La sécurité routière des seniors

 
Monsieur le Ministre,

Dans le cadre de la journée internationale des personnes âgées, une étude de VIAS s’est penchée sur la sécurité routière des seniors.
Les constats sont particulièrement inquiétants : jamais autant de plus de 65 ans n’ont été tués sur nos routes. On dénombre 169 décès de seniors l’année passée dans des accidents de la circulation.
Autre constat alarmant : le nombre de seniors blessés dans un accident survenu à vélo électrique a doublé ces quatre dernières années.
On constate également une forte augmentation du nombre d’accidents de nos aînés à motos (+168% en dix ans chez les motards de plus de 65 ans).

Monsieur le Ministre :
- Avez-vous pu prendre connaissance de cette étude ?
- Sur base de ces constats, entendez-vous avec votre collègue en charge de la sécurité routière mettre en place une politique de prévention spécifique pour les seniors ? Dans ce cadre comment coordonnerez-vous votre action ?
- Des concertations avec les associations représentatives des seniors seront-elles menées ?
- Envisagez-vous dans le cadre de vos compétences de réfléchir sur des aménagements spécifiques de nos infrastructures afin de les penser en faveur des déplacements de nos seniors ?

Je remercie d’avance, Monsieur le Ministre, pour ses réponses.

Réponse de la Ministre DE BUE  

Monsieur le Député, la Journée internationale des personnes âgées s'est déroulée ce 1er octobre, et je suis naturellement sensible à la sécurité des seniors.

Cependant, permettez-moi tout d'abord – vous l'avez vous-même évoqué – de resituer ces constats dans un contexte plus large. Si le nombre de seniors victimes de la circulation routière ne diminue guère, voire augmente pour certaines tranches d'âge, c'est partiellement dû au fait que la population des seniors augmente fortement et que les seniors sont nettement plus mobiles et usagers de la route qu'antérieurement.

Néanmoins, toutes les études relèvent une constante : la gravité plus élevée que la moyenne des blessures des seniors victimes de la circulation. En d'autres mots, les seniors subissent plus lourdement un choc et se rétablissent plus difficilement de leurs blessures qu'un enfant, un adolescent ou un adulte de moins de 65 ans.

La sécurité routière regroupe trois composantes : l'individu ou le conducteur, le véhicule et les infrastructures. Comme vous l'avez dit, pour ce qui relève des infrastructures, je dois collaborer étroitement avec mon collègue, M. Henry.

Dans le cadre de mes compétences exclusives, je pointerai deux éléments.

Tout d'abord, l'Agence wallonne pour la sécurité routière réalise des campagnes de sensibilisation pour le grand public, mais aussi pour des publics cibles. Par exemple : les motards, les cyclistes, les écoliers.

Dès lors, dans son plan de campagne 2020, je demande à l'AWSR d'également établir des campagnes de sensibilisation au public cible que sont les seniors.

Par ailleurs, je proposerai, en concertation avec l'AWSR, d'élargir ses missions afin qu'elle puisse réaliser également des actions de sensibilisation de terrain à l'occasion des nombreux et divers événements et festivités locales.

Vous savez probablement que la Région finance et organise des formations des écoliers et des jeunes à la sécurité routière. Cela se fait via des référents EMSR, éducation à la mobilité et à la sécurité routière, au sein des écoles, mais aussi via des policiers cellule « Éducation et prévention » en milieu scolaire.

Je peux déjà vous informer que nous travaillons à un projet plus ou moins similaire à l'adresse des seniors. Outre la prévention routière, cela offrirait une possibilité de se familiariser aux nouveaux modes de déplacement, comme le vélo à assistance électrique, mais aussi une possibilité de s'informer à l'évolution du Code de la route. Les associations représentatives des seniors seront naturellement concertées dans le cadre de ce projet.

Deuxièmement, dans le cadre des campagnes de sensibilisation à l'adresse des seniors, je désire mettre en avant les bienfaits de la mobilité active : la marche à pied, le vélo avec ou sans assistance électrique, et cetera.

En effet, une activité physique régulière et quotidienne est un élément important pour l'entretien de sa condition physique et donc de la santé des personnes. De plus, ces modes de déplacement correspondent à une mobilité douce, propice à une vie urbaine et aussi à une vie plus durable.

Merci pour votre question et votre attention.

Réplique du Député ANTOINE 

Monsieur le Président, je prends acte avec satisfaction de la prise en considération par la ministre des chiffres avancés par Vias de la réalité des accidents. Moi-même, j'ai évoqué le nombre et la vitalité des seniors qui le justifie.

En conclusion, je voudrais vous soumettre une dernière suggestion : le recours à Pro Vélo, qui a fait des merveilles, notamment pour les plus jeunes en leur donnant ce fameux brevet qui leur permet d'être autonomes sur la voie cyclable. Connaissant l'expertise de Pro Vélo et leur ancrage sur le terrain, il ne serait pas malvenu qu'il y ait des cycles – c'est le cas de le dire – qui soient réservés aux seniors, que ce soit des vélos à assistance électrique ou non. Ce serait bien perçu par les aînés et cela permettrait à Pro Vélo de toucher de nouveaux publics.