La pratique d’abattage sans étourdissement qui se généraliserait dans les abattoirs wallons

Monsieur le Ministre,

La DPR 2014-2019 prévoit une série de positions encourageantes concernant le bien-être animal en Région wallonne.

Nous avons déjà abordé, lors d’une commission précédente, vous vous en souvenez, la question de l’abattage sans étourdissement dans des cas bien précis, soit d’une manière sporadique. Je souhaite néanmoins revenir aujourd’hui vers vous à propos de ce qui se pratiquerait en réalité tout au long de l’année dans nos abattoirs, illégalement, et sans que le consommateur n’en soit aucunement informé…

Selon mes informations, une pratique semble en effet, insidieusement, se généraliser dans les abattoirs wallons : de plus en plus d’animaux y seraient abattus sans être préalablement étourdis, alors que ceci est pourtant interdit par la loi ! En Belgique, la loi impose que les animaux soient étourdis avant l’abattage. La protection des animaux durant le processus d'abattage est réglementée par trois textes : un règlement européen 1099/2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort ; la loi du 14 août 1986 relative à la protection et au bien-être des animaux ; l’arrêté royal du 11 février 1988 relatif à certains abattages prescrits par un rite religieux. Ces textes exigent que chaque abattage soit précédé d'un étourdissement de l'animal, y compris lors de l'abattage à des fins de consommation domestique privée en dehors d'un abattoir. Une exception existe encore cependant actuellement, et on en a parlé précédemment, pour l’abattage entrant dans le cadre d’un rite religieux, à condition que les abattages aient lieu dans un abattoir agréé, selon le règlement européen ou dans un établissement agréé selon la loi.

Or l’exception deviendrait au fur et à mesure la norme. Ce qui n’était permis qu’à titre d’exception deviendrait dans les abattoirs la norme… Cette pratique d'abattage sans étourdissement serait ainsi de plus en plus fréquente, sans distinction du rite ou non, suite à une demande croissante de viande halal dans la population. Puisque le marché de la viande d’animaux abattus rituellement augmente, il semble que les abattoirs ne prennent même plus la peine de différencier les abattages « classiques » et « rituels », et qu’ils optent donc pour la méthode la plus avantageuse pour eux, à savoir l’abattage sans étourdissement…

Vous avez annoncé en septembre dernier - en réponse à une question de ma collègue Savine Moucheron - ne plus vouloir à l’avenir de situations d'abattage sans étourdissement, et donc ne plus vouloir aucune exception à la règle. Vous travaillez d’ailleurs actuellement à cela et je vous soutiens dans cette voie. La Région wallonne est maintenant compétente, et elle doit œuvrer pour que la situation puisse rapidement évoluer, afin que chaque abattage d'animal soit à l’avenir précédé d'un étourdissement. Mais je m’interroge aujourd’hui sur les pratiques actuelles. Quid si cette exception est en réalité la pratique la plus répandue actuellement sur notre territoire ?

Monsieur le Ministre, pouvez-vous d’ores et déjà me faire part de votre position à propos de ce qui se fait aujourd’hui dans nos abattoirs, à savoir une généralisation de l’abattage des animaux sans étourdissement ? Disposez-vous de chiffres à ce sujet, qui pourraient venir confirmer - ou infirmer - ces constatations ? De quels moyens la Région dispose-t-elle pour faire respecter aujourd’hui de manière effective, au sein de nos abattoirs, la loi, et pour sanctionner ceux qui ne la respecteraient pas ?

Je vous remercie d’avance pour votre réponse