des superficies en fonction des utilisations de ces cinq dernières années n’est pas facile à préciser.

Ainsi pour le froment, en 2014, le Centre wallon de Recherches agronomiques (CRA-W) a publié une étude sur l’état des lieux des flux céréaliers en Wallonie selon différentes filières d’utilisation. Cette étude pointe l’absence de base de données faisant le relevé des flux céréaliers wallons selon leurs utilisations.

Selon l’ASBL Valbiom, chargée du suivi et de la promotion des utilisations non alimentaires des cultures et plus spécialement leur valorisation énergétique, le même constat peut être fait pour les autres matières premières.

Il est à noter que la production de biocarburant génère également de nombreux coproduits comme le gluten utilisé pour l’alimentation humaine et animale, le son qui peut être valorisé en alimentation animale ou pour la production d’énergie verte, etc. Ainsi, la production d’éthanol génère en masse une quantité de coproduits presque équivalente à la masse d’éthanol produite. Pour 1 kg d’éthanol produit, on a pratiquement 1 kg de coproduits.

En ce qui concerne les betteraves, BioWanze en utilise et ce sont des betteraves sucrières d’origine belge : environ 400.000 tonnes par an soit 4.584 hectares de betteraves sucrières. En 2014, la production belge de betteraves sucrières était d’environ 5 millions de tonnes ce qui représente une superficie de 58 602 hectares.

Pour ce qui concerne le colza, le pourcentage du colza utilisé pour l’énergie est estimé par ValBiom à 50 %, ce qui représente environ 6000 hectares en Belgique. Ce pourcentage dépend fortement des fluctuations des marchés de valorisation alimentaire ou en biodiesel de colza. Les unités de production de biodiesel en Belgique brassent des quantités largement plus importantes que la production belge de colza. Là aussi, la quantité de coproduits est importante.

Plusieurs projets de recherche ont été ou sont menés par le CRA-W, l’UCL et l’ULg en Wallonie. Ces projets visent tous à trouver des nouvelles voies de valorisation de la biomasse.

Les expériences voisines (Picardie Champagne-Ardenne, Flandre, Pays-Bas) nous enseignent l’importance d’une stratégie dédiée à la thématique de l’économie biobasée, qui englobe les valorisations en énergie et produits à haute valeur ajoutée. Un output de ces stratégies se compose de feuilles de route technologiques permettant d’orienter au mieux les projets de bioraffinage de seconde génération en fonction des potentiels spécifiques à la région.

Travailler à l’élaboration de cette stratégie pour une économie biobasée wallonne est important. C’est l’objectif de l’initiative Coq vert qui regroupe le pôle GreenWin, ValBiom, essenscia Wallonie, l’Agence Wallonne pour l’Exportation (AWEx) et l’Office Economique Wallon du bois (OEWB).