Le développement des maisons médicales

Monsieur le Ministre,

Je vous ai récemment interrogé au sujet des dossiers médicaux globaux. Ceux-ci sont apparemment plus populaires en Flandre qu’en Wallonie. La centralisation des informations contenues dans ce dossier permettent pourtant une meilleure prise en charge du patient. Cette centralisation permet également des économies importantes en évitant de répéter des examens ou analyses inutiles.
Vous m’aviez répondu qu’une des raisons justifiant cette différence était qu’en Flandre les médecins généralistes travaillaient plus souvent au sein de maisons médicales alors qu’en Wallonie, ils opèrent plus fréquemment à partir de leur cabinet individuel. Cette différence induit une moins grande homogénéité des pratiques en Wallonie qu’en Flandre.
Votre note de politique générale prévoit précisément de développer ou de rénover les ASI (associations de santé intégrée) ou maisons médicales en milieu rural grâce notamment au cofinancement du FEADER. Par ailleurs dites-vous , vous continuerez à agréer les Associations de santé intégrée.

Le plan de lutte contre la pauvreté prévoit quant à lui le développement des maisons médicales dans les zones défavorisées.

Monsieur le Ministre,

Concrètement comment cela se passe-t-il ?? Quels sont les critères nécessaires pour pouvoir prétendre à un soutien de la Région wallonne ? Combien de projets avez-vous reçu à ce jour ? Certains peuvent-ils déjà prétendre à un cofinancement ?

Quels sont les prochains projets d’ASI ou de maisons médicales qui obtiendront une agrégation ?

Je vous remercie pour vos réponses.

Réponse du Ministre M. PREVOT 

Monsieur le Député, au sein de notre système de soins de santé, nous devons tenir compte de l'évolution de la culture de travail des professionnels de santé. Les pratiques groupées augmentent et les horaires de travail changent avec la volonté de mieux concilier vie privée et vie professionnelle, tant pour les hommes que pour les
femmes.

La pratique groupée est une réponse utile à cette évolution, à la prise en charge globale du patient et à l'approche multidisciplinaire. Pour pouvoir prétendre à un soutien et à un agrément de la Wallonie, les candidats doivent répondre à plusieurs critères, parmi lesquels être organisé sous forme juridique en tant qu'ASBL ou alors être organisé par une autorité publique ; développer des missions en lien avec les soins de santé primaires, la prévention, la santé communautaire et assurer la collecte de données épidémiologiques ; garantir une accessibilité financière, culturelle, ainsi qu'aux personnes à mobilité réduite ; assurer un travail multidisciplinaire en équipe intégrée comprenant au minimum deux médecins généralistes, un infirmier, un kiné, du personnel d'accueil et de secrétariat.

L'Association de santé intégrée doit également disposer en interne, ou collaborer avec des travailleurs psychosociaux.

Il faut organiser la coordination et la continuité des soins par une mission d'accueil, des réunions de coordination, un dossier centralisé pluridisciplinaire, assurer la garde médicale 24 heures sur 24, le cas échéant, en collaboration avec les gardes cercles de médecins généralistes.

Il faut pouvoir aussi garantir le libre choix du prestataire au sein de l'équipe et établir un plan d'action qui définit les objectifs stratégiques et opérationnels poursuivis, les actions et les moyens mis en œuvre pour les assurer, ainsi que les critères d'évaluation et, bien entendu, respecter les règles de base en terme de confidentialité des locaux, les règles d'hygiène ou encore d'évacuation des déchets.

Au 1er janvier de cette année 2016, j'ai agréé et subventionné huit nouvelles ASI. Notre Région en totalise désormais 64. Les nouvelles ASI qui remplissent les conditions seront agréées au 1er janvier 2017. À l'heure actuelle, mon administration a déjà reçu une candidature ferme, quatre autres candidatures sont à confirmer au plus tard pour le 1er août 2016.

En outre, dans le cadre de la programmation 2014-2020, la Wallonie a inscrit les ASI en tant que bénéficiaires potentiels du Fonds européen agricole pour le développement rural, le fameux Feader. Ce Fonds permettra aux ASI situées dans certaines zones rurales et agréées par la Wallonie de bénéficier d'un soutien qui portera sur les investissements en infrastructures, matériels et/ou en équipements. Le budget de cette mesure est réparti pour 60 % de la Wallonie et 40 % avec le Feader. C'était, comme ministre de la Santé, un des éléments auquel j'ai été attentif dans les discussions pour permettre, grâce à ces financements européens, le développement en zone rurale de ces outils que sont les ASI.

J'ajoute d'ailleurs que la réflexion est aussi intégrée à toute la réforme de la première ligne de soins qui sera
soumise très prochainement par mes soins au Gouvernement.

Le premier appel à projets pour ce qui concerne le fonds Feader s'est clôturé le 15 février dernier. Quatre projets ont été déposés et nous sommes actuellement avec mon administration en train de procéder à leur analyse. Vous qui êtes aussi un grand défenseur de la qualité des soins en proximité dans les zones rurales, vous avez là, si vous avez loupé le train du mois de février dernier, une opportunité nouvelle dans les mois qui viennent pour pouvoir à nouveau concrétiser des projets.

Réplique du Député J. ARENS 

Je remercie le ministre pour sa réponse très complète et aussi pour son attention particulière au milieu rural, c'est vrai que c'est très important. Ce milieu rural qui, souvent, dans notre province, connaît vraiment une pénurie des médecins, il ne faut pas l'oublier.

Je me rends compte qu'il y a quand même des initiatives privées qui voient le jour, mais elles ne sont pas éligibles au programme puisqu'il faut être en ASBL ou une autorité publique. Il faut encore imaginer certains mécanismes pour que tout cela puisse se développer encore plus vite en milieu rural. Je vous remercie pour cette attention particulière en milieu rural et pour tout ce que vous faites au niveau santé. Je suis vraiment très satisfait de votre réponse et de tout le travail que vous accomplissez.

Réponse du Ministre M. PREVOT 

Je sais que quand c'est le cas inverse, vous le dites avec la même franchise. Je sais dès lors apprécier quand le
compliment arrive.