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L’avenir du hub liégeois de TNT suite à sa reprise par UPS

26 mars 2012│ Interpellation de M. de LAMOTTE au Ministre ANTOINE - Réponse disponible

Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Chers Collègues,

Il y a une semaine, nous apprenions que le groupe de messagerie expresse TNT (dont le hub européen est situé à l’aéroport de Bierset) allait être racheté par le géant UPS, numéro un mondial du secteur. Et qui possède déjà son propre centre de distribution à Cologne. À peine à plus de 100 km de Liège.

On comprend donc aisément qu’on puisse s’inquiéter de l’avenir à moyen et long termes des activités –et des emplois– basées à Bierset… D’autant plus qu’un tel rachat ne peut que mener à des rationalisations et des économies d’échelle au sein du nouveau groupe fusionné.

Pour rappel, il est question ici de plus de 2200 emplois directs sur le site de l’aéroport de Liège (soit 2/3 de l’emploi direct sur ce site qui représente 30 à 40% du tonnage cargo annuel transitant à Bierset)). Sans oublier les emplois indirects estimés à environ 7600. Bref, près de 10.000 emplois pourraient, à des degrés divers, être concernés par l’avenir des activités de TNT à Liège. En outre, il s’agit là d’une activité de logistique en plein essor en Wallonie et tout spécialement en région liégeoise. À juste titre, la Région wallonne a soutenu ce développement, favorisant de la sorte le redéploiement économique de la Wallonie –et cela sur le long terme, sous plusieurs gouvernements. D’ailleurs, nous pouvons être légitimement fiers du succès de celle-ci –succès qui se prolonge en outre dans les réussites du pôle de compétitivité « Logistics in Wallonia ». Bref, c’est dire à quel point une délocalisation ou même un réajustement à la baisse des activités de ce hub liégeois serait dommageable pour la Région et ses travailleurs.

Certes, jusqu’à présent la direction (tant de « l’ex-TNT » que de UPS) s’est voulue rassurante et même apaisante. UPS a ainsi déclaré ne pas avoir l’intention de fermer le site de TNT à Liège, affirmant même qu’UPS comptait « utiliser, y compris sur le long terme, l’implantation et ses travailleurs, même si c’est dans une fonction différente ». La direction a également dit « reconnaître la valeur évidente des activités, des actifs et des travailleurs de Liège et a l’intention de les utiliser dans son nouveau groupe ».

Bien sûr, tout cela est positif. Et le site de Liège dispose d’atouts incontestables (notamment par rapport à Cologne qui ne dispose que d’une seule piste). Toutefois, si on analyse davantage les propos de la direction, il faut bien constater qu’elle parle sur le long terme d’une fonction peut-être « différente ». Et quand UPS explique que « dans l’avenir immédiat, [il a] l’intention de le maintenir opérationnel mais qu’à long terme, la fonction de l’implantation pourra être modifiée mais [qu’il s’attend] à son maintien », on ne peut s’empêcher d’être circonspect et « sur ses gardes »… Liège a déjà connu des fermetures et des délocalisations suite à des réorganisations internes au sein de grands groupes internationaux (je n’ai pas besoin de rappeler ici le cas d’ArcelorMittal). Face à de tels risques, et face à la force qu’aura le lobbying allemand, il va donc falloir être très vigilant dans les mois et les années à venir.

En effet, la reprise elle-même prendra encore un certain temps, la Commission européenne devant lui donner son aval. Par la suite, le processus d’intégration et de réorganisation de TNT dans UPS prendra probablement quelques années (près de 4 ans semble-t-il).

Tout au long de ces étapes, le Gouvernement devra être proactif et s’assurer du maintien et du développement futur du site liégeois qui est aujourd’hui le premier aéroport de fret en Belgique (et le 7ième en Europe) …et qui doit le rester ! C’est une priorité essentielle si on veut pérenniser définitivement la réussite de notre politique aéroportuaire et logistique, menée avec succès par la Région depuis de nombreuses années.

De manière plus immédiate, un comité d’entreprise européen devait se tenir mercredi dernier, le 21 mars. Qu’en est-il ressorti ? Vous-même, M. le Ministre, vous avez souhaité rencontrer les travailleurs, la direction de l’aéroport de Liège mais aussi la direction d’UPS « afin que celle-ci vous apporte toutes les assurances nécessaires sur le maintien des activités à Liège-Bierset ». Cette rencontre a-t-elle pu avoir lieu ? Surtout, avez-vous pu obtenir davantage de garanties sur ce maintien des activités, face au risque que représente la présence de l’aéroport de Cologne au sein du même groupe ? Certes, à court terme, il ne semble pas y avoir de danger. Mais qu’en est-il du long terme ? Quelle pourrait être cette « fonction différente » à moyen terme qu’évoque UPS ? Pouvez-vous nous détailler davantage les intentions d’UPS ?

Quels sont les risques qui pèsent sur Bierset, ses activités et ses travailleurs ? Que peuvent faire la SAB et la Région elle-même pour garantir la continuité des activités ? Si, dans 4 ans, le pire devait se produire, disposons-nous déjà de pistes de réflexion, d’alternatives qui permettraient de remplacer l’activité que représente TNT à Bierset ? Est-il envisageable d’intensifier la diversification des activités et des opérateurs actifs à Bierset, afin de pas dépendre autant d’un seul groupe (qui représente près de 40% du tonnage –après, il est vrai, en avoir représenté près de 90% il y a quelques années).

Par ailleurs, que prévoient exactement les contrats liant TNT et la SAB quant à sa présence sur le site de Bierset, que ce soit en termes d’investissements, d’emplois, de durée, etc. ? Jusqu’où la Région est-elle liée contractuellement à TNT ? Selon quelles dispositions précises ? Des clauses spéciales avaient-elles été prévues ? Le cas de figure auquel nous sommes confrontés aujourd’hui avait-il été imaginé et inclus à l’époque dans les accords conclus avec TNT ? UPS est-il bien tenu de reprendre à son compte un éventuel contrat de longue durée entre TNT, la SAB et/ou la Région ? L’ensemble des obligations qui lient TNT à Bierset seront-elles nécessairement reprises en son nom par UPS ?

Dans ce dossier et face à de tels enjeux, je ne doute pas que vous partagez mon analyse …mais aussi mes inquiétudes. Et je me doute également que la situation sera encore appelée à évoluer dans les prochaines semaines. Dès lors, je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour les réponses que vous pourrez déjà me donner aujourd’hui.
 

Réponse du Ministre A. ANTOINE

 

Je veux évidemment, Madame la Présidente, vous me comprendrez, remercier très chaleureusement les trois parlementaires qui me posent des questions ô combien pertinentes et d'actualité, que ce soit M. Onkelinx, M. Noiret, M. de Lamotte.
 

D'abord, je voudrais rappeler que j'ai la chance ou l'honneur, c'est selon, d'être à la tête du département des aéroports depuis maintenant huit ans et que nous avons connu une évolution considérable. Pour celles et ceux qui en doutent encore — et j'imagine qu'il n'y en a plus dans cette assemblée -, c'est évidemment à ce stade et à ce jour le succès incontestable.
 

En effet, nous sommes à 6 millions de passagers à Charleroi, nous sommes, aujourd'hui, en septième place
pour l'aéroport de Liège au niveau du fret. Nous n'avons, pour cet aéroport, cessé de progresser dans le
classement européen. D'ailleurs, nous sommes aujourd'hui, et de très loin, le premier aéroport belge de fret.
 

C'est aussi, ne l'oublions pas, chers collègues, étude de la Banque Nationale à l'appui, plus de 14 000
emplois créés. Au passage, si nous avons travaillé d'une main pour le développement économique, nous avons travaillé de l'autre main pour l'accompagnement des riverains où nous sommes aujourd'hui à pratiquement 8 000 logements acquis ou insonorisés, que ce soit à Liège ou à Charleroi, ce qui représente un effort inédit et sansaucune comparaison à travers le monde et, bien évidemment au niveau européen, ce qui constitue un atout considérable pour l'aéroport de Liège qui, à la différence de Charleroi, est un aéroport 24 heures sur 24.
 

On a rappelé les mouvements d'action. Nous n'avons pas la capacité, ni vous, ni moi, ni le gouvernement,
d'empêcher qu'une multinationale s'intéresse à une autre, surtout lorsque — et je réponds à M. Noiret — l'offre est particulièrement alléchante. En effet, vous ne l'avez pas mentionné, plus encore que les difficultés que vous avez mentionnées, ce n'est pas cela le déclic réel. Le déclic, c'était 9,50 euros l'action, ce qui représente une plusvalue considérable pour les actionnaires de TNT et une transaction financière qui porte sur 5,16 milliards d'euros. À peu de choses près, on n'est pas loin de notre budget wallon.
 

On mesure donc bien l'importance de la tractation et la transaction qui a fait que, in fine, TNT a accepté
l'offre d'UPS eu égard à la prestation extrêmement flatteuse sur le plan financier qu'ils apportaient à la
valorisation de leurs parts.
Je vous avais dit, lors d'une question de M. Noiret, que je m'emploierais au plus vite à rencontrer les
responsables d'UPS. Vous constaterez que nous n'avons pas traîné. Je dis « nous » parce que, dans ce genre de contacts, je considère que le ministre-président, qui est le premier d'entre nous, doit aussi être de la partie, puisqu'il incarne la région. Nous avons reçu, M. Demotte et moi, jeudi dernier, dès l'aube, M. Dan Brutto qui est le patron, le CIO d'UPS pour le monde. En fait, la structure d'UPS veut qu'il y ait un UPS États-Unis et un UPS pour tout le reste du monde. Donc, M. Dan Brutto que nous avons reçu est le numéro un d'UPS mondial accompagné de M. Anton Van der Lande, le porte-parole d'UPS Europe.
 

M. Dan Brutto est un monsieur assez étonnant et cela ne doit pas interférer dans notre appréciation, mais il
n'empêche que nous n'avons pas eu le sentiment d'avoir affaire, M. Demotte et moi, à un technocrate, à un
businessman, puisque, pour la petite histoire, il a commencé comme chauffeur poids lourds chez UPS. Vous
imaginez la carrière exceptionnelle qu'il a réalisée, partant d'un simple salarié qui déchargeait les caisses pour en devenir le numéro un mondial. Je le dis au passage parce que cela va très vite, dans son chef, témoigner et nous confirmer l'intérêt qu'il porte non seulement aux pouvoirs publics, mais surtout à la cause syndicale, puisqu'il en était lui-même un des animateurs au moment où il était simple salarié chez UPS.
 

M. Noiret a eu raison de le rappeler, ce n'est plus que 45 % du trafic, mais à l'inverse, cela constitue une
grosse partie de l'emploi sur le site de Liège, puisque, pour bien situer les éléments, 1 500 personnes travaillent à TNT express, 500 à TNT Airways, et 200, le reliquat, pour XR Service. Voilà ce qui fait la constellation des 2 200 personnes occupées par le groupe TNT.
 

Au passage, saluons l'extraordinaire correction de TNT, de sa direction, de sa CIO française et de son
directeur régional, M. Terzakis, qui ont vraiment oeuvré, comme ils l'avaient annoncé en 1996 et puis, en 1998 lorsqu'ils sont venus s'installer, puisqu'ils ont tenu promesse, que ce soit en termes d'investissements,
d'augmentation du trafic ou encore de création d'emplois.
 

Nos prédécesseurs M. Lebrun aux aéroports ou M. Collignon à l'économie, avaient vu juste en saisissant
l'opportunité à l'époque. Pourtant, Dieu sait si elle a été contestée : le transfert de Cologne vers Liège parce qu'il faut aussi rendre cette justice. Même si ce sont des représentants, des managers d'une société multinationale, leur investissement à Liège a été total et a conforté les engagements qu'ils avaient souscrits à l'époque, puisqu'on a cessé de voir un développement de l'activité sur notre hub de Liège. À l'inverse, reconnaissons aussi que nous avons été au rendez-vous, que ce soit en termes d'infrastructures puisque nous avons un aéroport qui est moderne et très efficace, ou encore dans le traitement des riverains tel que je l'ai indiqué.
 

Je voulais rendre cette justice aux responsables de TNT. UPS est une société multinationale de premier plan qui est très active dans le transport sous toutes ses formes, et pas simplement en termes d'aviation, également par la voie fluviale ou la voie de bateaux, les trains, y compris la route. Donc, UPS est un immense transporteur très actif dans les faisceaux de mobilité, mais il faut reconnaître qu'ils ont vu un intérêt évident par rapport à TNT. En effet, TNT était présent là où ils ne l'étaient pas, ou très faiblement. Ils ont cité par exemple le Brésil où TNT est présent de manière très importante et, en Europe, la part de TNT était supérieure à celle d'UPS. UPS, par exemple, ce n'est pas innocent pour nous, est très présent en Chine. Je vous rappelle que nous avons des connexions déjà relativement importantes entre l'aéroport de Liège et ce type de pays émergeant.
 

Nous les avons interrogés sur l'éventuel concurrence, complémentarité ou danger que peut représenter
Cologne. Ils nous ont confirmé que Cologne gardait, bien sûr, leurs faveurs dans tout ce qui concernait l'express et les petits formats, comme l'a rappelé M. de Lamotte. Ils ne voyaient donc pas une concurrence potentielle entre Cologne et Liège. Par contre, ils considèrent que Liège fait partie d'un des joyaux de TNT en termes d'infrastructures, de capacité de développement, de connections avec un certain nombre de destinations et qu'ils considéraient que l'achat de TNT et du personnel de TNT — ils ont bien insisté également, sur la qualité du personnel de TNT, singulièrement celui de Liège — était une des raisons qui leur faisait croire au développement de Liège.
 

Ils ont d'emblée évoqué plusieurs pistes. Tout d'abord, une complémentarité ou une substitution, c'est
selon, pour Francfort, eu égard à la saturation de cet aéroport. Ils pourraient amener un certain nombre de trafics de Francfort vers Liège. Ensuite, ils étaient très intéressés par la disponibilité de terrains autour de l'aéroport de Liège.
 

Je me félicite, au passage, parce qu'à l'époque j'avais la compétence des zones d'activité économique,
aujourd'hui, la SOWAER est habilitée par décret à être susceptible d'équiper ces zones. D'ailleurs, ils nous ont posé beaucoup de questions parce qu'ils ont un intérêt certain pour une grande proximité de leur entreprise directement avec l'aéroport pour diminuer le temps de chargement ou de déchargement en la matière.
 

Troisième élément, ils nous ont cité tout le secteur pharmaceutique pour lequel ils ont un grand intérêt. Je
ne dois pas vous rappeler qu'à travers le Plan Marshall, le pôle Biowin, notamment tout le bassin du Brabant wallon est extrêmement important sur le plan des médicaments. Là aussi, ils y voyaient un grand intérêt pour tout le trafic que ne devrait pas manquer de développer UPS.
 

Dernier point, ils nous ont bien précisé que le parcours au niveau de l'Union européenne prendrait beaucoup de temps. Effectivement, la période que vous avez citée pour obtenir toutes les autorisations que ce soit vis-àvis de l'Union européenne, mais vis-à-vis de certaines législations nationales. Ils sont partis pour un parcours du combattant. Ils étaient assistés par un cabinet international d'avocats spécialisé pour aller plaider leur cause devant l'Union européenne, ce qui pouvait, le cas échéant, même si ce n'était pas leur choix, les amener à devoir se défaire de certaines activités pour ne pas occuper une position dominante.
 

Leur but est bien de garder tout le spectre de TNT. Bien évidemment, au gré de l'analyse de l'Union
européenne, ils seraient peut-être contraints dans tel ou tel pays de se défaire de telle ou telle activité. C'est pour cela que des rumeurs ont circulé sur TNT Airways, mais cela n'est pas dans leur stratégie, sauf si l'Union européenne le considérait comme tel.
 

Nous leur avons alors longuement indiqué quels étaient les atouts de Liège, notamment en termes de
devancement de toutes les directives européennes sur le bruit. Je vous rappelle qu'elles sont de plus en plus prégnantes, notamment en matière de chemin de fer, mais demain les aéroports seront concernés. Nous ne connaissons pas l'équivalent, et eux non plus, d'un aéroport qui a fait un tel effort en matière de riverains et qui, surtout, est devenu beaucoup plus serein par rapport à des actions en justice. Ils ont longuement épilogué sur différents aéroports en Allemagne où ils sont confrontés toujours à des actions de riverains en justice, ce qui est beaucoup moins le cas chez nous aujourd'hui puisque, pour l'essentiel, nous en avons terminé avec les actions en justice.
 

Voilà un élément extrêmement important en termes de potentialité. Le plan d'exposition à long terme nous
permet encore des développements très appréciables sur Liège.
 

Il y a la multimodalité, Monsieur de Lamotte. Ils sont aussi très intéressés parce qu'ils entrevoient une
complexité du transport, c'est-à-dire pas uniquement l'avion, mais aussi le train. TGV-Carex, voilà quelque
chose qui les intéresse en plus des noeuds autoroutiers, en plus de la voie fluviale, notamment en liaison avec les ports hollandais puisque Liège est, finalement, un port de repli en la matière.

Tous ces éléments ont été rappelés, ainsi que la logique du Plan Marshall puisque nous avons un pôle
logistique très important.
 

Après quoi, et j'en viens à une des questions de M. Noiret, je rappelle que, sans vouloir rien divulguer de
cet accord de 20 ans dont je suis le notaire ou le gardien des sceaux, il nous lie de 1998 à 2018.
 

Vous pourriez imaginer que quatre ou cinq ans, c'est ce qui nous sépare du terminus ad quem que vous avez évoqué, mais je suis passé par là. Quelle prétention de dire le « je » parce que je ne l'ai fait qu'au nom du gouvernement. Puis-je vous dire, Monsieur Noiret, peut-être que vous l'ignorez, que sous la précédente
législature, j'ai reconduit le contrat jusqu'en 2036, ce qui est évidemment une tout autre approche.
Pourquoi l'ai-je fait à cette époque ? Parce que je venais d'arriver au département depuis environ quinze, seize mois, avec des investissements très importants. Je voulais avoir l'assurance que, le temps de les réaliser, on ne soit pas au bout du contrat TNT.
Nous avons renégocié un bail jusqu'en 2036, ce qui nous donne beaucoup plus d'aisance pour amortir les
investissements que nous avons réalisés.
 

Pourquoi n'ai-je pas été plus loin que 2036 ? Vous pouvez me poser la question. Parce que j'ai été au plus
loin que je pouvais. Pourquoi ? Très simplement parce qu'en 2036, c'est la fin de la concession de la Région
wallonne à Liège Airport. Je ne pouvais pas conclure un contrat au-delà de la concession qui nous unissait avec Liège Airport. D'ailleurs, nous devrons, le moment venu, déterminer comment nous allons ouvrir cette
concession lorsqu'il faudra la reconduire et dans quelles considérations juridiques.
 

Je pense que, depuis le début, avec beaucoup de modestie et de détermination, et vous connaissez mon
caractère, j'ai toujours dit « d'une main, les riverains et de l'autre, le développement économique ». Je sais que chaque fois je taquine un peu M. Noiret lorsque je parle d'une première alliance emploi-environnementéconomie, mais il y avait quand même quelque chose de cette nature-là : ne pas privilégier le développement économique sans avoir une considération marquée, soutenue, à l'égard du monde des riverains.
 

Ce qu'ils nous ont dit en réponse à tous ces éléments, c'est qu'ils allaient jouer la carte de la transparence et qu'ils ne manqueraient pas, une fois qu'ils auraient affiné leur projet industriel, de nous le communiquer. Ils ont ensuite insisté sur la paix sociale et la flexibilité.
 

Je leur ai répondu que nous pourrions probablement, comme ce fût le cas en 1996, à l'époque de Louis Smal, obtenir une paix sociale durable avec les organisations syndicales pour autant qu'il y ait un projet industriel porteur de sens qui assure un développement économique.

Je leur ai d'ailleurs dit :« Si je n'ai pas une histoire à raconter au monde syndical, vous ne pourrez jamais
construire une paix durable avec eux ». Comprenez leur émoi, à un moment où les actionnaires ou peut-être certains cadres seront modifiés ou remplacés. C'est pour cela que je leur ai lancé une invitation d'aller, bien sûr en ma compagnie et celle du ministre-président, à Liège rencontrer directement, dans un premier temps, la direction de Liège Airport qui est quand même un partenaire indispensable, mais surtout aussi les délégations syndicales pour qu'il y ait un contact au plus haut niveau entre UPS Mondial et le monde syndical. D'ici là, ce qu'ils nous ont dit, et je vous le confirme, il ne devrait pas y avoir de changement, sauf si le contexte économique était tel qu'il y aurait une dégradation. Pour le reste, ils comptaient bien poursuivre dans la voie que j'ai tracée.
 

Nous avons donc eu le sentiment d'avoir un partenaire qui n'est pas venu ici pour démanteler, pour
valoriser ce qui pouvait l'être ou pour délocaliser, mais au contraire pour construire sur base d'un aéroport
moderne qui a de larges potentialités en termes d'infrastructures, de zones d'activité économique, de mobilité, de continuer la croissance.
J'ajoute même que cette croissance est indispensable pour UPS parce qu'il faut aussi qu'ils acquittent l'achat de TNT qui est fondé sur un montant très élevé. Eux aussi ont besoin de croissance, de chiffres d'affaires et de bénéfices. Pouvons-nous pour autant être totalement rassurés ? Qui sommes-nous nous Région wallonne ?
Aujourd'hui, que ce soit vis-à-vis de Ryanair, que ce soit vis-à-vis d'UPS, il y a un grand nombre d'aéroports
qui feraient les yeux doux pour avoir ou l'un ou l'autre, c'est la vérité !

Nous avons une petite chance et quelques atouts, c'est notre situation unique en Europe. Dois-je vous
rappeler, d'ailleurs nous leur avons glissé que Cuschman et Wakefield nous plaçaient en première position au niveau de la logistique ? Deuxièmement, nous sommes à un jet de pierre de la capitale européenne, et que cet aéroport lui-même est dans les convulsions communautaires d'exploitation et sans traitement des riverains.
 

D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles DHL a quitté l'aéroport de Zaventem. Nous avons donc un
deuxième atout d'un aéroport complètement moderne avec un bon management, d'excellents salariés, donc, avec des bonnes connexions. Et pour l'essentiel, à Liège Airport, on vient d'inaugurer l'allongement de la piste, donc, nous sommes déjà très loin en la matière. Il y a encore un certain nombre de tractations, mais cela, Monsieur Onkelinx, je ne pourrai pas vous en dire plus parce qu'il y a aussi la propre stratégie commerciale de Liège Airport qui est en appui de la stratégie politique et industrielle que je dois incarner devant vous.
 

Nous ne manquerons pas, bien sûr, M. Demotte et moi-même, d'être extrêmement attentifs. Nous avons
convenu de nous revoir dans les meilleurs délais avec nos interlocuteurs dès lors qu'il y aurait des éléments
neufs que ce soit de la Commission européenne ou en interne. Cependant, à ce stade, je dirais que nous
pouvons nous montrer rassurés. Cette impression sera doublée en permanence d'une vigilance bien
compréhensible eu égard aux emplois et aux investissements réalisés à Liège Airport.

 

Réplique du Député M. de Lamotte

 

Je remercie M. le Ministre pour sa réponse.
Nous ne pouvons pas être pessimistes. Les éléments, les potentialités et les atouts sont là. Il faut évidemment les développer. Nous devons être vigilants par rapport à la situation et nous devons continuer à soutenir les développeurs qui ont amené, sur le terrain, tout ce charroi, ces avions et ces emplois et les soutenir. Le gouvernement l’a fait, il a pris des engagements. Le personnel est là, il faut continuer à le valoriser. La région liégeoise, globalement, compte là-dessus aussi pour son redéploiement. L’aéroport constitue un élément, le TGV en est un autre, le Trilogiport et la voie d’eau sont aussi un troisième élément. Il y a donc un maillage complet.
 

Élément supplémentaire, Monsieur le Ministre, vous l’avez évoqué rapidement, représente c’est 400 hectares de terrains autour de l’aéroport, avec une nécessité de voir des entreprises arriver avec une valeur ajoutée en termes de production et pas uniquement du conditionnement, mais avoir cette valeur ajoutée et l’accès vers des nouveaux marchés : les pays émergents, l’Asie, et cætera.
 

Il faut saisir toutes les opportunités et ne pas croire que, parce qu'à un moment donné, on y est arrivé, on y
est arrivé pour toujours. Il faut essayer de continuer à travailler. On a été excellent, mais il faut continuer à
l’être. Cela nécessite des investissements, de la recherche et du développement aussi dans ce secteur.

 

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