La fin de l’utilisation du combustible charbon

Monsieur le Ministre,

Il y a quelques jours, la dernière centrale au charbon en Belgique s’éteignait à Langerlo, ce combustible étant jugé beaucoup trop polluant.

Au niveau légal, rien ne s’oppose pourtant à l’ouverture de nouvelles centrales au charbon à l’avenir.
Monsieur le Ministre, pouvez-vous faire l’état des lieux de l’utilisation de ce combustible dans notre Région ? Combien de ménages en Wallonie utilisent encore cette énergie ? Le charbon est abordable financièrement et peut s’acheter aussi bien en grandes surfaces que chez les distributeurs. Son accès est facile, pourtant, nous savons combien il est polluant et peut entrainer des impacts sur la santé. Comment les pouvoirs publics peuvent-ils agir afin de décourager son utilisation ? La sécurité d’approvisionnement de notre pays, de notre Région, est-elle menacée depuis la fermeture de cette centrale ?

Je vous remercie, Monsieur le Ministre

Réponse du Ministre P. FURLAN 

Monsieur le Député, concernant l'utilisation du charbon pour la production d'électricité, l'arrêt de la centrale thermique classique de Langerlo constitue effectivement la fin de l'utilisation du charbon pour la production d'électricité en Belgique. Dans un proche avenir, cette centrale de Tongerlo devrait fonctionner exclusivement aux pellets. En Wallonie, la dernière centrale au charbon a fermé ses portes en 2009 déjà.

En 2004, notre pays comptait encore sept centrales thermiques au charbon, qui produisaient 11 % de l'électricité belge. Depuis lors, l'utilisation du charbon pour la production électrique n'a cessé de décroitre, pour disparaître totalement cette année.

Pour répondre à votre question, au niveau légal, il est techniquement possible d'ouvrir de nouvelles centrales au charbon. Cependant, il existe aussi les contraintes environnementales qui devraient décourager les investisseurs. Le charbon est le combustible fossile dont l'intensité en carbone est la plus élevée, c'est aussi le vecteur le plus affecté par les directives sur les normes d'émissions de SO2 et NOX.

L'agrégation des coûts de mise en conformité vis-à-vis des différentes directives environnementales explique le désintérêt du charbon pour la production électrique. Les turbines gaz-vapeur, les techniques de stockage ou les productions renouvelables ont avantageusement pris le relais.

En ce qui concerne la sécurité d'approvisionnement, les scénarios belges de production électrique ne prévoient pas de recours aux centrales à charbon dans les prochaines décennies. En Wallonie, j'ai réservé une enveloppe de 1 028 160 certificats verts pour le démarrage en 2021 d'une nouvelle centrale biomasse dont la puissance pourrait aller jusqu'à 200 mégawatts.

Concernant l'utilisation du charbon par les ménages wallons, dans les logements wallons, comme source de chauffage principal, ou dans des unités décentralisées, elle est en forte décroissance : 2,5 térawattheures en
1990, 1 térawattheure en 2000, 0,3 térawattheure en 2014. Actuellement, il représente 1 % de la consommation énergétique des ménages et 0,6 % de leurs factures énergétiques. On estime que, sur 1,6 million de logements wallons, 32 000 logements seraient encore équipés d'un poêle à charbon.
Par unité d'énergie produite, le charbon émet 31 % de CO2 en plus que le mazout de chauffage et 92 % de CO2 en plus que le gaz naturel. En plus des gaz à effet de serre, le charbon provoque l'émission d'autres polluants atmosphériques ayant des conséquences sanitaires néfastes pour l'ensemble de nos concitoyens.

Notre politique énergétique ne propose pas d'actions spécifiques pour décourager l'utilisation du charbon dans les ménages. Elle se fonde avant tout sur des logements plus autonomes et moins énergivores.
Lorsqu'un appoint est nécessaire, les poêles à bois ou à pellets prennent le relais sur leurs ancêtres poêles au
charbon. Pour les ménages à bas revenus, le programme Mebar encourage le remplacement des poêles à charbon
par des appareils plus efficaces et plus respectueux de l'environnement.

Réplique du Député J. ARENS

Monsieur le Ministre, je vous remercie pour cette réponse très complète. C'est vrai que l'on pourrait avantageusement remplacer les poêles à charbon par des poêles à pellets et davantage encourager la production de pellets dans nos propres régions.