L’entrepreneuriat au féminin

Madame la Présidente,

Monsieur le Ministre,

Chers Collègues,

En avril 2010, je vous interrogeais quant à la place des femmes dans le plan Marshall 2.vert et notamment la situation des femmes sur le marché du travail.
Plus d’un an a passé depuis, et, à la veille de l’interruption de l’été, je souhaiterais donc refaire le point avec vous sur la situation des femmes par rapport à l’entrepreneuriat.

Comme vous l’aviez soulevé à l’époque, les études menées sur la question des femmes dans le domaine du travail mettent en avant de nombreuses inégalités de traitement liées au genre, et cela quel que soit le niveau de qualification ou de filières.
Le domaine de l’entrepreneuriat n’y échappe pas. En effet, les femmes sont souvent peu ou mal informées quant aux démarches à effectuer pour créer leur propre entreprise.
Comme vous l’aviez également dit, la promotion de l’entrepreneuriat dans son ensemble préoccupe légitimement les décideurs politiques et singulièrement le Gouvernement wallon. Des mesures d’encouragement ont d’ailleurs été mises en place, en particulier au niveau wallon –ce dont je me réjouis bien évidemment.

Dans ce contexte, pourriez-vous nous faire un « topo » des différentes aides wallonnes en la matière, ainsi que de leur taux d’utilisation en 2010 (et peut-être même déjà pour le premier semestre 2011) ? Si certaines aides sont moins utilisées avez-vous pu en déceler la raison ? Si tel est le cas, des solutions concrètes sont-elles envisagées afin de mieux rejoindre les publics cibles concernés ?
Par ailleurs, votre administration a-t-elle pu constater un retour intéressant (demandes d’informations, d’aides, etc.) suite aux diverses campagnes d’informations qui ont pu être lancées ?

Sur un autre plan, qu’en est-il de l’expérience pilote lancée par l’ASE en collaboration avec la SOWALFIN concernant le micro crédit ? Ce projet a-t-il débuté ? Quand peut-on attendre une évaluation des résultats concrets de celui-ci ?

Et enfin qu’en est-il de la sensibilisation des étudiants (et étudiantes, bien évidemment !) ? Des actions sont-elles menées ? Si oui, pouvez-vous nous expliquer quelles sont ces initiatives?

Je vous remercie d’avance pour vos réponses. 

Réponse de M. Marcourt, Ministre de l'Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles

Madame la Présidente, Madame la Députée, au sein de l'Union européenne, force est de constater que les femmes ne constituent encore que 30% des entrepreneurs. Sur base de ce constat, dans le cadre de l'Axe IV du Plan Marshall 2.vert qui indique « Une priorité visant la mise en place d'un cadre propice à la création d'activités et d'emplois de qualité », le Gouvernement wallon a notamment considéré comme prioritaire de soutenir et d'encourager l'esprit d'entreprendre chez les femmes.

Cela s'est notamment traduit par la mise en place d'une dynamique de sensibilisation à l'esprit d'entreprendre menée auprès des jeunes et coordonnée par l'ASE. Toutes les actions de sensibilisation menée dans ce cadre ont systématiquement été réfléchies, notamment sous l'angle du gender mainstreaming, afin d'ouvrir le champ des possibles, en termes d'entrepreneuriat et d'envie d'entreprendre, tant aux filles qu'aux garçons. Environs 15 000 jeunes - dont 50% de filles - sont ciblés chaque année.

D'ores et déjà, les échos des jeunes et des enseignants relatifs aux outils diffusés par l'ASE, comme la BD «Antoine et Laura créent leur entreprise » qui s'adresse aux étudiants du 2e degré de l'enseignement secondaire, le guide de pédagogie entrepreneuriale « Petites leçons d'enthousiasme et de créativité» ou encore un nouveau jeu de l'oie «Créal'oie», pour entreprendre demain et «Planète Entreprendre», un jeu des sept familles pour entreprendre autrement, sont très positifs.

Ces outils pédagogiques qui ciblent les filles comme les garçons, ont pour objectif, non seulement de sensibiliser à l'esprit d'entreprendre, mais également de casser les stéréotypes qui poussent les garçons à concrétiser leurs rêves d'entreprendre et confèrent aux jeunes filles un rôle d'exécutante ou de second couteau.

Par ailleurs, dans le cadre du « Grand Prix annuel Wallon de l'Entrepreneuriat », un prix est spécifiquement dédicacé depuis 2010 à la « Femme entrepreneure de l'année ».

Pour favoriser l'entrepreneuriat féminin et lever une partie des obstacles qui semblent encore se dresser devant les femmes entrepreneures qui souhaitent obtenir un financement, l'accès des femmes au microcrédit a en outre également été facilité afin d'optimaliser la plus-value de l'approche qu'ont les femmes du développement durable, des économies d'énergie et du recyclage pour booster l'économie verte.

À présent, la SOWALFIN/SOCAMUT peut soutenir le public féminin via son produit mixte, les crédits d'investissement bancaire de maximum 25 000 euros garanti à hauteur de 75% par la SOWALFIN/SOCAMUT. Ce prêt bancaire peut être complété par un prêt subordonné de 12 500 euros maximum, octroyé par le même organisme.

Pour cette mesure, le gouvernement a prévu un montant de deux millions d'euros pour la période 2010-2014 et la première tranche de 400 000 euros a été libérée le 23 septembre dernier.

À ce jour, la SOWALFIN entretient des contacts réguliers avec les responsables des réseaux de femmes entrepreneures actifs en Wallonie - FCE, Diane, FAR, AFFA principalement - et des séances d'informations ont été organisées à destinations de leurs membres.

En outre, la SOWALFIN s'est attelée à assurer la visibilité de cette mesure notamment via :
• la diffusion de 700 plaquettes spécifiques ;
• l'intégration d'un volet « entrepreneuriat féminin» à la brochure SOCAMUT ;
• l'insertion publicitaire sur le sujet de l'entrepreneuriat au féminin dans des revues spécifiques.
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Depuis le début de la mise en place de cette mesure visant à booster l'entrepreneuriat féminin, 16 femmes entrepreneures ont déjà pu bénéficier du produit de contre-garantie de la SOCAMUT.

Enfin, indépendamment de l'encouragement aux réseaux de femmes entrepreneures, le Gouvernement wallon a soutenu l'intégration de la Belgique au réseau européen d'ambassadrices de l'entrepreneuriat féminin au travers de la coordination, par l'ASE, des organisations actives dans le domaine de la promotion et du soutien à l'entrepreneuriat féminin.

Le projet belge a été sélectionné par la Commission européenne en date du 26 août 2010.

Sa coordination sera assurée par l'UCM et l'UNIZO au niveau national, l'ASE étant partenaire du projet.

Dans le cadre d'une meilleure conciliation vie de cheffe d'entreprise - vie privée et afin de lever les obstacles auxquels, parmi les entrepreneures, les femmes ayant des enfants sont encore davantage confrontées que les autres, je suis actuellement sollicité pour un soutien à la mise en place d'un nouveau réseau de femmes entrepreneures et mères de famille.

Depuis 2005, l'IWEPS s'attache, avec la collaboration du Conseil wallon pour l'égalité entre les hommes et les femmes, à dresser la photographie statistique de l'égalité entre les femmes et les hommes en Wallonie.

Si la parité hommes - femmes à la tête des entreprises est encore loin d'être atteinte - et on ne peut que le regretter -, la part des femmes parmi les dirigeants et les cadres supérieurs augmente sensiblement chaque année depuis 2005 et est, aujourd'hui, en Wallonie, de 33,2%.

Ma volonté est donc, non seulement de soutenir toute mesure incitative visant à promouvoir l'entrepreneuriat féminin, mais également d'impulser une dynamique d'égalité des genres dès le plus jeune âge - comme via la dynamique que j'instaure au niveau de la formation des futurs enseignants - afin qu'une fois dans la vie active, les femmes et les hommes prennent tout naturellement place côte à côte dans toutes les sphères, en ce compris à la tête des entreprises et dans les organes de décision des entreprises.

Réplique de Mme Goffinet (cdH)

Je ne peux que remercier le ministre de son exposé très détaillé. Continuez ainsi !