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La situation des travailleurs de la Brink’s après le dépôt de bilan de l’entreprise

22 novembre 2010│Question orale de M. Michel de LAMOTTE à M. le Ministre André ANTOINE

Monsieur le Ministre,

Depuis l’annonce, fin octobre, de la volonté de la direction de Brink’s de faire passer ses quelque 450 travailleurs du statut d’employé à celui d’ouvrier tout en fermant son site de Strépy, la situation de l’entreprise et surtout de ses travailleurs n’a fait qu’empirer. En effet, cette décision brutale de la direction, prise sans aucune concertation préalable, a amené à la grève générale et au blocage des sites, face à une direction particulièrement dure et fermée à toute négociation, même formelle. Les rencontres de conciliation organisées par le Cabinet de la Ministre fédérale de l’Emploi n’auront hélas rien changé à l’intransigeance de la direction de la Brink’s. Le vendredi 12 novembre, celle-ci annonçait ainsi aux syndicats avoir fait aveu de faillite pour les sites belges de la société, qui représentent donc au total 450 emplois (une septantaine en Wallonie).

Il est évident que cette décision est arrivée comme un coup de massue sur les travailleurs. Ce choix de la direction semble aussi devoir « prouver par l’absurde » sa volonté de ne rien discuter ou concéder. Certains ont même évoqué la possibilité que la direction de la Brink’s ait refusé une conciliation tout simplement pour faciliter le licenciement du personnel sous statut ouvrier…

Dès lors, comme votre collègue du Fédéral, on ne peut évidemment que déplorer ce choix de la direction de déposer le bilan alors que des négociations pouvaient être reprises et que les syndicats avaient fait des propositions pour rencontrer les difficultés de l'entreprise. Au contraire, la direction de Brink’s a refusé ainsi de s’inscrire dans la logique de la concertation sociale qui régit le monde socio-économique belge.

Cela est d’ailleurs tellement vrai que le 15 novembre, le procureur du Roi a fait savoir qu’à ses yeux, il s’agissait ici d’un aveu de faillite « non recevable, prématuré et non fondé ». On le voit bien, on n’est pas très loin de parler de faillite frauduleuse… Quelle est votre analyse à ce propos ? Parallèlement, deux administrateurs provisoires ont aussi été nommés à la tête de Brink’s Belgium.

De votre côté, vous avez voulu être proactif, indépendamment de la possibilité du refus de la faillite. Vous deviez ainsi rencontrer les syndicats pour définir avec eux les modalités d’initiation d’un plan de reconversion au sein du Forem afin qu’une structure ad hoc soit rapidement opérationnelle pour accompagner de manière optimale les travailleurs vers un retour à l’emploi (et cela, sans pour autant préjuger d’une éventuelle reprise de l’entreprise toujours préférable, bien entendu).

  • Monsieur le Ministre, mes interrogations pourraient se résumer en celle-ci : quelle est la situation aujourd’hui ? Quelles sont les options actuellement sur la table pour assurer le meilleur avenir possible à la société et à ses travailleurs ? Quelles sont les prochaines échéances ? Avez-vous pu concrétiser ce plan de reconversion que vous envisagiez avec les syndicats ? Des contacts ont-ils déjà été pris avec les autres Régions concernées –notamment la Région flamande afin que cette dernière concrétise rapidement une cellule de crise, comme le lui impose l’accord de coopération en la matière ? Comment peut-on encore espérer sauver un maximum d’emplois, et, à défaut, comment comptez-vous accompagner la reconversion rapide et efficace de chacun des travailleurs touchés par cette faillite ?

Je vous remercie d’avance, Monsieur le Ministre, pour votre réponse et vos précisions.

Réponse de M. Antoine, Ministre du Budget, des Finances, de l'Emploi, de la Formation et des Sports


Je remercie l'ensemble des collègues qui m'interrogent. Évidemment, c'est vrai, chaque jour a apporté son lot d'actualité et je dirais, presque fort heureusement.

D'abord, je voudrais dire que dans un premier temps et très légitimement la question a été évoquée par ma collègue, Mme Milquet, puisqu'elle a en charge la conciliation sociale et il s'agissait bien là d'un conflit de travailleurs à l'égard des employeurs. Elle a même rencontré l'actionnaire américain pour que celui-ci revienne à la table des négociations, avec d'autres propositions, d'autres ouvertures. Malheureusement, rien de tout cela n'a abouti et nous nous sommes retrouvés dans une situation de blocage important.

Rappelons quand même qu'il y a là 450 travailleurs dont 57 sur le seul site wallon de Strépy et dès lors, craignant, c'était le week-end passé, qu'il y ait des licenciements, qu'il y ait une situation de faillite, et donc d'abandon du personnel, je me devais alors de prendre le relais de ma collègue, Mme Milquet, puisque nous avons en charge, ce qu'on appelle, les cellules de reconversion ou d'outplacement au niveau du FOREM que j'avais alerté pour se tenir prêt le cas échéant.

Ayant rappelé ces faits, je voudrais dire que l'entreprise s'est, comment dirais-je, curieusement comportée. Le mot est faible et j'ai moi-même, cela ne m'a pas valu que de réactions très heureuses, du reste, utilisé la même expression que M. Disabato à la télévision, j'ai dit qu'il y avait des entreprises qui se comportaient un peu comme des voyous dans le sens où on ne respecte pas les règles les plus élémentaires, des règles, du reste, j'ai presque envie dire, ancestrales pour notre pays, avec sa tradition de concertation sociale.

Il fallait le dire parce qu'il y avait là l'affrontement de travailleurs qui avaient beaucoup de dignité, qui défendent leur travail, leurs conditions, leurs perspectives de carrière et d'autres pour lesquels il n'y a même plus de répondants, parce que si on doit préciser les propos, ce que je vous dis là, c'est le fruit de rencontres que j'ai eu mercredi avec les trois délégations syndicales. Je pensais même le faire plus tôt, dès le lundi, malheureusement ou heureusement, c'est selon, il y avait les assemblées générales et puis les deux administrateurs se sont rendus à Strépy et donc, les rendez-vous ont été reportés de 24 heures en 24 heures, mais ils se sont tenus mercredi à mon cabinet, pour ce qui me concerne, et juste après, avec M. Julien Compère, chef de cabinet de M. Marcourt, pour la partie économie.

Et pas plus tard que ce samedi 8 heures, j'ai reçu avec M. Julien Compère toujours, les deux administrateurs provisoires, M. Zenner et M. Delvaux pour faire le point, je crois avoir maintenant une bonne vue de la situation puisque, entre-temps, une décision de justice était intervenue à l'égard de la déclaration de faillite qui a été, comme vous le savez, déclarée caduque puisque dans cette multinationale prestigieuse, eu égard au nombre de travailleurs occupés et son chiffre d'affaires à travers le monde, on peut quand même s'étonner que celles et ceux qui ont pris les décisions, toute une série de décisions, n'étaient plus mandataires pour le faire. Premier élément. Et nous ne sommes pas dans une asbl de quartier.

Deuxième élément, la comptabilité n'était plus disponible puisque vous le savez, toute la comptabilité se trouve aux Pays-Bas alors que la gestion de trésorerie est en Suisse.

Troisième élément, il y a eu des licenciements relativement conséquents au niveau de la direction avec des remplacements de cadre, mais qui, visiblement, ont pris des initiatives quelque peu curieuses, à tel point que nous n'avions plus vraiment d'interlocuteurs dignes de ce nom. C'est cela la difficulté et quand je parlais du comportement très curieux de l'entreprise, il faut quand même qu'il y ait un patron qui soit redevable d'explications, en tout cas, de justifications en la matière.

Notons aussi, cela c'est important, que l'entreprise n'a quasiment pas de dettes. Cela n'est pas négligeable. Elle n'a pas de dettes au niveau du précompte immobilier, elle n'a pas de dettes au niveau des créances particulières ou encore, de l'ONSS. On a une situation qui, à l'égard de créanciers privilégiés, c'est vraiment la première question que l'on pose, est assez saine. Autrement dit, et je vais le dire de plus net, les premiers créanciers sont les travailleurs. Or, vous le savez, l'entreprise dispose quand même d'actifs quand même relativement conséquents : différents immeubles et matériels d'exploitation dans notre pays. Voilà déjà un premier élément, non pas pour rassurer, mais d'informations extrêmement précieuses.

Ceci dit, l'entreprise n'a pour ainsi dire que trois clients, qui représentent 92% de sa clientèle c'est, BNP Paribas, c'est ING et c'est La Poste.

Ils sont très largement tributaires de ces trois clients.

J'ajoute que le secteur lui-même est très peu concurrencé. C'est d'ailleurs pour cela que j'avais aussi réagi comme Ministre des aéroports, c'est parce que deux sociétés Brink's et le Groupe 4, pour ne pas les citer, se partagent la quasi-totalité du marché, du véhicule, du gardiennage, des valeurs quelles qu'elles soient ou des bâtiments dans notre pays.

Ce qui fait que comme Ministre des aéroports, je ne m'en satisfaisais pas parce que cela va réduire d'autant notre propre capacité de concurrence. En cause, ce sont les difficultés de rentabilité de la société qui ne devaient pas apparaître pour l’actionnaire américain parce que les rapports qui étaient transmis par la Belgique n’indiquaient pas la réelle situation de l’entreprise.

Et donc, la perception que, pendant de nombreux mois, l’actionnaire américain a eu était plutôt une impression flatteuse de la situation belge par rapport à la réalité comptable. À cela s’ajoutent des facturations internes qui perturbent un peu le modèle avec cette fameuse facture qui est arrivée de 14 millions d’euros auprès de la société belge.

La contestation portait et porte toujours sur le statut. Qu’on se comprenne bien : ce n’est pas pour une question de traitement entre employé et ouvrier. En fait, ce dont il s’agit, c’est de flexibilité. En fonction bien sûr des marchés qu’ils conservent ou qu’ils obtiennent, vous devez adapter votre volume d’emploi. Et c’est évidemment plus “facile” de pouvoir licencier le statut d’ouvrier que le statut d’employé. Et de surcroît, excepté pour les mesures anticrise, l’ouvrier bénéficie de chômage économique, ce qui n’est pas le cas des employés.

Donc, le passage d’employé à ouvrier était en fait une variable d’ajustement du volume d’emplois. Ce que l’on connaît dans l’autre société, je tiens à le dire par correction.

Vous ajoutez à cela, et c'est humain, je ne le critique pas, que les travailleurs ont le sentiment que le statut d’employé est plus enviable, plus honorable que celui d’ouvrier et comme ils ont toujours été traités comme des employés, la mutation n’est pas simple à accepter y compris sur le plan psychologique. C’est un élément qu’il ne faut absolument pas sous-estimer.

J’ajoute enfin qu’il y avait des créances dues à Brink’s qui n’avaient pas été réclamées dans les délais. C’est aussi un peu curieux : c’est qu’à la fois, ils avaient des dettes, mais aussi des créances. Visiblement il n’y avait pas un grand empressement à faire payer celles et ceux à qui ils avaient presté des services.

Vous ajoutez à cela une activité particulièrement rentable chez Brink’s, qui est le transport de tout ce qui est valeur et bijoux à Anvers, qui elle est tout à fait rentable et qui a fait l’objet d’une décision de filialisation de Brink’s et d’une communication. Notre collègue Turtelboom a annoncé, dans un premier temps, une licence provisoire pour sauver une partie de l’emploi flamand et puis elle est revenue sur le terme provisoire et tout cela a évidemment amené une réaction très vive dans le chef des travailleurs qui avaient le sentiment qu’une Ministre quelle qu’elle soit, fédérale en l’occurrence de l’Intérieur, déjà anticipait l’évolution des discussions quant à l’avenir de la société.

Ce qui est certain, et c’était tout le travail et je leur rends un hommage appuyé, à MM. Zenner et Delvaux, parce qu’ils connaissent remarquablement bien leur métier et ils savent faire preuve de psychologie tant à l’égard des travailleurs qu’à l’égard d’une entreprise qui est assez défaillante.

Donc, le plus important, c’est de reprendre le travail parce que cela permettait bien sûr d’amener de nouvelles recettes et surtout de garder ses clients puisque ceux-ci ont dû faire appel aux forces de l’ordre pour une partie de leurs transferts de fonds dans des conditions financières toutes autres. Donc, à la fois ces sociétés avaient intérêt à repasser chez Brink’s, mais celle-ci avait aussi intérêt à garder sa clientèle pour que dans leur portefeuille d’activités, il y ait des clients à céder.

Premier élément, donc ça c’était toute la discussion sachant que la crainte des travailleurs c’est qu’ils ne peuvent avoir accès au Fonds de fermeture pour les éventuelles personnes qui ne seraient pas reprises, qu’en cas de faillite. Et donc, que la prolongation, le dispositif de la nouvelle loi tel qu’il est appliqué par MM. Zenner et Delvaux, ne leurs permet pas d’accéder au Fonds de fermeture. Ce qui veut donc dire qu’on devra passer le moment venu par une faillite pour permettre, si les conditions sont réunies, mais je crains qu’elles ne le soient, pour permettre le bénéfice du Fonds de fermeture.

Troisième élément, va s’engager une négociation maintenant de transfert de l’activité. Il n'y a pas beaucoup d’opérateurs disponibles. Reconnaissons cependant que la direction générale de Brink’s a facilité certains contacts. Je veux aussi être nuancé à leurs propos à l’égard d’éventuels repreneurs. C’est la direction Europe/Paris qui a joué le rôle d’intermédiaire. Donc, il y a là un repreneur qui s’appelle Loomis qui est un gros opérateur qui vient de Suède et qui, pour la petite histoire, le Groupe 4 est lui-même actionnaire. Donc, c’est un monde assez serré sur le plan mondial. Et alors il y a un deuxième groupe qui serait intéressé dont le nom m’échappe en sachant bien évidemment qu’il faudra vérifier dans les négociations combien de travailleurs va-t-on reprendre, à quelles conditions et à quel statut. Je crains que la troisième question ne repose problème.

Deuxième élément, il faudra obtenir de Brink’s, et il faudra y être attentif, qu’ils renoncent à toute forme de concurrence sur les marchés qu’ils avaient par une éventuelle filiale parce qu’imaginez que demain, par la filiale des bijoux, ils ne viennent concurrencer leurs propres agents transférés chez Loomis et chez Cobelguard. On aurait quand même là un vrai problème.

Donc il devra y avoir des clauses de renonciation de concurrence. Tout cela va prendre un certain temps et je crois que nous devrons voir plus clair d’ici fin de l’année, début de l’année prochaine quant au repreneur, quant aux conditions salariales, quant aux statuts concernés.

J’espère que le climat social très responsable, je tiens à le souligner, que j’ai pu percevoir dans le chef des trois délégués syndicaux principaux se poursuivra. Et que si d’aventure, malheureusement, il devait y avoir l’une ou l’autre perte d’emploi, je serai la roue de secours. C'est-à-dire que s’il y a des pertes, il faudra mettre au point le dispositif d’accompagnement des travailleurs de reconversion.

En ce qui concerne l’accord de coopération, c’est l’article 6 de cet accord qui est concerné : dès lors qu’il y a plus de 250 travailleurs concernés, dont au moins 50 dans une région, c’est la région dans laquelle il y a eu le plus de perte d’emplois qui doit mettre le comité de crise sur pied. En l’occurrence, c'est M. Muyters que j’ai appelé immédiatement le lundi pour lui dire que ce sera à lui de jouer. Il est vrai qu’entre-temps il y a eu d’autres évolutions qui ont amené à une annulation de la faillite. Qu’on se comprenne bien, essentiellement pour une cause formelle, plus qu’une cause de fond. La cause formelle étant qu’il n’avait pas la qualité pour déposer le bilan.

Je peux vous dire que tant M. Marcourt, enfin ses collaborateurs et moi-même avons convenu de nous tenir au courant très fidèlement tant auprès de la branche syndicale qu’auprès de MM. Zenner et Delvaux pour, le cas échéant, accompagner puisque nous sommes extrêmement sensibilisés à l’avenir du site de Strépy qui est évidemment pour nous l’enjeu fondamental pour le groupe même si nous sommes totalement solidaires des travailleurs flamands d’autant que cela rejoint la question de M. Crucke, il y a des travailleurs wallons qui travaillent dans les sites flamands. Là aussi je voudrais qu’on y soit attentif.

Voilà ! Rendez-vous dans les prochaines semaines pour un dossier assez curieux quand on le connaît de plus près, on peut quand même relever quelques anomalies pour le moins.


M. de Lamotte (cdH)


Je veux tout simplement remercier le ministre, pour le caractère complet de sa réponse et pour l'engagement qu'il a pris, même le samedi matin, dès potron minet, pour recevoir les uns et les autres.
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