La certification halal du sirop de Liège et son impact sur les exportations

Monsieur le Ministre,

Le sirop de Liège fait la réputation de notre région depuis de nombreuses années.
Toutefois, au début du mois d’aout, personne n’a pu manquer la polémique qui est née autour de la certification halal obtenue par l’entreprise. En effet, plusieurs personnes ont considéré que cela remettait en cause nos principes et que cela menaçait d’une certaine manière nos produits de terroir.

Monsieur le Ministre, il est un fait que ce produit a une valeur symbolique incontestable pour la région liégeoise et qu’une potentielle modification de sa recette pour des motifs confessionnels est très susceptible de provoquer l’émoi dans la population. Toutefois, il pourrait être intéressant de vous entendre sur l’argument qui était pourtant avancé depuis le début et qui est celui des avantages en termes d’exportations que cette certification apporte.

Dans le domaine de l’alimentaire, quelle part des exportations ces produits halal représentent-ils ? L’Awex dispose-t-elle de données sur les retombées économiques qu’une telle certification engrange ? Quelles potentialités économiques sont liées au développement de ce marché ? Pouvez-vous également faire un quelconque bilan du « club halal » de l’Awex, créé en 2010 ?

D’avance, je vous remercie pour vos réponses.

Réponse du Ministre JC MARCOURT 

Madame la Députée, les marchés halal représentent un potentiel économique très important. On parle aujourd'hui de plusieurs centaines de millions d'euros de produits wallons exportés.

De plus, les experts s'accordent à dire que seuls 20 % de l'offre potentielle en produits halal est aujourd'hui satisfaite. Ce qui permettrait donc de les multiplier par cinq. Si le marché mondial est estimé à 1 000 milliards d'euros, c'est donc à 5 000 milliards d'euros que l'on peut estimer ce marché dans le monde.

Dès lors, en se positionnant en appui de nos entreprises exportatrices, l'AWEx joue son rôle de service public.

En effet, elle apporte aux exportateurs les informations et explications dont ils ont besoin pour réussir.

Dans le cas précis du sirop de Liège, comme la direction de l'entreprise l'a souligné, le produit n'a pas été modifié pour satisfaire aux critères de conformité.
La certification halal ne change rien à la composition et à la qualité de ce produit alimentaire. Elle vise simplement à assurer le maximum de rayonnement à ce produit emblématique.

Par contre, et ce n'est pas le cas du sirop de Liège, d'autres produits doivent être adaptés aux attentes des
consommateurs musulmans pour pouvoir bénéficier de ce label.

En ce cas, les entreprises établissent alors un calcul de rentabilité et décident ou non de modifier ou non leurs recettes suivant l'estimation du rendement éventuel sur investissement. C'est une démarche habituelle qui ne se limite pas au halal, mais bien aussi au goût différent suivant les régions du monde.

Quant au Club Halal, initié par l'AWEx et désormais soutenu par l'Union Wallonne des Entreprises, il regroupe aujourd'hui une centaine de nos entreprises productrices-exportatrices de produits halal. Leurs activités internationales ne se limitent pas au secteur alimentaire, mais s'étendent aussi aux produits pharmaceutiques et cosmétiques si importants pour notre balance commerciale.

C'est dans ce contexte que je soutiens donc, avec l'ensemble du Gouvernement, les initiatives en la matière.

En effet, il s'agit d'aider les entreprises à occuper une place pionnière sur ces marchés.

Je voudrais dire à quel point je regrette la polémique autour de cette labellisation qui a créé un trouble autour
de ce produit alors qu'il n'avait pour objectif que de permettre la diffusion et donc de renforcer l'emploi et l'activité économique de notre Région.

Réplique de la Députée MM SCHYNS

Merci, Monsieur le Ministre.

Il est vrai que la polémique depuis à moins cours.
Cela a fait beaucoup de bruit et c'était juste après d'autres polémiques suscitées par le fromage de Herve.
C'est clair que dans notre région bocagère, tout le monde est attentif à la défense des produits du terroir, mais à partir du moment où il n'y a pas de modification et où il s'agit d'une certification en plus qui sert à faire rayonner le produit, tout le monde peut l'entendre et peut vivre avec cela surtout si c'est pour, par la suite, avoir un potentiel de développement économique plus important.

Je suis donc très interpellée par les chiffres que vous nous donnez par rapport au potentiel de développement.
Quand on entend que l'on peut encore faire fois cinq, c'est normal que nos entreprises se posent la question.
C'est normal aussi que l'AWEx les soutienne. Pour nous aussi, lorsqu'on est interpellés sur le terrain par rapport à
ces produits et par rapport à cette certification, on aura aussi une réponse concrète et objective à donner.