Les difficultés du secteur de la production artisanale alimentaire

Monsieur le Ministre,

Au début de ce mois, le Syndicat neutre des indépendants nous apprenait dans un communiqué que le nombre de boucheries artisanales avait baissé de 10% en cinq ans.
Les causes avancées sont la concurrence des supermarchés mais surtout un problème de formation : bon nombre de commerces fermeraient leurs portes faute de repreneurs. En effet, les jeunes seraient peu enclins à se lancer dans ce type d’activités au vu de l’ampleur des investissements requis, des difficultés physiques liées au métier et des normes de plus en plus strictes de l’Afsca.

Pourtant, alors que le nombre de commerces est en baisse, le volume des ventes resterait constant, ce qui dénote un intérêt toujours important des consommateurs envers ce type de production.
Monsieur le Ministre, nous savons que des difficultés semblables sont rencontrées par les boulangeries et les poissonneries, mon propos portera donc sur l’ensemble du secteur de la production artisanale alimentaire. Je suis convaincu que les circuits courts et les commerces de proximité sont essentiels à notre société : outre la demande des consommateurs qui reste importante, on sait que les métiers de boucher ou de boulanger sont en pénurie et que des emplois sont dès lors disponibles. Pour ces différentes raisons, il est essentiel que la Région soit attentive à ce secteur et soutienne ces indépendants. Afin d’éclairer quelque peu le débat, permettez-moi de vous poser les questions suivantes :

- Au vu des obstacles cités, quels outils sont développés par la Région wallonne afin de booster au maximum la reprise de ces activités artisanales et de proximité ? Disposez-vous d’une évaluation de ces outils, au jour d’aujourd’hui ?
- Comme l’a noté l’UCM dans son récent communiqué, outre les PME innovantes et exportatrices, « tout chef d'entreprise est un champion qui mérite un environnement favorable à sa croissance ». Monsieur le Ministre, comment ces métiers d'artisanat et de proximité sont-ils inclus dans votre plan PME ? Quelles mesures particulières permettront à ces métiers de prospérer en créant de l'emploi et de la valeur ajoutée locale tout en offrant des produits de qualité accessibles à nos concitoyens ?

D’avance, je vous remercie pour vos réponses.

M. le Président SAMPAOLI

La parole est à M. le Ministre Lacroix, qui répondra en son nom et au nom du Gouvernement.
 

Réponse du Ministre LACROIX

Monsieur le Député, le soutien aux circuits courts constitue une importante préoccupation depuis quelques
années, compte tenu des multiples enjeux qui y sont associés, notamment en matière d'emploi local et de
valeur ajoutée.
 

Dans le cadre du projet Centre de référence circuits courts institué en 2013 au sein de l'Agence pour l'entreprise et l'innovation et en collaboration avec les partenaires référents – Diversiferm, SAW-B, UCM et
Inter-Environnement Wallonie – diverses actions sont mises en oeuvre en faveur de la production et de la
distribution artisanale alimentaire.
 

De façon très concrète, voici quelques actions menées récemment.
 

Sur proposition de la Fédération HORECA Wallonie, un groupe de travail « HORECA et Circuits courts » a été mis en place par l'Agence pour l'entreprise et l'innovation. Son but est d'identifier les conditions de succès d'introduction et de réintroduction des produits locaux dans la restauration commerciale. Cette action s'inscrit dans la logique d'un renforcement de la chaîne de valeur « produire-transformer-distribuer ». Elle est menée en partenariat avec le ministre de l'Agriculture.
 

Les partenaires Centre de référence circuits courts ont également coorganisé un workshop intitulé « Logistiques en Circuits courts ». Il s'est tenu le 27 mars 2015. L'objectif était d'aborder les questions
logistiques sous l'angle des solutions innovantes et professionnalisées à leur apporter.
 

La réflexion menée aboutira à un outil d'aide au calcul des coûts de la logistique en circuits courts. Cet
outil est en cours d'élaboration et fera l'objet d'une diffusion.
 

Les partenaires du Centre de référence circuits courts mènent également une réflexion autour de la question des ateliers de transformation collectifs dans le domaine agroalimentaire. Un premier workshop a eu lieu en mars 2015. Un guide méthodologique est en cours de réalisation.
 

Vous évoquez plus spécifiquement la question des métiers de boucher ou de boulanger. À ce sujet, le
partenaire DiversiFerm du Centre de référence circuits courts de l'AEI a recensé diverses initiatives naissantes en Wallonie dans le domaine de la productiontransformation-distribution de céréales en filières courtes.
 

Il est important de rassembler ces acteurs et de les mettre en réseau. En effet, cela permet d'étudier les
conditions de succès de tels projets et d'amplifier leurs actions. Une demi-journée de travail avec l'ensemble de ces acteurs est en cours de préparation.
 

Signalons encore qu'au travers du plan Marshall 4.0, parmi les mesures relatives au financement de la
croissance des entreprises, une est dédiée au développement des marchés locaux.
 

Les différents opérateurs d'animation économique interviendront dans le cadre de leurs missions pour
soutenir l'émergence de pareilles filières.
 

Réplique du Député F. DESQUESNES

Je remercie M. le Ministre pour la réponse sur les circuits courts. Par contre, sur le volet du maintien de commerce de proximité et transmission d'entreprise, la réponse est un peu limitée.
Je me permettrai donc de revenir quand M. Marcourt sera présent.