L’agriculture de précision

Monsieur le Ministre,

De nombreuses études mettent en avant les défis de l’agriculture connectée dans une société numérique. L’agriculture de précision est sans doute la troisième révolution que connait le développement agricole (après le développement de l’assolement au XVIIème siècle puis la mécanisation et les sciences au XXème siècle). A l’instar de l’ensemble de notre société le monde agricole doit entrer de plein pied dans la révolution numérique et ses nombreuses applications.
Les gains de productivité potentiels sont importants, une meilleure approche pourra permettre de réduire les intrants, les charges de travail, d’améliorer la productivité et enfin de satisfaire à la demande du public de renforcer la protection de l’environnement. Il s’agit on le voit d’un enjeu crucial pour l’avenir de l’agriculture.
Monsieur le Ministre :
- Quelle stratégie numérique entendez-vous développer pour l’agriculture wallonne ?
- Comment comptez-vous intégrer cette dimension dans la formation agricole de base et continuée ?
- Certains des outils proposés nécessitent d’importants investissements et un usage sur d’importantes superficies, ils nécessitent donc de développer des formes collaboratives entre les agriculteurs. Quelles initiatives le Ministre entend-il prendre en la matière ?

Je vous remercier pour vos réponses,

Réponse du Ministre R. COLLIN 

Monsieur le Député, il existe plusieurs définitions de l'agriculture de précision selon les points de vue économiques, environnementaux, techniques, voire productivistes. Elle demande à être mieux définie comme un ensemble de méthodes de gestion des variabilités spatiales et temporelles des facteurs de production, alliant les nouvelles technologies de la communication et de l'information de plus en plus mobiles aux techniques de géolocalisation.

Ces techniques ne sont pas neuves et sont d'un usage courant depuis déjà une vingtaine d'années dans la gestion des serres horticoles ou des troupeaux laitiers.

L'agriculture de précision s'intègre dans la formation professionnelle agricole, notamment via les cours techniques de base, cours A, ainsi que dans les cours de perfectionnement, cours C.

Par ailleurs, de nombreuses journées d'étude, séances d'information et conférences ont abordé le sujet ces dernières années, l'élevage de précision, la gestion des intrants en grandes cultures, utilisation du GPS ou de drones pour la récolte de données de géolocalisation.
Ces présentations ont dressé un inventaire des usages possibles de ces technologies pour notamment améliorer
les systèmes d'alerte, l'identification d'impacts d'événements climatiques extrêmes comme une sécheresse, inondation, érosion, coulée de boues, et cetera.

Le Centre wallon de recherches agronomiques participe à de nombreux projets sur ces pratiques d'agriculture de précision, notamment dans le cadre d'une utilisation réduite et plus judicieuse des produits de protection des cultures.

À ce propos, dans le cadre de la directive-cadre pesticides et de la mise en œuvre de l'Arrêté ministériel du 24 juillet 2013 relatif aux programmes de formations initiales pour les différents types de phytolicences, j'ai proposé qu'une mesure spécifique de formation en agriculture de précision – technologies avancées liées à l'utilisation des produits phytopharmaceutiques – soit ajoutée au futur programme wallon de réduction des pesticides, le fameux PWRP 2018-2022, qui comprendrait préalablement une étude de faisabilité sur la mise en place de telles formations.

Il est évident que le plan triennal de la recherche agronomique comprendra l'étude de ces nouvelles technologies dans un objectif de production durable.

Enfin, pour soutenir l'acquisition et l'adoption de ces outils technologiques et ces équipements aux coûts élevés, dans le cadre des aides aux investissements, j'ai maintenu un axe fort pour encourager la constitution de coopératives d'utilisation en commun de machines agricoles, les CUMA.

Réplique du Député F. DESQUESNES

Merci, Monsieur le Ministre, pour ces nombreuses précisions et les éléments qui montrent que c'est quelque chose qui préoccupe l'ensemble de votre département. Je voudrais vraiment insister sur la nécessité d'encourager et peut-être au départ du CRA-W, au travers par exemple d'expériences pilotes ou de zones test, des collaborations
nouvelles entre agriculteurs pour vraiment utiliser pleinement et à leur pleine capacité, l'ensemble des nouveaux outils qu'offrent les technologies. C'était d'ailleurs la thématique du dernier Salon Agribex, qui montre que véritablement aujourd'hui, c'est une préoccupation et un enjeu pour notre agriculture et nos agriculteurs.