L’avenir du paiement mobile en Wallonie

Monsieur le Ministre,

Récemment, nous prenions connaissance de la rencontre du patron d’Alibaba, active notamment dans l’e-commerce, avec la délégation de l’AWEx. En effet, la société serait désireuse de s’implanter en Europe au vu de l’intérêt grandissant de la classe moyenne chinoise pour les produits européens. Cette plateforme permettrait d’expédier plus facilement nos produits vers la Chine.

Nous avons à plusieurs reprises mentionné l’incohérence de la situation du e-commerce en Wallonie : alors que les Wallons sont très nombreux à acheter en ligne, on déplore un taux de vente en ligne pour les commerces wallons relativement faible. Ainsi, bien que l’objectif d’Alibaba soit d’avoir un point d’entrée pour le continent entier, cela pourrait également se révéler intéressant pour le e-commerce en Wallonie. Par ailleurs, on mentionne également la volonté de l’entreprise de développer davantage son système de paiement mobile – Alipay - en Europe.

Monsieur le Ministre, tout d’abord, disposez-vous de plus d’informations quant à la rencontre entre le patron de la société et de l’AWEx ? Où en est la discussion ? Confirmez-vous qu’un dossier a déjà été remis ? Des sites en particulier ont-ils été évoqués ? Quand sont programmés les « nouveaux contacts » dont la presse fait mention ?
 

Par ailleurs, puisqu’on mentionne Alipay, cela m’amène à une question plus générale sur le développement des systèmes de paiement mobile en Région wallonne. En effet, cela fait partie intégrante du principe de l’e-commerce et le favoriser pourrait également contribuer à une plus grande diffusion du commerce en ligne. Monsieur le Ministre, on sait que certaines communes wallonnes se prêtent aujourd’hui à des expériences-pilote en la matière. Plus globalement, ce système se répand rapidement partout en Europe. Qu’en est-il pour la Région wallonne ? Pouvez-vous faire le point sur ce sujet ? Quelles sont les ambitions du Gouvernement en la matière ? Je pense particulièrement au Plan numérique à venir : une réflexion est-elle en cours dans ce cadre ?

D’avance, je vous remercie pour vos réponses.

Réponse du Ministre JC MARCOURT

Madame la Députée, comme vous l'avez relevé à juste titre, une rencontre avec Jack Ma, fondateur d'Alibaba, a été programmée le 24 juin à Pékin dans le cadre de la dernière visite d'État en Chine.
 

Pour être plus précis, il ne s'agissait pas d'une rencontre avec l'AWEx, mais d'un déjeuner entre notre souverain et sept des plus grands capitaines d'entreprises chinoises. Cette réunion s'est déroulée en présence des trois ministres-présidents régionaux, du vice-Premier ministre et de l'ambassadeur de Belgique en République populaire de Chine.
 

Plusieurs centres d'intérêt ont été avancés par M. Ma lors de cette rencontre. Il était notamment question
d'une recherche de  data centers pour héberger à la fois :
- des flux de  big data en Europe ;
- une ou plusieurs plateformes d'e-commerce ;
- un premier centre de concentration de paiements en ligne, Alipay, toujours en Europe.
 

Tandis que certains de ses concurrents visent une présence directe sur le marché européen, et plusieurs
dossiers de ce type sont actuellement suivis par l'AWEx et le pôle Logistics in Wallonia, Alibaba se concentre
toujours sur le marché chinois.
 

Pour se faire, il s'appuie sur des intégrateurs européens existants – de type B-Post – et recherche actuellement, vous l'avez relevé, une amélioration de son portefeuille produit mis à la vente en Chine en y
intégrant des produits de luxe européens.
 

Vu l'importance du client potentiel et des dossiers évoqués, vous comprendrez toute la prudence et la
confidentialité nécessaires à l'élaboration de propositions à destination de la première société d'e-commerce au monde. Ces propositions doivent se faire en fonction du rythme de l'entreprise et de ses centres d'intérêt. D'autres régions et d'autres États européens sont également prospectés par Alibaba.
 

Je peux néanmoins vous indiquer que les équipes de l'AWEx en charge de la Chine et des thématiques
mentionnées ont déjà rencontré les équipes d'Alibaba à plusieurs reprises.
 

Le paiement mobile s'inscrit dans la droite ligne d'autres usages comme l'e-commerce, qui devient aussi mobile, ou l'accès à une banque depuis un smartphone.
C'est la fusion de l'environnement numérique avec l'environnement physique.
 

Plusieurs systèmes de paiements mobiles sont déjà actuellement disponibles en Wallonie. Outre les grands
noms du paiement électronique qui ont étendu leurs offres aux paiements mobiles, comme Paypal par
exemple, il existe également une offre de solutions spécifiquement adaptées à la réalité du marché belge.
 

À titre d'exemple, je citerai l'application mobile Bancontact. Cette application est déjà utilisée par plus d'un demi-million de Belges. Elle se présente soit de manière autonome, soit intégrée à d'autres applications
mobiles comme Smartpay de Delhaize Group.
 

À ce sujet, 15 magasins seront d'ailleurs équipés, fin 2015, pour accepter ce type de paiement.
 

Il existe également le portefeuille électronique mobile Sixdots. Ce portefeuille se positionne comme le standard ouvert en matière de paiement mobile en Belgique, quel que soit l'opérateur mobile ou la banque
du client.
 

Cette solution de paiement nécessite la liaison à une carte bancaire pour être fonctionnelle.
 

De plus, ce porte-monnaie électronique dépasse de loin le seul cadre du paiement mobile, puisqu'il intègre
également les fonctionnalités des coupons de réduction et des programmes de fidélité.
 

Le système de paiement SEQR, d'origine suédoise, déjà disponible dans plus de 500 000 magasins dans
26 pays, est adopté par l'ensemble des magasins physiques du groupe Colruyt, mais également sur son
offre en ligne Collishop. Certains points de vente spécifiques dans le domaine de la restauration rapide
l'ont également adopté, ainsi qu'un réseau de pharmacies.
 

L'évolution des technologies va également contribuer, au cours des prochaines années, à une accélération des paiements mobiles.
 

Si aujourd'hui, la plupart des solutions disponibles en Belgique reposent sur une application mobile et le scan d'un code-barre 2D, il est déjà possible, depuis des années, de payer sans contact via des technologies comme le NFC, le  Bluetooth Low Energy  ou encore les ultrasons. Ces technologies sont de plus en plus souvent couplées à des systèmes biométriques. Notons enfin que l'arrivée de cartes de crédit sans contact équipées d'une puce NFC va simplifier encore le paiement en utilisant l'instrument le plus familier des consommateurs, à savoir une carte de paiement.
 

La question du paiement mobile est emblématique du décalage qui existe trop souvent aujourd'hui entre des technologies disponibles et au point des usages qui se cherchent encore. En ce sens, la clé du succès du paiement mobile réside dans la capacité d'animation autour de celui-ci, c'est-à-dire la capacité à offrir de
solides arguments au client pour qu'il troque son argent liquide et ses cartes contre son smartphone. Enfin, dans le cadre des assises organisées pour le plan Numérique, le groupe de travail e-entreprise s'est notamment penché sur le développement de l'e-commerce en Wallonie. À ce stade, il n'y a cependant pas eu de propositions, mais celles-ci pourraient intervenir dans le cadre des deux mois d'été, puisque le plan devrait intervenir pour la fin du mois de septembre.

 

Réplique de la Députée M.-D. SIMONET

Merci, Monsieur le Ministre, pour les précisions concernant les contacts avec Alibaba, première société d'e-commerce au monde. On se félicite que ceux-ci continuent.
 

D'autre part, pour le point technique détaillé sur les différents paiements, on voit bien que les technologies
se multiplient, se croisent, s'additionnent et que de plus en plus de paiements sont utilisés – je ne vais pas
rappeler toutes les solutions que vous avez fort bien énumérées des plus simples aux plus complexes.
 

Il y a une évolution claire et cela bouge d'où l'intérêt de mettre à profit les deux mois d'été avant le compte
rendu de septembre pour voir ce qui est le plus prometteur et qui en même temps, protège les droits des
acheteurs, des clients et des citoyens avec la plus grande clarté. C'est tellement facile parfois que l'on imagine bien que certains ne pourraient pas bien visualiser les montants qu'ils dépensent de la sorte. C'est donc important aussi d'avoir des services qui attirent l'attention clairement de l'utilisateur sur ce qu'il fait et
sur les conséquences de paiement « clip clip ». Je pense que c'est déjà arrivé à tout le monde par smartphone, d'être sur une application et puis, involontairement, on se rend compte que l'on a payé quelque chose ou que l'on est en train de commander quelque chose, le doigt ayant un peu glissé. Ce n'est généralement pas trop grave. Les montants ne sont pas très élevés et on n'en meurt pas, mais si l'on n'est pas attentif, cela peut se reproduire.