L’aide possible aux éleveurs d’ovins impactés par la nouvelle application des normes sur les abattages rituels

Monsieur le Ministre,

La dernière fête de l’Aïd a été marquée par l’application de la décision du Conseil d’Etat concernant l’abattage rituel. Depuis plusieurs années, cette fête constituait un moment important pour une partie des éleveurs d’ovins en Wallonie. L’important boycott de la fête cette année par la communauté musulmane a eu un impact concret pour les éleveurs qui se sont retrouvés avec sur les bras une partie importante de leur cheptel.
En réponse à une question que je lui adressais lors de la dernière quinzaine, votre collègue en charge du Bien-être animal indiquait qu’il devait rencontrer avec vous une délégation de producteurs d’ovins pour évaluer les conséquences de ce boycott.

Monsieur le Ministre :

- Quel a été le bilan de votre rencontre avec les éleveurs d’ovins ?
- Une estimation des pertes financières a-t-elle pu être réalisée ? Dans l’affirmative, à combien s’élèvent-elles ?
- Les éleveurs ont-ils pu se réorienter et écouler leur production d’une autre manière ?
- Dans le cadre des travaux budgétaires, votre collègue et vous avez-vous pu structurer une réponse permettant d’aider la passe difficile qu’ont connu les éleveurs ovins ?

D’avance, je vous remercie pour votre réponse.

Réponse du Ministre R. COLLIN 

Monsieur le Député, la fête de l'Aïd concerne 10 000 agneaux wallons, soit 20 % des agneaux produits annuellement. C'est donc très important.

Dans les six semaines précédant la fête de l'Aïd 2015, seuls 25 à 30 % des agneaux élevés à destination de ce marché ont été écoulés.

Globalement, ces agneaux ont été vendus à un prix inférieur, de 20 à 30 % au prix usuellement rencontré à
l'occasion de la fête, soit 2,20 euros par kilo de poids vif contre 3 euros de poids vif.

Les 70 % des agneaux restants sont ou devront être écoulés après la fête de l'Aïd à un prix diminué, et avec des frais directs d'élevage, notamment l'alimentation liée au report de la période de vente.

Néanmoins, la situation normale dans les pays voisins a permis d'écouler une partie de la production, en France et aux Pays-Bas.

Une enveloppe de 100 000 euros a été débloquée en faveur des éleveurs wallons de moutons suite au boycott.

Un accord est intervenu entre le ministre Di Antonio et moi-même, en concertation, bien sûr, avec le secteur, afin de mobiliser cette enveloppe et de la consacrer aux éleveurs d'ovins.

L'indemnisation devrait prendre en compte les pertes encourues par les éleveurs, pour qui cette production a un impact significatif dans la part de revenus, à savoir ceux qui détiennent plus de 30 brebis toute l'année.

Mes services sont en train de préparer un projet d'arrêté ministériel dans le cadre des aides de minimis.
Nous allons, bien entendu, charger notre administrateur de le mettre en oeuvre.

Réplique du Député F. DESQUESNES

Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour l'issue favorable qui a pu être la vôtre et celle de votre collègue en matière de bien-être animal, qui permet de dégager une somme. Il faudra que je fasse le calcul, pour voir dans quelle mesure la somme permettra de compenser, mais, je pense que l'on est quand même à un montant sensiblement significatif. Je pense que c'est une bonne chose pour les éleveurs.

Il importera de faire en sorte que, dans les détails techniques de l'arrêté, dans le cadre de la réglementation de minimis autorisée par l'Europe, l'on soit bien attentifs à ce que ce ne soit pas les revendeurs de moutons qui
bénéficient de l'aide, mais vous avez parlé qu'ils étaient détenus pendant toute l'année.

Je pense qu'il faut pouvoir tenir compte à la fois de ceux qui ont élevé les moutons, c'est à dire pas spécialement ceux qui les ont fait naître, mais ceux qui les ont nourris pendant de longs mois pour obtenir la configuration du mouton telle que requise par la fête de l'Aïd.

Un autre élément, mais je sais que cela dépend davantage de votre collègue que de vous-même : je pense que nous devrons être attentifs à émettre très rapidement un message très clair aux éleveurs d'ovins, parce que la nouvelle saison, « la nouvelle année », va commencer dans les prochaines semaines ; les naissances, les agneaux, les achats, c'est maintenant que cela se décide, et donc une vision claire sera certainement utile.