L’état des frênes

Monsieur le Ministre,

Depuis 2010, les frênes de Wallonie sont attaqués par la chalarose, champignon venu d’Asie. Aujourd’hui 70% des frênes seraient touchés par la maladie, à des degrés divers. La maladie provoque une nécrose du bois qui risque de ce fait de perdre sa valeur. Les propriétaires sont contraints de couper le bois en urgence afin de sauver ce qui peut l’être mais il en résulte un effondrement du marché.

En octobre dernier, vous indiquiez l’urgence de conserver un maximum d’arbres-semenciers d’avenir non atteints par la maladie ou résistants à celle-ci.

Monsieur le Ministre :
- Pouvez-vous faire le point sur les études en cours ?
- Des moyens d’endiguer cette maladie sont-ils identifiés ?
- Un nombre suffisant d’arbres semenciers résistants à la maladie ont-ils pu être conservés ?
- A plus long terme, envisagez-vous la mise en œuvre d’un plan d’action afin de remplacer des plantations existantes par des arbres résistants et permettre ainsi la préservation de l’exploitation de cet arbre en Wallonie ?

D’avance je vous remercie pour vos réponses,

Réponse du Ministre R. COLLIN 

Madame la Députée, depuis 2012, mon administration, au travers de l'Observatoire wallon de la santé des forêts, a mis en place un dispositif de surveillance de la chalarose du frêne en Wallonie. Son objectif est de suivre l'évolution sanitaire des frênes dans des sites contaminés pour établir la dynamique d'évolution de la maladie et son impact.

L'année 2015 est marquée par des houppiers des arbres en meilleure santé. Le nombre d'arbres infectés reste sensiblement le même. Cependant, le dispositif de surveillance montre, en 2015, une augmentation du nombre d'arbres morts qui est de l'ordre de 7 %.

La chalarose est présente depuis 2012 sur tout le territoire wallon. Il n'existe aujourd'hui aucun moyen d'endiguer l'évolution de la maladie. Des études scientifiques, menées actuellement en Europe et en Wallonie, se penchent sur la recherche de solutions mécaniques ou biologiques pour aider à la destruction du champignon dans la litière des peuplements forestiers. Pour l'instant, aucun remède ne nous permet d'agir dans les peuplements touchés.

Un certain nombre d'arbres ne sont pas atteints et résistent bien à la maladie. En forêt publique, le département de la nature et des forêts inventorie les peuplements touchés et recherche les semenciers résistants.

Hors forêt, beaucoup d'arbres d'alignement sont touchés et sont surveillés dans le cadre de la gestion de la sécurité le long des voiries.

La Wallonie est dotée, depuis de nombreuses années, de dispositifs de suivis génétiques des différentes essences, dont le frêne. Les études menées au sein de ce dispositif ne permettent pas, à l'heure actuelle, de mettre en évidence une résistance à la maladie chez certaines provenances de frênes. Les études se poursuivent.

Le plus grand potentiel de l'avenir du frêne est le maintien d'arbres matures adaptés à nos sols et climats et qui manifeste des signes de tolérance à la maladie. La mise en place d'une sylviculture active pour la régénération de tels arbres est nécessaire. En conclusion, la politique de gestion de la maladie du frêne aujourd'hui vise à conserver un maximum d'arbres-semenciers d'avenir non atteints par la maladie ou tolérants et à favoriser des forêts mélangées pour assurer un avenir au frêne commun, essence de reproduction qui participe au maintien de la biodiversité wallonne.

Réplique de la Députée I. MOINNET

Je remercie M. le Ministre pour sa réponse et notamment les solutions d'avenir telles que le maintien d'arbres matures et le fait de favoriser les forêts mélangées.

C'est une bonne chose, parce que la situation est vraiment problématique. Si les frênes sont malades, bon
nombre d'entre eux doivent être abattus pour des raisons de sécurité. Cela a notamment été le cas dans le sud de
la Province de Namur, à Falmignoul, où une route a du être fermée dans les deux sens de la circulation.

Au-delà de l'aspect sécuritaire, il est vraiment important de trouver un remède et un suivi génétique pour solutionner cette problématique.